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Journée de l’Europe: notre jeunesse mérite une Union conquérante dans la mondialisation

Une tribune de Laurence Arribagé, ex-députée LR


Journée de l’Europe: notre jeunesse mérite une Union conquérante dans la mondialisation
Jeunes étudiants à la fête de l'Europe, Le Mans, 13 mai 2017. Sipa. Numéro de reportage : 00835958_000004.

Nous sommes le 9 mai, c’est la « journée de l’Europe »: l’occasion pour Laurence Arribagé, ex-députée LR et adjointe au maire de Toulouse, de réaffirmer ce à quoi devrait aspirer l’Union européenne.


Lorsqu’il y a soixante-huit ans jour pour jour, le 9 mai 1950, Robert Schuman débuta son discours du salon de l’Horloge qui allait devenir l’acte fondateur de la construction européenne, en rappelant que « la contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien de relations pacifiques », sans doute n’imaginait-il pas que près de sept décennies plus tard, ce message soit autant d’actualité.

Divergences entre Etats membres

Si tout conflit sur le continent européen semble aujourd’hui inenvisageable, donnant sens à la volonté du ministre français des Affaires étrangères d’alors de rendre toute nouvelle guerre « non seulement impensable, mais matériellement impossible », force est de constater que les divergences entre les États membres nuisent aujourd’hui à l’action internationale de l’Union européenne et à son poids face aux autres grandes puissances.

Pourtant, 68 ans après cette déclaration, le succès de cette aventure n’est plus à démontrer. La paix sur notre continent est devenue notre horizon naturel et la libre-circulation des personnes et des biens a élevé notre prospérité collective. À travers la Politique agricole commune (PAC), le programme d’échange d’étudiants et d’enseignants « Erasmus », ou encore les fonds structurels, nos concitoyens appréhendent l’impact concret et positif de l’Europe. L’Union européenne s’élève au rang de première puissance exportatrice au monde et l’euro a acquis la seconde place en monnaie d’échange : de tout cela, nous devons être fiers.

Un cinglant message aux élites

Toutefois, les succès passés et contemporains ne doivent pas nous éloigner de tout regard critique, tant les récentes élections ou autres référendums locaux ont envoyé un cinglant message aux élites. Les symptômes sont connus de tous : l’éloignement des citoyens, la perception d’une eurocratie bruxelloise qui décide dans le dos des peuples et une production réglementaire incompréhensible. Sachons être lucides et entendre que la sensation d’une Europe naïve et passive dans la mondialisation et son incapacité à réagir lorsque des crises frappent à notre porte constituent un terreau aussi fertile que dangereux pour les populismes de tous bords.

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Face à ces apprenti-sorciers qui agrémentent de mensonges leur tambouille populiste, il est de notre responsabilité de réorienter la construction européenne, pour promouvoir une Europe concrète, une Europe des résultats, une Europe qui protège et qui prospère. À Toulouse, où j’ai l’honneur d’être Adjointe au Maire, nous savons plus qu’ailleurs qu’en matière industrielle, l’action européenne permet d’atteindre des résultats qu’une nation seule ne saurait réaliser : Airbus ou l’aventure spatiale en sont de très belles illustrations.

La coopération renforcée entre États partageant un intérêt commun au service d’une ambition collective est un levier majeur pour bâtir un nouveau souffle. C’est, comme le dit si bien Robert Schuman dans sa déclaration du 9 mai 1950, à travers des « réalisations concrètes, créant d’abord une solidarité de fait », que l’Europe deviendra de nouveau cette formidable aspiration dont l’existence contribue à la fierté des peuples qui la composent.

Imposons nos valeurs face aux GAFA

Au-delà de la paix – pour importante qu’elle soit –  il nous faut également trouver de nouvelles raisons de travailler ensemble, pour peser dans la mondialisation, s’affirmer face aux autres puissances, imposer nos valeurs face aux GAFA et équivalents chinois. En matière de recherche, sur le numérique, l’intelligence artificielle, les biotechnologies, la politique énergétique et climatique, la politique commerciale, la politique de développement, et sur tant de ces grands sujets, la plus-value européenne est indéniable.

En ce sens, la politique européenne de Défense apparaît comme une réponse cohérente aux défis que nous impose un monde de plus en plus incertain, entre le retour de l’isolationnisme américain, une politique étrangère chinoise de plus en plus belliqueuse, et l’émergence de nouvelles puissances régionales comme l’Inde ou le Brésil.

Il est ainsi essentiel de doter le nouveau Fonds Européen de Défense d’un budget fort : en soutenant des projets de recherche de défense paneuropéens conçus pour assurer l’avancée technologique de l’Europe, asseoir ses futures capacités de défense et favoriser une industrie de la défense européenne plus compétitive et innovante. C’est l’autonomie stratégique de notre continent qui sera préservée et accrue. En outre, l’ambition d’envisager à terme un quartier général opérationnel pour les unités européennes, s’apparente à une volonté affichée de la part des États membres de parler enfin d’une seule et même voix en matière de défense et de maintien de la paix, que nous devons encourager.

La baisse du budget de la PAC est inacceptable

Parce que l’Europe que nous voulons doit être au service de l’ensemble des citoyens européens et des territoires, il est par ailleurs vital que les zones rurales et le secteur agricole européen ne soient pas sacrifiés sur l’autel des autres politiques européennes. A cet égard, les baisses drastiques annoncées par la Commission européenne pour le budget de la PAC (-10% !) sont inacceptables. Faillites d’exploitations en cascade, territoires ruraux désertés, une souveraineté et une sécurité alimentaire mises à mal, tels seraient les effets désastreux d’un tel coup de rabot. Parce que « L’Europe qui protège » que nous appelons de nos vœux concerne aussi nos agriculteurs, j’en appelle à un sursaut collectif rapide de la part de nos dirigeants, pour redonner confiance aux acteurs de cette filière.

Sachons par ailleurs appréhender les failles existantes avec pragmatisme comme en matière migratoire où nous ne pouvons plus rester au milieu du gué. Nos frontières extérieures ne peuvent être correctement protégées par une agence (Frontex) qui n’est aujourd’hui pas dimensionnée et compétente pour remplir ces fonctions.

Pour un droit d’inventaire

Enfin, osons poser la question des compétences et du périmètre d’action des institutions de l’Union européenne pour en réduire l’inertie. Notre responsabilité, en vue des prochaines élections européennes, sera de mener un travail d’inventaire sur les pans de politiques communautaires qui ont suscités des excès de réglementation. Je pense à nos agriculteurs, à nos artisans, à nos chefs d’entreprise.

Il revient à nous, Républicains, de nous emparer de ces sujets et de fuir les consultations de façade aux résultats vides de sens. De la même façon, il est urgent de mettre fin à cette passion franco-française de « surtransposition » des normes européennes dans notre droit national. Organiser un niveau de contraintes supérieures à celles demandées par l’Union européenne, quelle erreur ! Ayons là-aussi le courage de balayer devant notre propre porte.

En marche bien seul

Pour provoquer et faire vivre ce nouveau souffle européen, les sujets ne manquent pas et je crois profondément que c’est à la jeunesse et à la nouvelle génération de s’en emparer sans attendre que l’on daigne les leur confier. Que cette génération s’unisse pour lutter contre l’incompréhension et l’indifférence qui dominent trop largement à l’égard des sujets européens.

Notre jeunesse mérite mieux que les fausses consultations citoyennes d’un gouvernement enlisé dans une solitude certaine sur la scène européenne. « En marche », mais seul. En ce 9 mai, faisons confiance à la jeunesse de France pour être à l’avant-garde de ce nouveau souffle européen que nous construirons à ses côtés !

Le destin de l'Europe

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est ancienne députée LR de Haute-Garonne et adjointe à la mairie de Toulouse.

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