La pucelle d’Orléans non binaire
Six cents ans après avoir péri dans les flammes, Jeanne d’Arc se voit condamnée à brûler sur le grand bûcher du révisionnisme historique dans une grotesque réadaptation inclusive.
Au Shakespeare Globe, fameux théâtre londonien de Southwark sis sur les bords de la Tamise, une troupe met en scène une Jeanne d’Arc « non binaire » qui, au cours de la pièce, est désignée par les pronoms « they/them », prénoms personnels revendiqués par les personnes qui prétendent n’appartenir à aucun des deux sexes, puisqu’en anglais, ils sont les mêmes pour les deux genres. L’auteur de la nouvelle pièce, I, Joan, est un dramaturge également non binaire, Charlie Josephine, dont les pronoms personnels sont « they/he », indiquant qu’il se sent quand même un peu plus masculin que féminin. « Il » maintient que Jeanne est une « jeune personne de la classe ouvrière qui transgressait le genre, à une époque où c’était vraiment dangereux », justifiant ainsi le recours à un calquage de conceptions actuelles à un personnage contemporain de Charles VI. Tout ce tripatouillage falsificateur a pour seul objectif de projeter dans le passé historique les notions et les luttes contemporaines concernant le genre, comme si le refus de la binarité existait depuis la nuit des temps. Il s’agit aussi de s’approprier, à des fins idéologiques, le prestige d’un personnage aussi héroïque que la Pucelle, en même temps que l’on subvertit le caractère religieux de celle dont la canonisation a été décrétée en 1920 par le pape Benoît X. Dans un plaidoyer pour la pièce, la directrice artistique de l’établissement, Michelle Terry s’enorgueillit de représenter une organisation « inclusive et diversifiée ».
Dans un même élan œcuménique, aurait-elle eu le courage de mettre en scène un Mahomet transgenre ?