LA PAIX EN JEU
Jeudi 1er septembre
Libération raconte le « Jerusalem Double », un tournoi de backgammon organisé fin août entre Israéliens et Palestiniens. Pour le journaliste, aucun doute : le succès populaire de cette initiative témoigne d’une nostalgie du « vivre ensemble » prometteuse pour l’avenir.
Irénisme à la Libé ? Pas seulement. Avec le houmous et le falafel, le backgammon est une des rares passions communes des deux peuples. Ne s’appelle-t-il pas « shesh besh » en arabe comme en hébreu ?
Un peu léger quand même, diront les sceptiques, comme fondations pour un avenir de paix. Mais ça vaut toujours mieux que de commencer par le statut de Jérusalem… Et puis après tout, au temps de Nixon et Mao – qui n’étaient pas non plus d’accord sur tout –, la Chine et les États-Unis ne se sont-ils pas rapprochés grâce au ping-pong ? [access capability= »lire_inedits »]
SCOOP ! LE FN DÉFEND LA NATION
Vendredi 2 septembre
Marrant, l’extrêmedroitologue Jean-Yves Camus ! Trente ans qu’il bosse son sujet – et voilà que d’un coup, à la lecture du programme de politique étrangère du Front national, il tombe de l’armoire ! Sidéré, le gars, au point de pondre une note pour la Fondation Jean-Jaurès et de confier son trouble au Monde, sur six colonnes et deux tiers de page.
Mais le plus étonnant, c’est l’objet de son étonnement. Pour le Front national, découvre-t-il, une politique étrangère bien comprise suppose « la primauté absolue de l’intérêt national et la prédominance de la géopolitique, pas des choix moraux ». Mais à quoi s’attendait-il donc ? À une sorte de Charte de l’ONU revisitée par Kouchner ?
Cette realpolitik nationaliste n’est pourtant pas nouvelle au FN : elle date de la fin de la Guerre froide. Vingt-cinq ans quand même ! Faut se tenir un peu au courant, quand on se veut « spécialiste ».
Accessoirement, ce programme, c’est mot pour mot la doctrine de la diplomatie gaullienne. – Mais justement, tout ça est démodé, répond notre chercheur sans qu’on lui ait rien demandé : « L’Europe des nations comme pouvait l’envisager De Gaulle […], c’était valable à une époque où la mondialisation n’avait pas fait son effet. » Allons bon ! À l’heure de la globalisation, serait-il devenu suspect pour une nation de défendre ses intérêts ? Moi bêtement, je pensais au contraire que c’était plus nécessaire que jamais.
En tout cas, c’est ce que font tous les États dignes de ce nom, à commencer par les grandes puissances : la Russie, la Chine et les États-Unis ; la Turquie, Israël et l’Iran ; et même la Grande-Bretagne, la Suisse et l’île Maurice… Tous fachos, vraiment, Jean-Yves ? Mais alors, qu’est-ce qui reste ? Pince-toi !
UN CERCUEIL POUR DEUX
Mardi 6 septembre
En 2012, notre cheffe bien-aimée Éisabeth Lévy avait cerné le drame ontologique des « forces de Progrès » dans un livre intitulé La Gauche contre le réel. Cinq ans plus tard, Emmanuel Macron se fait fort d’avoir compris le problème, et même de l’avoir réglé tout seul avec ses petits bras musclés.
Dimanche dernier sur France Inter, au cours de l’émission Questions politiques, l’impudent affirmait ainsi incarner « la gauche du réel ». De quoi énerver une fois de plus notre irascible Premier ministre, qui ce matin sur RTL réplique d’un ton sec : « La gauche du réel, c’est moi ! » Étrange bataille pour ce label en forme d’oxymore, genre mort-vivant.
RÉPRESSION DES FRONDES
Samedi 10 septembre
Gros titre du JT de 8 heures : « Les FRAUDEURS du PS se retrouvent aujourd’hui à La Rochelle. » De deux choses l’une : soit les stagiaires de l’été ont repris du service pour le week-end, soit Cambadélis commence à être vraiment efficace dans la diffusion de ses « éléments de langage ».
LE MONDE DE LA MÉDECINE
Lundi 12 septembre
http://www.lemonde.fr/big-browser/article/2016/08/29/la-maladie-de-hillary-clinton-intox-persistante-de-la-presse-de-droite-aux-etats-unis_4989547_4832693.html Signalée sur Twitter par l’excellente Éléonore de Vulpillières, une fameuse bourde du Monde. Il y a deux semaines encore, le journal balançait ce diagnostic définitif : « Hillary Clinton va très bien ! », malgré l’« intox persistante de la presse de droite aux États-Unis ». Ah ! Il a l’air con aujourd’hui, notre donneur de leçons quotidien !
YES, ALICE CAN !
Dimanche 18 septembre
Au hasard de mes pérégrinations 2.0, je tombe sur la Page officielle d’Alice Cooper, le rockeur américain fou. À 68 ans – comme Hillary, mais apparemment en meilleure forme ! –, il se lance à son tour dans la course présidentielle. Non sans arguments :
– un manifeste en dix points sans concession, dont on retiendra notamment trois mesures phares : « ajouter Lemmy (de Motörhead) au mont Rushmore », « mettre le portrait de Groucho Marx sur les billets de 50 dollars » et « interdire les selfies, sauf durant le National Selfie Day ».
– un fameux slogan de campagne, propre à achever de convaincre les plus hésitants : « Un homme perturbé pour des temps perturbés. »
À côté de lui, même l’ébouriffant Donald Trump risque désormais de nous paraître bien fade… [/access]
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