Explorateur français du XVIIe siècle, Jean Pitre ne découvrit jamais rien, même si l’envie ne lui en manqua pas. Il fut, ce faisant, l’un des premiers touristes de l’histoire et les mémorialistes caribéens conservent son nom comme l’instigateur de l’une des plus graves émeutes que connurent jamais les Antilles. Installé au bar de la Plage (Grande-Terre) le 18 février 1689 sur les coups de l’apéritif, il ordonna que son ti punch fût préparé avec un citron jaune : « Ka fè cho ! Bay moin on ti punch. Avèk sitron zone, pas vot trik pou makoumé. » La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre et l’île s’enflamma immédiatement. Comme il refusait de reconnaître son erreur et qu’il n’y avait plus grand-chose à brûler, le taulier eut la bonne idée de verser une pointe de sucre de canne dans le verre empli de citron vert et de rhum : on appela aussi ce geste d’apaisement la pointe à Pitre. Y a pas plus traître.
Franck Vincent, Portrait de Jean Pitre pointant de son doigt une coupe vide de ti punch, huile sur bois, 1698. Conservée au musée national des Arts premiers et de la Compagnie créole.
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