Jérôme Leroy nous revient en forme et en force. Il rassemble soixante-dix textes en prose qui forment les éclats d’un miroir brisé par les assauts du temps. Et chaque éclat nous renvoie à une France – et même à une partie de l’Europe septentrionale pour l’auteur – que nous avons aimée car nous y étions jeunes, l’esprit plein d’alacrité. On suit Leroy tour à tour sur le canal de la Deûle, dans un train que je connais bien, le Paris-Limoges, sur une plage blonde du Portugal, une île grecque hantée par le souvenir lumineux d’un Michel Déon écrivant l’un de ses meilleurs romans, sinon le meilleur, Un déjeuner de soleil. Rien que le titre du nouveau livre de Leroy est un oxymore génial : Un effondrement parfait. Ça colle à notre époque qui salit tout, efface le plus délicat, saccage la beauté tremblée d’un internat de province, celui-là même qui nous offrit les armes du goût pour tenir en respect les ondes perturbantes des Assis.
