Je m’étais juré de la fermer. C’est vrai, taper sur la fête des femmes, sur Paris plage ou sur Jean-Vincent Placé, c’est facile, vaguement marrant mais ça finit par lasser. Au réveil, espérant quelques perles pour mon usage privé, j’ai un peu trompé Guillaume Erner avec Patrick Cohen (les droits des femmes, c’est pas fait pour les chiens, hein….). Eh bien rien au journal de 7 heures de France inter et à 7h50, Clémentine était très en colère, mais c’était à propos de la loi El Khomri, elle en a même oublié le Chipie’s day. Ils ne sont pas en forme à France Inter. Finalement, je rends grâce à Guillaume Erner vers qui je suis retournée. Ce matin, il avait invité un homme de mode, je suis sûr que c’était exprès, parce qu’il sait bien que nous-les-filles, on adore parler fanfreluches. D’ailleurs, il paraît qu’il a reçu plein de mails pour l’engueuler pour ce choix sexiste. En vrai, il a beaucoup été question d’habits de garçons, mais l’intention y était. Sinon, je ne m’y attendais pas, je me suis fait sermonner par Le Figaro, qui nous explique pourquoi c’était très mal de se moquer du 8 mars (mais rappelle que, tout de même, ce n’est pas obligatoire).
Mais n’ayez crainte, il ne m’a pas fallu très longtemps pour tomber sur les habituelles litanies de tous les malheurs qui s’abattent sur nous-les-femmes. Attention, je ne veux pas minimiser : violences conjugales, écarts de salaires, chantage sexuel, tout cela existe. Sauf que dans nos sociétés, tout cela est hors-la-loi. Le gros porc qui met la main aux fesses de ses subordonnées n’est pas seulement un délinquant passible de sanction, il est l’objet du mépris général. L’ennui, c’est qu’un certain féminisme ne se contente pas de l’égalité des droits. Il prétend désormais régenter les rapports entre les hommes et les femmes et imposer dans les alcôves les procédures de la démocratie. Charmant, mais si vous n’aimez pas les troubles et les guerres de l’amour, n’en dégoûtez pas les autres.
Cette année, on a droit à une petite polémique amusante parce que l’ONU s’est emmêlé les pinceaux, en parlant des « droits de la femme ». Les salauds, vous vous rendez compte, les droits de « la » femme, comme s’il y avait une essence féminine. Et s’il nous plait à nous de penser que les hommes et les femmes ce n’est pas pareil et de jouer à Cro-Magnon qui chasse l’auroch pendant que Cro-Mignonne s’occupe du mouflet, ça regarde qui ?
Cologne est passé par là
Il faut dire que, cette année, il y a aussi eu Cologne et que ça a réveillé quelques joyeuses luronnes que l’ami Marco Cohen nous a présentées. Malgré le grand noyage de poisson sur le thème « le patriarcat n’a pas de couleur », beaucoup de féministes conséquentes comprennent qu’il est indécent de tracer un signe d’égalité entre ce qui est une déviance ici et la norme là-bas. Les sociologues imbéciles disent que c’est « culturaliste » de voir que toutes les cultures ne sont pas identiques. Il est pourtant difficile de nier aujourd’hui que le premier symptôme de « la maladie de l’islam », c’est sa difficulté, avec l’égalité des femmes, donc avec leur liberté, sexuelle au premier chef.
Donc, peut-être qu’on en a fait un peu moins que d’habitude sur le 8 mars, mais en fouinant, vous trouverez des centaines d’articles sur les turpitudes de la gent masculine dans nos contrées. Ils trustent les places, ils nous exploitent, ils nous font des compliments (pas assez à mon avis, mais bon). Sans parler des pubs sexistes et des regards graveleux. L’ennui, c’est que ce récit, bien véridique — même si la rééducation des mâles est en bonne voie (non je dis ça pour vous taquiner) —, on y a droit tous les jours. Alors, une question me taraude. Il a fallu quelques millénaires aux hommes pour comprendre qu’on n’offrait pas une sorbetière à la fête des mères, combien de temps faudra-t-il pour qu’on arrête de nous infliger chaque 8 mars le récit de l’existence misérable promise à une femme-dans-un-monde-d’hommes ?
D’abord, c’est idiot, car comme l’a écrit Sollers « le monde appartient aux femmes, c’est-à-dire à la mort. » Et puis imaginez le sort d’un homme dans un monde de femmes, il y a vraiment de quoi avoir les jetons. Alors les gars, pour une journée, arrêtez de pleurnicher sur notre sort et de nous regarder avec de grands yeux coupables. Il paraît que sur je ne sais quel site gouvernemental, on explique aux garçons qu’il ne faut pas confondre avec la Saint-Valentin et se pointer avec un bouquet. N’écoutez pas ce conseil idiot. C’est la Sainte Gonzesse : offrez-nous des fleurs !
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