Voilà un sacré caillou dans les godasses de l’alliance Pulvar – Bayou – Autain !
Cela fait longtemps qu’il nous avait prévenus. Pour Manuel Valls, ancien Premier ministre de Hollande et mauvais oracle officiel de la gauche, il existe désormais en France deux gauches “irréconciliables”. En abandonnant Mila, en prêtant une oreille attentive aux bigots qui considèrent que Charlie Hebdo est un journal “islamophobe” ou en défilant aux côtés du CCIF, une partie de son camp a renoncé aux valeurs républicaines. Le divorce officiel est désormais prononcé.
La déclaration fracassante de Jean-Paul Huchon
Le socialiste Jean-Paul Huchon, prédécesseur de Valérie Pécresse à la présidence de la région Île-de-France, déclare ce matin dans le journal Le Point qu’il votera « sans hésitation » pour elle ! Huchon n’est certes pas un gauchiste – il est rocardien – mais cette déclaration fait quand même un sacré potin à gauche. Celui qui a dirigé l’Île-de-France pendant 17 ans précise qu’il conserve des points de désaccord avec la femme de droite, sortie en première position lors du premier tour du scrutin régional dimanche (36%). Mais il reconnaît que « c’est la seule candidate à même d’assurer le sérieux, l’avenir et l’espérance pour la région ».
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Voilà un sacré caillou dans les godasses de l’alliance baroque formée par Audrey Pulvar, Julien Bayou et Clémentine Autain ! Depuis son départ de la région en 2015, que la gauche n’avait su conserver, Huchon s’était un peu fait oublier et se consacrait à l’enseignement. On se souvient que dans son propre camp, son rival Claude Bartolone disait de Valérie Pécresse en 2015 que « c’est Versailles, Neuilly et la “race blanche” qu’elle défend en creux ». De tels propos préfiguraient déjà le malaise profond qu’entretient la gauche sur les questions identitaires.
Bayou pas assez ferme face à la menace islamiste
Car pourquoi Huchon ne votera-t-il pas pour la liste de la gauche unie au second tour ? « Les socialistes n’ont pas grand-chose en commun avec les outrances des Insoumis et les positions rétrogrades des Verts », avance-t-il. On se souvient effectivement des propos sulfureux tenus récemment par Jean-Luc Mélenchon sur Mohammed Merah, que Clémentine Autain n’a jamais condamnés. Chez nos confrères du Point, Huchon enfonce ensuite le clou et confirme le diagnostic établi il y a longtemps par Valls : « Voir les Insoumis et les Verts mettre en cause la laïcité, ne pas faire preuve de la fermeté nécessaire vis-à-vis de l’islamisme et de l’islamo-gauchisme m’inquiète au plus haut point. »
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À la différence de Laurent Wauquiez en Rhône-Alpes ou de Xavier Bertrand dans le Nord, il existe en Île-de-France un réel danger pour la droite de ne pas l’emporter. Huchon prévient : « Valérie Pécresse ne se bat pas dans un univers facile. Je ne comprends pas bien ce que fait La République en marche en maintenant au second tour la liste conduite par Laurent Saint-Martin, qui ne peut espérer qu’un petit nombre d’élus. Pour Emmanuel Macron, il vaudrait mieux avoir une présidente de région sérieuse et responsable plutôt que des gens irresponsables, irréfléchis et beaucoup trop idéologues comme le sont Julien Bayou, Clémentine Autain et Audrey Pulvar. » C’est dit !
La faute politique et morale des socialistes
Sur Twitter, Valls affirme de son côté que « l’alliance des écolos et du PS avec LFI est une faute politique et morale». Face à Sonia Mabrouk, il a confirmé ce matin sur Europe 1 qu’il voterait également pour Valérie Pécresse, et qu’il mettait désormais sur le même plan la France Insoumise et le Rassemblement National. Alors que le journal Le Figaro demande désormais à ses lecteurs s’il faut envisager un “front républicain” face à Jean-Luc Mélenchon (!), un Alexis Corbière très remonté a tenté de renverser la vapeur et a répliqué aux attaques subies par son parti sur France 2, où il a même qualifié Manuel Valls de M. Carnaval ! « J’en ai assez que des gens se permettent de dire que nous serions des ennemis de la République », a-t-il pleurniché.
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Depuis, le mot-clé #EnnemiDeLaRépublique est le plus utilisé sur Twitter où les compromissions de l’extrême gauche sont dénoncées par de très nombreux citoyens. S’il faut bien rappeler qu’il ne s’agit “que” d’une élection régionale, elle fait la démonstration que le climat politique n’est franchement pas apaisé en France. La gauche ne s’y affronte plus tellement sur l’économie entre collectivistes et démocrates sociaux. Avec les bisbilles identitaires, on ne risque pas de s’ennuyer dans les prochains mois.