Edouard du Peloux est directeur opérationnel de l’Institut libre de journalisme. En 2018, pour œuvrer au pluralisme dans les médias, il quitte son métier de consultant en finance et stratégie dans le secteur bancaire, pour lancer l’Institut libre de journalisme (ILDJ) avec deux journalistes, Louis Daufresne et Jean-Baptiste Giraud. Entretien.
Causeur. Qu’est-ce qui distingue l’Institut libre de journalisme des autres formations en journalisme ?
Edouard du Peloux. Notre enseignement est tourné vers la réalité des faits. Nous voulons former des journalistes qui, pour paraphraser Charles Péguy, disent ce qu’ils voient et ce qui est plus difficile voient ce qu’ils voient. Nous nous démarquons des nombreuses écoles de journalisme, où le conformisme règne, par le sens que nous donnons à la recherche de la vérité des faits et par nos cours de culture générale qui permettent de prendre du recul sur l’actualité.
Le format est aussi original puisque nos étudiants se forment en parallèle de leurs études ce qui leur donne une double compétence. C’est un atout pour leur future carrière de journaliste.
75% des Français ne croient pas à l’indépendance des journalistes
Notre ambition est de devenir une réelle alternative aux écoles de journalisme existantes et d’œuvrer au pluralisme dans les médias.
N’y-a-t-il pas plus de pluralisme dans les médias qu’il y a cinq ans ?
Si on parle des chroniqueurs, effectivement une parole qui sort du discours ambiant a pu émerger, mais elle reste minoritaire et ce sont toujours les mêmes. Ils ont besoin de renfort.
Si on parle des médias généralistes, la majorité des journalistes sur l’économie, les sujets d’identité, les débats sociaux ou sociétaux, ou désormais la crise sanitaire, pensent la même chose. La manière dont ils traitent l’information est influencée par leur milieu d’origine, leur éducation, leur formation, etc. Surtout, ils sortent des mêmes écoles de journalisme. Ce n’est pas un reproche mais un constat. C’est normal. L’objectivité dans le journalisme n’existe pas.
Ce qui compte c’est, au-delà de la maîtrise technique, d’être honnête intellectuellement et d’être attaché à la réalité des faits. Mais parfois, le réel semble édulcoré, voire nié, par certains pour correspondre à ce qui a le droit d’être dit.
Comment s’organise la formation à l’ILDJ ?
La formation est dispensée en sept week-ends de cours de techniques journalistiques.
Les étudiants vivent en conditions de rédaction : de la conférence de rédaction le matin à la publication de l’article, la mise en ligne de la vidéo ou le flash info radio le soir. Entre les week-ends, les étudiants ont des travaux de groupe, écrivent des articles ou réalisent des vidéos. Nous leur faisons rencontrer aussi de nombreux journalistes et les accompagnons dans leurs recherches de stages ou de contrats.
Quels sont vos rapports avec les médias, notamment pour y placer des étudiants ?
En entendant parler de notre formation, de plus en plus de rédactions nous contactent. Elles apprécient le profil « non conformiste » de nos étudiants capables de sortir des idées convenues, pour proposer des angles de reportages originaux. Les rédactions nous font confiance. En deux ans, sur 50 étudiants qui ont suivi notre formation, 18 sont journalistes actuellement. Et 24 le deviendront d’ici quelques mois à l’issue de leurs études.
Les étudiants en école de journalisme sont massivement à gauche ou progressistes. Y a-t-il une place dans ce métier pour des personnes qui ne partagent pas ces idées ?
Oui, et certaines rédactions s’en rendent compte. D’après le baromètre des médias Kantar La Croix 2020, 41% des Français s’intéressent assez faiblement à l’information et 75% des Français ne croient pas à l’indépendance des journalistes. Ceci s’explique grandement par le manque de diversité d’opinions parmi les journalistes qui empêchent de nombreux Français de se sentir représentés dans les médias. En œuvrant au pluralisme dans les médias, notre école souhaite contribuer à rétablir la confiance entre les journalistes et les Français.
Les candidatures pour l’année 2020/2021 sont ouvertes. Pour postuler à l’Institut libre de journalisme, envoyer un CV à contact@ildj.fr avant le 10 octobre.
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