La victimisation tourne au grotesque. Le média ultra-progressiste Brut vient de découvrir une nouvelle discrimination. Selon l’écrivain Julien Dufresne-Lamy, l’homme chauve serait, lui aussi, une victime.
Vous redoutez un grand déclassement de la France de l’après Covid? Vous aimeriez que l’on festoie dignement le bicentenaire de la mort de Napoléon Ier? Ou encore, votre cœur saigne à chaque manifestant froidement assassiné par la junte birmane? Éteignez-tout, le vrai problème est ailleurs…
Dans une interview pour Brut, Julien Dufresne-Lamy, ancien étudiant à l’École normale supérieure de Lyon, revient sur son « traumatisme », et déplore que « les gens aujourd’hui ne considèrent pas ça comme une violence, comme une blessure ». Il y aurait donc plusieurs dizaines de millions de « traumatisés » en France, il faudrait demander aux rescapés du Bataclan ce qu’ils en pensent. Car la calvitie n’a rien de marginal: un quart des hommes de France était concerné par cette « violence » en 2015, selon l’IFOP, un tiers chez ceux de plus de 65 ans. Pis que ça: trois Français sur quatre non atteints de calvitie déclarent perdre leurs cheveux, un taux qui a grimpé en flèche par rapport à 1990 (44%)
Je ne me baigne plus pendant dix ans
Bientôt une épidémie de chauves? Ce sera sans Julien: « le chauve reste toujours un sous-homme, en tous cas il ne représente pas la puissance masculine », assure notre Caliméro blessé dans son égo depuis ses 22 ans. Ce jour-là, il réalise « cette vérité-là avant d’aller à la fac »: son caillou se clairsème. « Une conséquence des excès de jeunesse ou de la conception de grandes pensées », analysa Flaubert, qui déplora son alopécie précoce à trente ans auprès de son ami de jeunesse, le magistrat Ernest Chevalier en ces termes: « tu me dis que tes cheveux blanchissent, les miens s’en vont. Tu retrouveras ton ami à peu près chauve. La chaleur, le turban, l’âge, les soucis peuvent bien être la cause de cette sénilité précoce du plus bel ornement de ma tête ». Il publia Madame Bovary quelques années plus tard.
A lire aussi: Drôle de mec!
Pour sa part, Julien Dufresne-Lamy a décidé de prendre les devants dès sa jeunesse normalienne: il passe alors 30 à 45 minutes tous les matins à se mettre du gel, il évite les stations de métro ventées et, plus étrange, il ne se « baigne plus pendant dix ans »! Si vous vous attendez à voir un Michel Blanc, un Louis de Funès ou, Mesdames, un Bruce Willis ou même un Sean Connery -lequel portait une perruque pour incarner James Bond- vous serez déçu. Julien n’est pas chauve du tout, il s’est fait faire des implants capillaires. « En fait, j’ai remédié à ce problème », admet-il un peu gêné, « pour ne plus avoir la silhouette du chauve désigné », argue-t-il.
Une victimisation qui défrise!
Rappelons à notre grand écorché que chaque année, plus de 150 000 personnes meurent d’un cancer en France, et que pour cela il n’y a pas de « remède ». Ce qui ne l’a pas empêché de relater ses malheurs dans Antichute, un récit que vient de publier Flammarion. Alors qu’il peut se prévaloir d’avoir déjà dix romans à son actif, l’écrivain nombriliste risque-t-il de laisser des plumes dans cette sortie médiatique? Après une avalanche de commentaires pour le moins sans empathie, et pour certains franchement hostiles à son égard sur la page Twitter de Brut, le magazine a fait disparaître le tweet relayant l’entretien. Julien Dufresne-Lamy semble envier les cheveux crépus d’Alexandre Dumas, la crinière de Samson -peut-être même se rêve-t-il en chevalier bellâtre aux cheveux longs courtisant dames de bonne famille avec des poèmes au Moyen-Âge. Qu’il nous ponde donc un roman sur ce sujet! Les sanglots narcissico-victimaires en public ne sont qu’un symptôme de plus de l’affaissement de notre société. Il ne manquait plus que les chauves s’y mettent…
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !