Il l’avait dit : « I’ll be back », et tel un célèbre gouverneur de Californie (et robot du futur), il l’a fait : Jean Messiha est de retour sur Twitter ! Et il est toujours aussi à l’aise pour alterner les analyses de fond et les punchlines bien senties. À la fois pied de nez au politiquement correct, autodérision assumée et clin d’œil complice à ses nombreux fans, sa vidéo de retour (voir plus bas) est à elle seule un véritable manifeste jubilatoire.
Twitter, une agora indispensable pour les hommes politiques
Mardi 24 janvier, Jean Messiha a reçu un mail de Twitter l’informant que son compte était rétabli dans le cadre d’un « programme de réintégration » (reinstatement program), qui non seulement lui rend son compte, mais le lui rend avec ses abonnements et ses abonnés intacts. Comme d’autres, son compte avait été suspendu pour des raisons faciles à deviner mais jamais avouées, l’ancienne direction de Twitter ayant toujours gardée obscure la réalité de sa politique de censure. Mais Elon Musk est arrivé, et avec lui les Twitter files et un vent de liberté et de vérité. Car le milliardaire n’a pas seulement rétabli la liberté d’expression sur son réseau, il a prouvé par l’exemple une vérité cruciale: comme Jean Messiha lui-même le souligne à juste titre, dans l’Occident d’aujourd’hui, seule la droite préserve la possibilité même du débat d’idées et de la confrontation démocratique, alors que la gauche « progressiste » utilise tous les prétextes pour imposer sa censure. L’Académicien François Sureau a dit tout ce qu’il y a à dire sur cette soi-disant « lutte contre la haine » : « gouvernement et Parlement ensemble (ajoutons-y les directions militantes de réseaux sociaux) prétendent, comme si la France n’avait pas dépassé la minorité légale, en bannir toute haine, oubliant qu’il est des haines justes et que la République s’est fondée sur la haine des tyrans. La liberté, c’est être révolté, blessé, au moins surpris, par les opinions contraires. Personne n’aimerait vivre dans un pays où des institutions généralement défaillantes dans leurs fonctions essentielles, celle de la représentation comme celles de l’action, se revancheraient en nous disant quoi penser, comment parler, quand se taire. » Avec Elon Musk, non seulement Jean Messiha peut à nouveau s’exprimer sur Twitter, mais ceux qui l’en avaient fait bannir n’ont pas été bannis à leur tour : eux aussi peuvent écrire, répondre et débattre. Enfin, ils le pourraient s’ils avaient des arguments, mais c’est une autre histoire !
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Le sujet pourrait sembler anecdotique, il n’en est rien: sans remplacer le travail de terrain, Twitter est devenu une agora indispensable pour quiconque s’engage dans l’action politique, un espace de débats, de questions impertinentes et de suggestions absurdes ou géniales, de rencontres parfois inattendues mais fructueuses, d’abord virtuelles puis réelles, un lieu où chacun a une chance de se faire entendre. Prenons l’exemple de Jean Messiha : il a plus de 160 000 abonnés, et son tweet de retour a été vu près de 550 000 fois au moment où j’écris ces lignes, c’est-à-dire en moins de 24 heures. Rares sont les outils qui permettent de toucher autant de personnes en aussi peu de temps, et parce que nombre de journalistes suivent avec attention l’oiseau bleu pour y trouver les sujets qui parlent au public, le retentissement est encore démultiplié.
Un espace de liberté très critiqué
Certains éditorialistes ont beau jeu de critiquer Twitter : bien sûr, on y trouve parfois les pires horreurs et des sommets d’imbécillité – mais ce commentaire s’applique aussi aux propos de certains éditorialistes, sans parler d’un nombre non négligeable de parlementaires… Ah, qu’il est tentant lorsqu’on est bouffi d’arrogance de vouloir restreindre la liberté d’autrui au droit de faire de sa liberté un usage que j’approuve ! Au nom d’une noble cause, naturellement : tous les tyrans, depuis toujours, ont ce genre d’arguments. Mais regardons en arrière, en excluant les dernières années pour lesquelles, par définition, nous manquons de recul : il n’y a pas un seul exemple de censure qui ait été préférable à la liberté d’expression, du procès de Socrate aux procès staliniens en passant par celui de Galilée, la mise à l’index de Montaigne, de Montesquieu, de Kant, la traque des lettrés par Qin Shi Huangdi, les livres d’Averroès brûlés à sa mort par les autorités musulmanes, et les séances d’autocritique maoïstes. Est-ce à dire que ceux qui ont été censurés ont toujours eu raison sur tout ? Bien sûr que non. Mais ceux qui les ont censurés non plus, loin de là, et il n’est jamais bon d’étouffer la flamme de la pensée, qui nécessite la libre confrontation des idées et des arguments pour « frotter et limer notre cervelle contre celle d’autrui. »
Alors merci Elon Musk, bon retour Jean Messiha, et vive la liberté !