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Jeux de Paris : quand on veut, on peut

La réalité fera son retour dès septembre. Cruelle, difficile et souvent sinistre


Jeux de Paris : quand on veut, on peut
Supporters français au Stade de France le 29 juillet 2024 © Maya Vidon-White/UPI/Shutterstoc/SIPA

Paris 2024 : une fête mondiale, portée par un patriotisme bienveillant et une ville sublimée.


Les jeux olympiques de Paris 2024 auront pris à revers de nombreux commentateurs français habituellement grincheux. On nous promettait le chaos, l’apocalypse, des émeutes et du terrorisme, des vols et des viols partout, des rats : nous avons eu le contraire. Une extraordinaire fête populaire et mondiale comme on en voit une fois par siècle en France. Les Français se sont laissés prendre au jeu de ces jeux, trop heureux de pouvoir montrer au monde la beauté de leur pays et leur sens de l’accueil. Certes, il ne s’agira sûrement là que d’une trêve, comme c’était déjà le cas dans l’Antiquité, mais ces jeux olympiques rendront fiers les Français pendant encore longtemps tant ils ont su mettre à l’honneur la plus belle ville du monde : Paris.

Les supporters français séduisent

Mieux encore, les Français ont su se muer en hôtes aimables et aimés, au superbe esprit sportif. Eduqués, les spectateurs français ne sifflent pas les adversaires de leurs champions mais s’époumonent en hurlant la Marseillaise et des chansons tout au long des épreuves. Ils se sont aussi trouvés des héros dignes d’Héraclès, avec notamment Léon Marchand qui est entré à tout juste vingt-deux ans au Panthéon du sport français en devenant le premier athlète à gagner quatre médailles d’or individuelles. Héritier de Michael Phelps, le natif de Toulouse sera pour longtemps l’emblème des premiers jeux olympiques d’été français depuis 1924.

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Mais la véritable héroïne de cette olympiade, c’est notre capitale. Paris a sorti ses habits de lumière pour littéralement illuminer le monde. Les avis sont unanimes, et ce n’est pas faire preuve de chauvinisme de considérer que sur le plan esthétique ces jeux sont les plus beaux que le monde ait jamais vus. Tir à l’arc aux Invalides, escrime au Grand Palais, BMX devant l’obélisque, beach-volley au pied de la tour Eiffel, équitation à Versailles, cyclisme dans les rues de Montmartre : tous les points de vue sont sublimes, magnifiant une ville que nous avons été nombreux à redécouvrir. Les partenaires premiums Carrefour et LVMH ont eu le nez creux en choisissant de s’associer à pareil succès…

Une trêve, et puis s’en va…

Un succès qui fait d’ailleurs l’unanimité chez les Français qui plébiscitent ces jeux comme ils avaient plébiscité la coupe du monde 1998. Il a fallu pourtant contourner bien des oppositions. Une partie de la gauche voulait ainsi perturber les jeux, les empêcher de se dérouler normalement en provoquant des manifestations, ne pas respecter la « trêve ». Las, il n’en fut rien. Ceux-là mêmes qui annonçaient « Paris 2024 n’aura pas lieu », dénonçant les « jeux de la honte », sont aujourd’hui les premiers à tenter de les instrumentaliser pour avancer leur agenda sociétal…

Pourtant, en dehors de certains passages de la cérémonie d’ouverture, nous avons surtout assisté à un patriotisme bon enfant teinté d’une légère mais amusante pointe de chauvinisme. Les Français avaient envie de s’oublier un peu pendant quinze jours, de faire la preuve qu’ils sont toujours capables du meilleur quand ils le veulent. Car, quel pays peut se targuer d’associer un si riche patrimoine historique à la modernité ?

Les esprits chagrins habituels, à l’image de Mathieu Slama qui a lui-même admis qu’il allait être un peu rabat-joie en expliquant sur Radio J que le « nationalisme dans le sport » le dérangeait et en se demandant pourquoi fallait-il soutenir « un sportif juste parce qu’il est de notre pays », n’auront pas raison de cette courte période de bonheur partagé. Même Charles Consigny dénonçant le panem et circenses de nos contemporains jeux du cirque n’y parviendra pas. Nous savons très bien que tout ça ne durera pas et que la réalité fera son retour dès septembre. Cruelle, difficile et souvent sinistre. Nous savons aussi que le monde a rarement été aussi chaotique. Du Venezuela au Mali en passant par l’Ukraine et le Moyen-Orient, la guerre est partout. En Grande-Bretagne, des émeutes anti-immigration rendent le pays incontrôlable après la mort de trois petites filles tuées par un migrant rwandais. Mais pour une fois, Paris et la France auront vibré à l’unisson pour donner au monde un peu de beauté et de paix. Nous devrions nous en enorgueillir.



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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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