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Marché de dupes

Analyse de la victoire de Joe Biden, candidat des élites mondialisées...


Marché de dupes
Joe Biden en 2008 © Paul Sancya/AP/SIPA Numéro de reportage: AP20754467_000001

 


Alors ça y est, ils l’ont fait. Cette fois, ils ont mis le paquet. Ils ont dégagé Donald Trump, enfin. Ils peuvent recommencer à mondialiser, à faire de la trottinette, travailler sur les utérus artificiels, se moquer des classes populaires qui, décidément, ne veulent pas admettre qu’elles doivent disparaître.


Trump n’avait jamais été leur Président. Quatre années durant, ils ont mené une guérilla intellectuelle, morale, publicitaire, juridique permanente. Ils avaient avec eux presque tous les médias, Wall Street, les universités, Hollywood, la Silicon Valley, presque tous les juges, les instituts de sondage, les GAFAM ; pourtant, ils ont failli perdre, une seconde fois. Sans la Covid-19, on les aurait vu pleurer, encore. Ils vont réécrire l’histoire ; ils le font déjà, prétendant que c’était écrit, que le Progrès devait l’emporter contre l’obscurantisme, le racisme, l’inculture, la facilité. Voyez comme ils sont contents, à New York, Paris, Berlin, Londres ; Dark Vador est tombé ; dans tout l’Empire, ils festoient, avec de la bière sans alcool. En plus, rendez-vous compte, le vice-président est une femme, et noire en plus ! C’est « historique ». Communiez, habitants du « monde libre » ! Dites merci à l’Amérique qui, une fois de plus, nous montre le chemin vers la Lumière, la Vérité. De la propagande ? Quelle propagande ? Des fraudes ? Quelles fraudes ? Si vous doutez, c’est que vous êtes de très mauvais perdants ; et si vous insistez, c’est que vous êtes des complotistes. Mais ils vont s’occuper de vous, ne vous inquiétez pas. C’est l’heure de la revanche.

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N’ayez pas peur!

En être réduit à soutenir Donald Trump… C’est le génie des progressistes : ils sont tellement insupportables que, pour les arrêter, ne serait-ce que les contenir, on en vient à espérer la victoire d’un magnat de la finance, un type dont la vulgarité ferait passer Patrick Sébastien pour la baronne Staffe. En 2016, il les avait bien eus, d’abord en remportant les primaires du Parti républicain, ensuite en battant Hillary, ses compétences, son mépris de classe, ses conférences à plusieurs centaines de milliers de dollars, et son regard de loutre sous coke. Un seul débat, disaient-ils alors, révélerait la supercherie. Les « deplorables » retourneraient jouer du banjo dans leurs caravanes miteuses du Wisconsin. Souvenez-vous de leur effroi, de leurs larmes, à l’instar de celles de notre Laurence Haïm, quand, sur la carte de l’immense Amérique, le rouge avait fini par dominer le bleu. Sur le plateau de Quotidien, ils pleuraient aussi. Ils ne voulaient pas y croire. Comme en 2005, chez nous. Comme le soir du Brexit. Ils ont compris, depuis : c’est à cause des fake news. On veut faire « peur » aux gens. Alors qu’il n’y a aucune raison, n’est-ce pas. Tout va très bien. Il faut vraiment n’avoir que trois neurones pour penser le contraire. Vous ne voyez pas ce que vous voyez, vous n’entendez pas ce que vous entendez. Arrêtez donc de croire que vous avez une culture, une nation, un pays ; reprenez-vous et venez, allez, venez participer à l’érection du gouvernement mondial, avec Soros et Greta. Avez-vous marché « pour le climat », au moins ? Non ? Vous avez eu tort, c’est tellement « sympa » ; vous auriez pu rencontrer des plumeaux qui vous auraient expliqué comment faire pousser des laitues à Paris. Le djihad ? Quel djihad ? Les Gilets jaunes ? Quels Gilets jaunes ? La violence ? Quelle violence ? On disait déjà cela au temps des « blousons noirs », vous savez. Vos « sentiments » vous trompent. Et puis Socrate, hein, il disait, lui aussi, déjà, que la jeunesse athénienne partait en sucette. Rien de nouveau, remugles de vieux cons qui ne veulent pas comprendre que le monde évolue, s’améliore malgré eux, parce que c’est acquis, hein, plus on avance, mieux c’est, même si, en cours de route, ça pique un peu. En marche, ou crève ! Trump, ce crétin de Trump, eh bien, il avait su fédérer sur son nom le vieux peuple américain, l’Amérique WASP, qui avait tout de même de bonnes raisons d’être fière d’elle, ayant fait, en moins d’un siècle, d’une ancienne colonie la première puissance mondiale, et de loin. Face aux calculs d’un Parti démocrate qui s’était livré à tous les lobbys minoritaires, diversitaires, Nike Air, Trump avait fait don de sa personne – très contestable, j’en conviens – afin de ralentir, un peu au moins, la course folle vers le rien, la catabase que les élites, toutes les élites des pays dits développés et en voie de le devenir rejoignent avec un enthousiasme digne d’un Versaillais allant faire oraison à sept heures un dimanche matin. C’était, Trump, un signe de contradiction, un baroud d’honneur face à, comme chez nous, ceux qui s’enorgueillissent de vomir sur leur propre drapeau, de dénoncer leur père, de se mettre à genoux devant ceux qui veulent les soumettre. Qu’il fut mauvais, pas à la hauteur de la fonction n’y change rien ; de toute façon, ce n’est pas tant ce qu’il était mais ce qu’il incarnait qui « posait problème » au système. 

Les médias entérinent la victoire de leur candidat

Du début à la fin, sa présidence aura été contestée par ses opposants. Pas un mois sans qu’on ne remette en cause sa légitimité. Il y eut l’affaire russe. Il y eut les interminables pleurnicheries devant le Mur. Il y eut les tripotages du juge Kavanaugh. Il y eut une tentative d’impeachment vouée à l’échec mais lancée quand même, sous la houlette de Nancy Pelosi et son sourire de prof d’université sadique. Et,  plus récemment, Amy Coney Barrett que les Démocrates trouvaient trop chrétienne pour siéger à la Cour Suprême à la place de Ruth Bader Ginsburg, la Taubira de Brooklyn, impitoyable séide de Big Mother. Ah ! et puis George Floyd, BLM : nous sommes tous les Afro-Américains, il paraît. Tout le complexe médiatico-industriel, des deux côtés de l’Atlantique, s’est échiné à pourrir cette présidence qui bridait ses rêves de grande partouze multiculturelle. L’économie américaine s’était franchement redressée ? Quelle importance ? Pour une fois, les Etats-Unis ne jouaient pas, ou en tout cas beaucoup moins, au gendarme du monde ? Et alors ? Trump devait être puni, et avec lui ses électeurs, ces ploucs qui ne voulaient pas comprendre que l’histoire, pardon, l’Histoire les condamnait à ses oubliettes. Vous avez vu comme ils étaient à nouveau inquiets, la semaine dernière ? Tous nos éditocrates californiens à passeport français ? Ploucland faisait de la résistance ! Mais, grâce à Dieu, enfin celui du vote par correspondance, le sénile Biden, qui ne sait même plus que son fils Beau est décédé, a mis fin au « cauchemar » des bien-pensants, des bien décidés, quitte à mentir et à tricher, à dégager manu militari celui par qui le scandale est arrivé. 

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Les « recomptages » sont en cours, la victoire de Biden n’est en rien officielle, et pourtant tous les médias font comme si elle l’était. Les juges, tous, préféreront passer outre plutôt que de créer une instabilité. La vérité des urnes comptera moins, à leurs yeux, que celle d’une Amérique réconciliée sur le corps des « deplorables ». Soit. Que cela nous serve leçon, à nous aussi : avec les progressistes, ce n’est pas le « débat » que nous devons prôner. Eux, ils ne s’en embarrassent que lorsqu’ils sont sûrs de le gagner. Sinon, ils cognent. Jusqu’à quand accepterons-nous ce marché de dupes ?  

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Nicolas Lévine est écrivain

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