Joe Biden comme Emmanuel Macron sont certes élus, mais confrontés à une opposition massive et populaire de perdants de la mondialisation.
The Americans have chosen their President. Congratulations @JoeBiden and @KamalaHarris! We have a lot to do to overcome today’s challenges. Let’s work together!
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 7, 2020
La confirmation de l’élection de Joe Biden est tombée samedi à 17h35 après l’annonce de sa victoire en Pennsylvanie. Et même si les recours de Donald Trump ne sont probablement pas terminés, il y a fort à parier que Joe Biden sera bien le 46ème locataire de la Maison Blanche. Cependant, pour revenir chez nous, les concomitances entre la présidentielle française de 2017 et la présidentielle américaine de 2020 sont flagrantes.
Dans Paris intra-muros, Emmanuel Macron avait récolté 89,68% des suffrages tandis que Joe Biden a obtenu 93,3% des suffrages à Washington DC
Les candidats des médias
Tout d’abord c’est le candidat des médias qui a gagné dans les deux cas de figure. Tous les grands médias, à l’exception de Fox News, avaient choisi Biden comme tous les médias français avaient choisi Macron il y a trois ans. Si vous ajoutez l’entreprise de démolition de leurs adversaires, Trump aux États-Unis, Fillon avant le premier tour et Marine Le Pen au second tour, on peut dire que dans les deux cas de figure les médias ont joué un rôle clef dans les deux élections.
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On peut aussi constater que les deux Présidents élus, malgré un soutien médiatique total, n’ont pas bénéficié d’un raz de marée. La vague bleue promise aux États-Unis n’a pas eu lieu, la différence se faisant de peu dans certains états clefs, et le Sénat restant aux mains des Républicains tandis qu’en France Emmanuel Macron a été élu avec seulement 18,19% des inscrits au premier tour et 43,61% au second. Vu les circonstances, les deux ont été élus mais mal élus.
Ces élites qui méprisent les perdants de la mondialisation
Du point de vue de la sociologie des votes, la ressemblance est encore plus flagrante.
Les gagnants de la mondialisation, situés sur les côtes américaines ont massivement voté Biden. Les perdants, situés dans le centre – dans l’Amérique périphérique comme il y a la France périphérique – ont massivement voté Trump. En 2017, Marine Le Pen est arrivée en tête dans les zones désindustrialisées comme le nord ou l’est de la France. Ironie de l’histoire, dans Paris intra-muros, Emmanuel Macron avait récolté 89,68% des suffrages tandis que Joe Biden a obtenu 93,3% des suffrages à Washington DC. Sociologiquement, aux États-Unis comme en France, et contrairement à ce qui se passait durant les « Trente glorieuses », les prolos votent désormais à droite et l’upper class à gauche. Et dans les deux pays, ces deux composantes ne se parlent plus, ne se connaissent plus, ne se fréquentent plus. Pire, les élites méprisent plus que jamais les perdants de la mondialisation, Hillary Clinton ayant qualifié les électeurs de Trump de « déplorables » il y a quatre ans tandis qu’Emmanuel Macron a qualifié de « lépreux » ses adversaires « populistes » (les guillemets à populistes s’imposent).
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Bref, les fractures sont béantes des deux côtés de l’Atlantique et on peut légitimement craindre des violences dans les jours qui viennent aux États-Unis, les armes à feu chez les particuliers se comptant en millions. Et à moins d’un an et demi de la présidentielle française, on peut également craindre que ce pays ignoré par ses élites, et qui a déjà crié son mal-être au début de la crise des gilets jaunes, tombe dans le désespoir si jamais un grand changement n’avait pas lieu en France.
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