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Jeunesse perdue, vie perdue

Un tableau de la France périphérique


Jeunesse perdue, vie perdue
Olivier Amiel D.R.

Le nouveau titre d’Olivier Amiel, Hyper ! Hyper ! Juste à côté du cœur, est le roman de la France périphérique. Certes, l’ambiance n’est pas joyeuse mais le constat est juste…


Dans son nouveau roman, Olivier Amiel nous narre, à la première personne, l’histoire d’un jeune, élevé par sa mère dans un appartement de la banlieue parisienne, qui, avec une bande de trois amis, traverse les misères de la jeunesse : pornographie, drogue, boîtes de nuit, criminalité de bas étage… Le narrateur nous livre une description particulièrement réaliste, voire trash de la vie quotidienne des jeunesses déclassées des années 1990, de leurs références culturelles (Eurodance, musique pop, techno) et de leur éducation – au passage, l’école publique en prend un coup. Le lecteur découvre des vies marquées par la souffrance et la solitude, où amis du lycée ou de boîte de nuit « tournent mal », à commencer par le narrateur lui-même. Nous le suivons de son adolescence tardive à sa vie d’adulte, où sa situation ne semble jamais vraiment s’arranger : il perd toute confiance dans le système, qui semble le lâcher, manifeste et s’enivre avec sa bande de potes. C’est le portrait d’une jeunesse qui commence mal et finit plus mal encore.

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Une vingtaine d’années plus tard, lors d’une manifestation de Gilets jaunes, il s’en prend par malheur à un député de la « majorité présidentielle », devant sa permanence, alors qu’elle est prise d’assaut par les Black blocks et les manifestants. Arrêté par les CRS, le narrateur est condamné à 18 mois de prison ferme. Une peine qu’il trouve profondément injustifiée, surtout que personne n’est là pour le soutenir, hormis une minorité de Gilets jaunes issus des mêmes milieux que lui. En tant que mâle blanc privilégié, aucun journaliste ou homme politique n’ose prendre sa défense pour tenter, du moins, d’expliquer son geste. Pas même les « camarades frontistes », trop attachés à leur position. Le désespoir gagne finalement ce personnage, qui s’en prend à sa propre vie à sa sortie prison, et met fin à son existence qu’il estime sans horizons. Hyper ! Hyper ! nous livre une vision pessimiste de la France contemporaine. Mais c’est aussi une mise en garde de ce qu’une partie de la jeunesse actuelle risque de devenir.

Olivier Amiel, Hyper ! Hyper ! Juste à côté du cœur (Éditions les Presses littéraires, 2023), 153p. 14€

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Journaliste franco-britannique

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