Le député de la 6e circonscription des Français établis hors de France a quitté la macronie en 2018, estimant que le législatif n’est pas là pour être à la botte de l’exécutif. Depuis, il est un électron libre, très populaire notamment auprès des jeunes. Il a un temps été tenté par Eric Zemmour, mais l’histoire a tourné court. Alors qu’il se présente en indépendant et n’attend plus grand chose de ses anciennes relations politiques, il lâche à Causeur des révélations corsées. Entretien.
Causeur. Quel bilan tirez-vous de ces cinq années de députation ?
Joachim Son-Forget. Je suis globalement content de ce que j’ai fait, parce que j’ai tenu ma promesse électorale principale. Déjà, pour les Français de Suisse, il y avait une question de niche, une question d’abattement fiscal, que j’ai réussi à obtenir, et c’était difficile. On a réussi à l’obtenir sur le deuxième projet de Loi de finances. Deuxièmement, moi, ma grande passion, ce sont les sujets humanitaires, les conflits internationaux, les questions de défense, de forces spéciales. J’ai beaucoup travaillé ces sujets, tout le monde sait que je suis sérieux et utile. J’ai même mené des négociations de premier plan et importantes sur certains dossiers comme la Corée du Nord ou la Syrie, et dernièrement l’Ukraine, officiellement ou officieusement. Sur la partie politique politicienne, qui est celle que j’affectionne le moins, je suis content aussi parce que j’ai respecté ma deuxième promesse qui était d’être indépendant vis-à-vis de l’exécutif. Le législatif n’est pas là pour être à la botte de l’exécutif. Un député doit être bienveillant s’il fait partie d’une majorité, mais même quand il fait partie d’une majorité il doit être vigilant quand il y a des sujets qui sont abordés n’importe comment – comme les sujets de bioéthique où les bons sentiments des gens et des députés sont utilisés pour faire passer des choses parfois dangereuses, et qui peuvent nous mener vers le transhumanisme. Moi, j’estime en tant que député être là pour être une sorte de vigile de la République sur certains sujets que je connais, scientifiquement, de manière poussée. Sur les questions de politique politicienne, j’ai sacrifié probablement un destin qui était celui de devenir un jour Secrétaire d’Etat ou ministre après ma démission d’En marche (fin 2018).
Je crois en mes chances (…) j’ai toujours gagné mes élections jusqu’à maintenant
La politique politicienne est décevante, je ne suis pas un homme de parti et je le sais encore plus après avoir eu ce regard curieux sur l’ensemble du paysage politique français ces dernières années. Tous les partis se ressemblent, ce sont les mêmes sociologies et les mêmes abrutis, il n’y a pas beaucoup de gens intelligents. Je suis content d’avoir tenu bon, d’être resté indépendant, d’avoir développé mes idées. Des idées qui peuvent être considérées de gauche sur certains sujets humanitaires ou d’intégration, et peut-être « trop de droite » sur les aspects sécuritaires et sociétaux. Quand bien même, on a beaucoup caricaturé ce que je pense. Ce que je pense ne se réduit pas du tout à un « c’était mieux avant ». J’ai développé de nouveaux concepts comme le bio-conservatisme, comme « le vol du temps » et le fait de pouvoir redonner du temps aux gens, diminuer la charge administrative, judiciaire, morale qui pèse sur eux. J’ai publié un essai, L’invisible esquissé où j’aborde en détail tous ces sujets.
Dans mon bilan, il y a donc essentiellement de la satisfaction. Mais il y a aussi une petite déception, le sujet qui m’a fait partir d’En marche, à savoir la non-exemplarité d’une personne qui m’a fait un faux procès pour sexisme,
