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Mon affaire Epstein

Certains délinquants échappent à toute pitié...


Mon affaire Epstein
Jennifer Araoz, l'une des victimes présumées de jeffrey Epstein, à sa sortie du tribunal fédéral de Manhattan, New York, 28 août 2019. ®Spencer Platt / Getty images / AFP

On trouve volontiers des circonstances atténuantes aux islamistes et aux criminels. Mais certains délinquants mâles hétérosexuels échappent à toute pitié. Comprendre, ce n’est pas excuser.


 

AVERTISSEMENT
Certaines scènes étant susceptibles de choquer la sensibilité du lecteur, cet article est déconseillé aux enfants et aux féministes de moins de 50 ans.

La fille sur la photo, je l’ai déjà vue quelque part, je la connais, ou alors c’est sa sœur, ou son clone, en tout cas, c’est son genre. Elle n’était pas aussi fringante que d’habitude, mais je l’ai reconnue derrière ses lunettes noires, malgré ses cheveux sans éclat, son teint pâle sans maquillage ; malgré ses larmes de veuve quand elle répondait aux journalistes et tenait à témoigner trente ans après, en regrettant que la mort d’un homme la prive de procès, soutenue par ses avocats comme pour ne pas s’effondrer en direct.

Jeffrey Epstein, une vie de vengeance?

Sur la scène de ce théâtre dressé par la défense pour les médias, je l’ai reconnue. C’est la jolie blonde, pas celle au physique expérimental des défilés de mode, plutôt la fille des magazines faite pour plaire aux hétérosexuels, la fille canon. Pas une beauté originale, mais une beauté conforme. Un type, un genre, des critères simples, une valeur sûre. Celle qui figure au premier plan sur le tableau d’une réussite, le butin pour un homme après la bataille pour les bonnes places. Celle que les derniers des cons devenus stars du football ou de la chanson ne manquent pas d’épouser avec leurs premiers millions et dont les plus malins se séparent très vite pour trouver une âme un peu plus sœur. Celle à qui les plus présomptueux se déclarent dès l’école, les autres ayant renoncé à entrer dans la compétition, mais qui met tous les petits garçons d’accord à un âge où le goût n’est pas encore formé et où le conformisme règne. Celle dont on tombe amoureux quand le cœur est le plus tendre et le plus fragile. Mais celle qui peut faire mal, un mal profond et durable, parfois incurable, à ceux qui déplaisent, à ceux qui auront cru à leur chance et auront été éconduits d’une façon sèche, brutale, humiliante, blessante.

C’est la petite blonde de François Cavanna, celle dont il était amoureux et qui ne voulait pas lui donner la main quand la maîtresse les mettait en rang par deux. « J’aime pas les macaronis », disait-elle en pleurant. Le petit immigré italien s’en est bien tiré, il lui a écrit dans Les Ritals : « Je t’aime quand même idiote. » Tous ne se remettent pas aussi bien de ces premières humiliations, pas aussi droit. Allez savoir ce qui est arrivé à Jeffrey, le petit gamin de Brooklyn. Quand donc a-t-il compris que ces petites blondes, celles qui prennent pour modèles ces grandes filles qui vendent leur image plastique et ne se lèvent pas le matin pour moins de 10 000 dollars, ne se donnent pas gratuitement ?

Nous ne vivons pas dans le monde impitoyable de Jeffrey. Pas encore.

Alors peut-être que depuis l’enfance, Jeffrey s’est vengé, peut-être a-t-il a passé sa vie à se venger, en devenant riche pour se payer la blonde qui avait dit non, et puis en forçant cette oie blanche pour qui le désir de Jeffrey n’était qu’une mauvaise plaisanterie et son amour une option inenvisageable. En forçant toutes ces répliques de sa petite blonde, peut-être y a-t-il trouvé du plaisir, peut-être a-t-il fini par ne trouver de plaisir que comme ça, par la contrainte, l’intimidation, la force. Peut-être a-t-il essayé des majeures consentantes et professionnelles débarrassées de leur vertu ou encore de ces masseuses asiatiques qui ne font pas tant d’histoire, et peut-être s’en est-il lassé. Manquait-il à ce commerce, à ces étreintes trop mécaniques, trop prévisibles, trop entendues le regard inquiet de vierge effarouchée indispensable à son plaisir, ce plaisir dangereux, celui qui nous rapproche de la mort ? Nous ne saurons plus rien de l’âme et du cœur de Jeffrey, mais il faut être sacrément revanchard ou gravement atteint quand on est un milliardaire américain pour empoigner une fille en lui disant : « Si tu n’es pas vierge, je te tue », si l’on en croit le témoignage d’une victime, l’une de ces fifilles en noir qui, devant les caméras, longtemps après, semblent porter le deuil de leur candeur et de leur virginité. Comment ce bon parti, comment ce beau mec en est-il arrivé à avoir les exigences archaïques et la brutalité d’un prince arabe et de certains pères de famille turcs ?

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Sexe: quand la raison déserte

Jeffrey a-t-il fini par se raconter des histoires sur l’idée même du consentement ? Ça arrive dans tous les couples : « Tu disais non, mais je savais que ça te ferait plaisir. » Ça arrive aussi avec des inconnues quand un désir ardent nous brouille l’écoute sur la réalité et nous embrume l’esprit. Jeffrey a peut-être fini par se persuader qu’il en savait plus sur les désirs profonds et secrets de ces masseuses de 17 ans que les jeunes filles elles-mêmes. Qui n’a pas connu ces instants volcaniques où le désir nous consume, nous embrase, nous enflamme, où un ouragan intérieur nous emporte, nous balaye, nous disperse, où le discernement est altéré et la décence absente ? En rut, nous sommes des animaux que l’instinct commande et que la raison déserte. Quinze ans de prison pour tirer un coup vite et mal fait, ça devrait faire réfléchir. Eh bien, ça ne suffit pas toujours. Chez certains, le cerveau ne répond plus : Après moi le déluge ! Chez d’autres, il répond mal et nous nous satisfaisons du mensonge d’une complicité érotique inavouée, d’un désir partagé inconscient. Il nous fait entrer dans le monde des choses qui se font et ne se disent pas, et où tout est permis. Même quand la fille dit « non », il nous autorise à entendre « oui ». Ainsi, quand la violente douceur d’une présence féminine nous transporte, nous transperce et nous fait trembler comme une feuille, quand la proximité d’un corps dont seules quelques étoffes légères nous séparent nous met en ébullition, quand l’opportunité, la possibilité d’une étreinte nous chauffe le sang, et quand le sexe, cette bête qui vit dans nos ventres, se réveille, nous semblons dominants, nous sommes sourds et aveugles, nous sommes trompés, et nous sommes dominés.

Est-ce cet aveuglement qui a perdu Jeffrey, qui a occulté la perspective du procès, de la prison, de la mort. Ou la puissance que donne la liberté du milliardaire lui a-t-elle fait perdre toute décence commune ? Une accoutumance à un pouvoir qui offre un accès rapide et facile à tous ses désirs et tous ses plaisirs a-t-elle fini par abolir les barrières de la morale et celles de la loi ? Quand on a pris l’habitude de tout acheter, les lieux, les choses et les gens, on peut finir par les confondre. On ne gagne pas des fortunes dans la finance en se souciant des conséquences de ses actes sur la vie des gens et on finit par ignorer les traumatismes, les souffrances, les victimes. Sans compassion et sans limites, on peut devenir un prédateur sexuel. Enfin, ici, toutes les limites n’ont pas été abolies. Dans cette histoire, personne n’est mort, à part Jeffrey.

Jeffrey Epstein ®Stéphanie Keith / Getty images / AFP
Une manifestante bandit le portrait de Jeffrey Epstein, devant le tribunal de Manhattan où le milliardaire comparaissait, New York, 8 juillet 2019. ®Stéphanie Keith / Getty images / AFP

Je me souviens d’avoir vu une blonde comme sur la photo, enfin une qui lui ressemblait, dans les bureaux d’un client très fortuné. Une jeune beauté du genre qu’on voit descendre des Mercedes dans les quartiers chics, une blonde classe A, moulée dans une de ces tenues tout en cuir et en transparence, décentes mais qui doivent avoir toute leur place dans les causes du réchauffement climatique. Elle ne m’a pas vu, les filles comme elle ne regardent pas les mecs comme moi, les ouvriers, ou alors d’un œil distrait. À quoi pourrais-je leur servir ? Comme elle, je faisais la queue pour me faire payer un travail sur mesure, à la grande satisfaction du client, disait-il. J’étais invisible, elle était inaccessible. Elle était hautaine, j’étais intimidé. Si nous avions attendu le même ascenseur et que la cabine avait été un peu étroite, je ne l’aurais pas pris avec elle et l’aurais laissée l’emprunter seule ; j’aurais épargné ma présence, mon corps, ma sueur, mon odeur, mon haleine, ma testostérone à cette fleur chic, délicate et parfumée. Je l’ai regardée traverser le bureau du client, et j’ai gardé l’image pour me faire plus tard un film avec une scène sur le bureau.

La patience du menuisier

Elle n’était pas dans mes moyens. Je le savais. L’invisibilité du travailleur manuel a ses avantages, elle lui permet de se confondre parfois avec ses meubles. Il est arrivé que la secrétaire de Monsieur, qui avait oublié que j’étais là, raconte à je ne sais qui au téléphone des choses que la gouvernante, acquise à Madame, ne devait pas entendre. Moi, je ne comptais pas et de toute façon, même sans être de la maison, j’étais acquis à Monsieur, tout le monde le savait.

– Je l’ai dit à Monsieur qu’il était beaucoup trop généreux. Une voiture, et pas n’importe quoi, une bien, neuve, soi-disant qu’elle en avait besoin pour son travail. Tu parles. En plus de tout ce qu’il lui donne, parce que je peux te dire qu’il lui en donne de l’argent. Je peux pas te dire combien, mais il en donne. Attends, mais c’est pas ça, c’est que Carine l’a appris, je sais pas comment, mais elle l’a su.
– …
– Mais oui, elles se connaissent, c’est Élodie qui lui a amenée. Il voulait faire un plan à trois et après, elle est restée. Elle lui a fait une scène pour la voiture, alors qu’il lui paye tout : son appartement, son loyer, les travaux, le déménagement, c’est n’importe quoi.
–…
– Bah oui, je lui dis, mais il sait pas dire non. Bon j’te laisse. J’ai du boulot…

Enfin bref, voilà comment j’ai su. Ces filles n’étaient pas dans mes moyens.

J’étais devenu le menuisier de la maison après avoir posé des bibliothèques dans un hôtel luxueux où mon client vivait avec sa femme et ses grands enfants, qui ne semblaient pas pressés de s’éloigner d’un père tendre et généreux. Il était sympathique et bienveillant, et avait laissé à sa femme les commandes de la déco pour avoir la paix. Il est rare que je perde du temps à discuter de la couleur des rideaux avec les rombières, c’est le boulot de l’architecte, je préfère transpirer en montant les planches dans les étages, c’est une question de dignité. Mais pour ne pas embarrasser mon client, je me prêtais au jeu de bonne grâce. C’est donc avec Mme Verdurin, autoritaire et péremptoire, que j’usais de diplomatie, et ma patience, pour que nous nous accordions sur les agencements. Il fallait toujours lui laisser l’impression que la bonne idée venait d’elle, même pour ne garder qu’une vague idée de départ. Ne jamais dire non, même aux idées les plus loufoques, mais : « Oui, ça peut être très joli, et si pour des questions de proportions et de symétrie, nous faisions comme ça ? » même quand le « comme ça » ne ressemblait en rien au truc qu’elle s’était imaginé. Elle était larguée, mais gardait la tête haute et après un silence qui précédait la sentence, sur un ton un peu maternaliste : « Oui, pourquoi pas, pas bête, vous avez de bonnes idées Cyril, et vous penserez à me mettre des poignées en inox brossé, hein, inox les poignées, vous serez gentil. » Elle restait maîtresse d’une maison où elle régnait sans partage. Il lui fallait la maternité de la dernière touche, celle de l’artiste, je la lui laissais volontiers. Je ne me battais pas pour imposer mon goût, j’étais là pour donner satisfaction, pas pour déranger. Je ne m’évertue pas à jeter mon égo à la face du monde, je ne suis pas artiste, je suis artisan. L’inox était tendance pour les poignées, elle en voulait partout. Si la mode avait été au fer rouillé, on aurait risqué le tétanos en ouvrant les portes.

Des vidéos oubliées…

Quelques heures par semaine, Mme Verdurin tenait une galerie de peinture. L’endroit était une danseuse qui coûtait plus cher que celles de son mari, elle y exposait de jeunes talents. J’ignore si elle couchait avec, je n’y ai jamais travaillé et je n’étais pas assez intime avec la gouvernante pour le savoir. Monsieur était amateur d’art et collectionneur, mécène et philanthrope, il avait été décoré par le ministère de la Culture pour une série de dons faits à des musées, mais il ne posait pas aux côtés d’un ministre sur une photo. Dans son bureau, il n’y avait que le portrait de Brassens. Il était gentil et attentionné, il se souvenait de la date de mon anniversaire et me confectionnait lui-même un sandwich qu’il m’apportait sur un plateau avec une bière pression et maison chaque fois que je venais transformer son foyer en chantier.

Il m’arrivait aussi de travailler pour lui dans une garçonnière dont sa femme devait ignorer l’existence. J’avais couvert un mur entier de vidéothèques qui se remplirent au fil du temps de cassettes VHS exclusivement porno. Elles devaient être fermées à clef par des portes, m’avait spécifié mon client collectionneur. Un jour, en démontant une bibliothèque, sont tombés divers objets restés perchés et oubliés derrière la corniche. Rien qui jure dans une garçonnière : un tube de vaseline, des menottes de fourrure roses et des cassettes de caméscope qui portaient des prénoms de filles sur leurs étiquettes. J’ai mis les cassettes de côté, mais le démon de la curiosité est venu me laisser espérer que je reverrais la fille du bureau en tenue légère et dans des positions embarrassantes, et mon sens du respect de la vie privée a fini par céder le pas devant des appels plus impérieux. Et puis, mon client n’avait-il pas fait de moi son complice en me mettant dans le secret de sa garçonnière ?

Entre deux coups de marteau et trois coups de rabot, je suis allé glisser une cassette dans la fente d’un magnétoscope et j’ai allumé la télé. Monsieur est apparu en slip et chaussettes noires, avec ses grosses lunettes carrées, la dégaine de Raymond Calbuth, le personnage de BD, puis nu sur un lit, avec une fille pas blonde, qui peinait à éveiller un membre endormi, malgré ses efforts fervents et ceux de Monsieur qui regardait un porno diffusé au pied du lit sur la télé. Une autre fille est arrivée, toujours pas blonde, plutôt arabe. Elle s’est déshabillée sans cérémonial et sans érotisme en prévenant qu’elle n’avait qu’une heure, elle devait aller chercher sa fille. Elle a rejoint la première pour lui donner un coup de main et la petite olive allongée qui dépassait des couilles de Monsieur a donné des signes de vie. Même en accéléré, Monsieur a été long à jouir.

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Sensations fortes

Sur la deuxième cassette, Monsieur est debout, nu dans un couloir près de la salle de bain. La fille arabe est debout aussi, habillée et tient par les épaules une fille très jeune, très blonde, sans doute mineure, genre collégienne de Saint-Jean-de-Passy sans son serre-tête, l’air innocent, pur, virginal, une jeune fille de chez Anouilh. Quand la brune la fait s’agenouiller, blanche et pâle dans une culotte en coton qu’un sillon juvénile creuse au milieu et un maillot blanc que la brune lui retire, elle rappelle Jeanne d’Arc. Ses cheveux blonds, lisses, un peu filasse, tombent sur ses seins, deux cerises sur un gâteau pas cuit. Elle se laisse faire, l’autre dirige la manœuvre. « On devrait mettre une serviette sur la moquette. Attends. Deux secondes. » La brune sort de l’écran et revient avec une serviette de toilette qu’elle étale par terre avant que la jeune fille se remette à genoux. « Bon, tu fermes bien les yeux, tu ne bouges pas et tu penches la tête en arrière. » On se croirait chez le coiffeur, jusqu’à ce que Monsieur debout derrière la blonde se mette à lui pisser sur le cou et les épaules. Ça coule sur la fille, il n’y a pas de dialogue. C’est déjà fini. Sans la laisser égoutter, la meneuse emmène la blonde prendre une douche. Monsieur reste seul dans le couloir, il ne bande pas et aucune extase ne paraît à l’écran.

Est-ce ainsi qu’un homme vit les dernières années de sa vie sexuelle ? Seul, menacé d’impuissance par l’âge, par l’habitude, par une épouse au caractère trop dur et aux chairs trop molles, comme un drogué dans le besoin de doses toujours plus fortes, en quête d’images toujours plus crues, de corps toujours plus étroits, de filles toujours plus jeunes jusqu’au-delà de la limite, et comme un cancéreux en phase terminale qui tente tous les charlatanismes sans vraiment y croire, finissant par se livrer aux pratiques les plus déroutantes et les plus désespérées pour arracher à la vie qui s’éteint une dernière érection avant la mort, au bout du couloir.

C’est cette blonde-là que j’ai cru reconnaître sur la photo, c’est elle le sosie de l’une des victimes de Jeffrey, qui aujourd’hui envisage de poursuivre ses héritiers pour obtenir réparation. Elle a le même type commun, répandu, générique, et le même air innocent. Je crois savoir qu’elle est repartie avec 5 000 francs à l’époque, enfin de quoi s’acheter un sac Chanel. Je ne l’ai jamais revue. Sa vie est-elle foutue ou rit-elle aujourd’hui des folies commises pendant sa jeunesse insouciante, amorale et dorée ? Garde-t-elle un petit regret du temps où l’argent était facile et le corps comme neuf après une douche à l’eau, ou est-elle rentrée dans les ordres féministes révolutionnaires ? J’aurais pu la revoir, elle aurait pu se lever un matin, réveillée par un traumatisme et un besoin de réparation, et nous l’aurions tous vue un jour à la télé avec des lunettes noires et des avocats, dans une mise en scène très américaine. J’aurais pu voir aussi en décor au JT la photo de mon client, une photo d’avant l’affaire, avec cet air tendre et bienveillant, perdu en prison après un lynchage feuilletonné par les médias, qui aurait dépecé sa famille, et précipité Monsieur dans la honte jusqu’au suicide. Ce n’est pas arrivé, mon client est aujourd’hui un grand-père attentionné et ses petits enfants peuvent grandir à l’abri de l’exhibition de sa vie sexuelle, étrange mais privée. Les petits arrangements entre une jeune fille délurée et dépensière, et un sexagénaire qui demande au bourreau une dernière petite pipe avant que le couperet ne tombe n’ont pas été exposés en place publique et dénoncés. Tant pis pour celles et ceux qui ont tant soif de justice et de transparence, elle ne sera pas étanchée par les larmes du « criminel » qui court toujours, mais plus le jupon, je le crains. La nature et la vieillesse sont sans pitié. Pas nous, nous sommes humains, et français. Nous ne vivons pas dans le monde impitoyable de Jeffrey. Pas encore.

Octobre 2019 - Causeur #72

Article extrait du Magazine Causeur



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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