Accueil Politique « Il y a un peuple indigène en France et sa capacité d’accueil est dépassée, largement! »

« Il y a un peuple indigène en France et sa capacité d’accueil est dépassée, largement! »

Entretien fleuve avec Jean Messiha


« Il y a un peuple indigène en France et sa capacité d’accueil est dépassée, largement! »
Jean Messiha © JOEL SAGET / AFP.

Le délégué pour les études et argumentaires du Rassemblement national, membre de son bureau national, quitte le parti. Il s’en explique et dévoile ses projets. Enfin, il apporte des précisions utiles sur ses positions dures sur l’immigration, l’islam ou l’identité nationale.


Causeur. Vous avez annoncé la semaine dernière partir du Rassemblement national. Pourquoi ?

Jean Messiha. Il y a des moments dans la vie où on se dit qu’il ne faut pas insister quand on travaille avec et pour des gens que vous gênez parce qu’ils s’attendaient à faire de vous un pondeur de notes et découvrent avec désagrément que vous n’êtes pas que cela. Il est vrai que j’ai acquis au fil des mois une réelle popularité dans les rangs de nos militants et sympathisants et une certaine audience dans les médias. Cela n’était pas prévu et cela a déplu. Par ailleurs j’ai pris des positions franches sur certaines thématiques comme l’Islam et l’identité européenne de la France métropolitaine. Cela n’a pas plu non plus mais ce sont mes convictions profondes.

Dans Valeurs actuelles, vous estimez que vos « compétences et engagement ne sont pas reconnus ». Européennes, Paris, Aisne pour les prochaines régionales, vous avez effectivement attendu des investitures en vain. Pourquoi cela vous était-il refusé, selon vous ?

Un mouvement politique est une organisation humaine avec ses hauts et ses bas, ses grandeurs et ses bassesses. Il y a des jeux d’influence avec des sympathies mais aussi des jalousies voire des haines.

Je suis arrivé au FN sans aucune expérience du monde politique. Mon parcours était principalement celui de la fonction publique qui n’est pas un monde parfait tant s’en faut mais où on fait passer dans une large mesure le travail et les qualités des gens avant d’autres considérations moins objectives. J’ai découvert ce qu’est la vie d’un parti et c’était vraiment intéressant. « Une grande leçon de vie » comme on dit mais ce que j’en ai retiré est bien plus important que les déceptions qui n’ont au fond aucune importance. Marine Le Pen a fait des choix  qui lui appartenaient pleinement. Vous connaissez la formule « gouverner c’est choisir ». La présidente du RN a fait des choix dont j’imagine qu’ils ont été mûrement réfléchi. Vous connaissez l’autre formule « se soumettre ou se démettre ». Je me suis démis. La vie continue et elle est même encore plus excitante et porteuse de promesses. Toutefois, en partant j’ai réitéré à Marine Le Pen mon amitié et ma reconnaissance pour ce qu’elle m’a apporté. Ce n’étaient pas des paroles de convenance, je les ai dites en sincérité.           

Vous dites que c’est Marine Le Pen qui a choisi de ne pas vous offrir les investitures que vous désiriez, que ces choix étaient mûrement réfléchis et que vous ne lui en voulez pas. Cependant, à commencer par le journal le Monde, beaucoup ont effectivement cru voir dans votre départ un mouvement d’aigreur. Mais ce n’est pas interdit d’avoir de l’ambition personnelle, non ?

J’avais déjà indiqué chez vos confrères de Valeurs actuelles que certains feraient circuler le bruit que mon départ reflétait des aigreurs. Si j’étais aigri je ferais ce que d’autres ont fait avant moi, casser du sucre sur Marine Le Pen. Ce n’est pas ce que je fais car comme je l’ai aussi déjà dit j’ai de l’estime pour elle et je pense qu’elle a des qualités incontestables. 

Le pionnier fut Noël Mamère qui passa de la télé à la politique à la fin des années 80. Roselyne Bachelot fut un bon exemple de l’inverse. Mettons cela au débit ou au crédit des changements profonds que les réseaux sociaux et les talk show à l’américaine comme ceux de mon ami Cyril Hanouna ont apporté à notre société. On peut le regretter ou vivre avec, j’ai choisi la seconde solution

La vie serait bien triste sans ambition. On a tous nos ambitions elles vont des plus modestes aux plus hautes. Une sportive veut battre ses records, un patron veut faire croître sa boite, un employé veut voir son travail reconnu et progresser, une chercheuse veut trouver, etc. Un homme politique qui a des convictions veut les faire partager à ses concitoyens. Je suis dans cette démarche et je pense être mieux à même de le faire dans une structure nouvelle, mais ce n’est pas une initiative solitaire. J’ai une équipe qui s’étoffe jour après jour de gens de grande qualité.          

Il se murmure que l’on va vous voir davantage sur Cnews. Si oui, quels sont vos projets sur la chaine ? Faut-il ne pas être encarté dans un parti politique pour travailler sur Cnews ? Ne faut-il pas s’inquiéter des frontières qui s’estompent entre politique et commentateur, journalistes et divertisseurs ? Je ne pense pas forcément à vous, mais je pense à Raquel Garrido, Laurence Sailliet, Jean-Marie Bigard… Aurais-je tort d’y percevoir une sorte de décadence pour la noblesse du politique ?

La noblesse du politique est de parler avec son cœur autant qu’avec sa tête et où qu’on le fasse, dans une réunion publique, au cours d’un dîner avec des militants, sur un plateau de télé ou dans un studio radio. En la matière il y a beaucoup de particules mais pas toujours de vraie noblesse. Passons.

Nous sommes un pays qui adore les débats d’idées et quels que soient nos camps ils sont plutôt de qualité. Quand on a suivi la campagne présidentielle américaine on se rend compte à quel point nous avons en France et dans d’autres pays d’Europe une vie politique dont nous pouvons être raisonnablement fiers.     

Pour répondre à votre question, je suis très heureux d’être un invité régulier de CNews qui à la différence d’autres donne la parole à tout le monde sans parti pris. J’ai l’impression d’un panel très large d’intervenants qui va de la politique à la société civile. Le sujet des frontières entre les genres que vous soulevez est très intéressant. C’est l’honnêteté intellectuelle qui fait la différence. Les téléspectateurs et les auditeurs ont à mon avis acquis une grande maturité. Ils sont parfaitement capables d’apprécier la légitimité et la sincérité de ceux qu’ils regardent ou écoutent. Vous avez cité Laurence Saillet et Raquel Garrido. Leurs prises de position sont partisanes et claires. L’une représente la droite qui se revendique « républicaine » comme si le reste du spectre politique ne l’était pas, Raquel Garrido représente la gauche radicale et immigrationniste et ne s’en cache pas. Jean-Marie Bigard c’est autre chose. Il a voulu suivre brièvement l’exemple de Coluche. C’est un humoriste extrêmement truculent que des millions de Français adorent. Personne ne lui en veut pour cette palinodie.

Toutefois vous avez raison les choses sont devenues plus fluides qu’elles ne l’ont longtemps été. Le pionnier fut Noël Mamère qui passa de la télé à la politique à la fin des années 80. Roselyne Bachelot fut un bon exemple de l’inverse. Mettons cela au débit ou au crédit, comme vous voulez, des changements profonds que les réseaux sociaux et les talk show à l’américaine comme ceux de mon ami Cyril Hanouna ont apporté à notre société. On peut le regretter ou vivre avec, j’ai choisi la seconde solution car tant que l’on a quelque chose d’utile à apporter au débat public, il faut s’exprimer.

L’occupation de cet espace médiatique compte-t-il plus que le militantisme sur le terrain, de nos jours ?

Les deux. Je suis surpris de voir la complémentarité entre les médias et le « terrain ». Très régulièrement quand je suis interpellé dans l’espace public ou dans des réunions militantes, on me rappelle des émissions auxquelles j’ai participé, les propos que j’ai tenus, et cela crée une opportunité d’échanges nouveaux, personnels cette fois-ci.   

Je ne crois pas que le choix identitaire d’un nombre croissant de Français reflète une volonté de rechristianisation des valeurs…

Vous dites avoir pris des positions franches sur certaines thématiques. Pourquoi ne faites-vous pas la distinction convenue entre islam et islamisme ?

Est-ce que vous faites une distinction entre catholicisme et catholicisme intégriste, entre judaïsme et judaïsme ultra, entre hindouisme et hindouisme extremiste ? Non. Tout le monde y voit une question de degré, pas une religion à part. Pour l’Islam et l’islamisme on tente de nous faire croire que ce sont deux espaces de pensées séparés. D’ailleurs que fait-on dans les centres de déradicalisation? On ne tente pas de désislamiser, on tente de faire revenir des gens qui sont dans une lecture littérale et historique du Coran à une remise dans son contexte contemporain d’un texte révélé ou constitué selon les croyances il y a 14 siècles dans un monde nomade, rude, et guerrier. Je fais une différence entre islam et islam radical mais je me refuse à cette pudeur sémantique entre une religion et sa dérive extrémiste. Par contre il faut bien admettre que cette dérive extrémiste est bien plus répandue et plus violente dans l’Islam que dans les autres religions. Y a-t-il un terrorisme chrétien, juif, bouddhiste ou hindouiste à échelle mondiale ? À l’évidence, non. Et cela oblige sinon à conclure du moins à réfléchir.

Beaucoup de militants de votre camp politique attendent le retour de Marion Maréchal. Mais revenons à Marine Le Pen. Vous avez déclaré qu’elle est une femme sympathique, très humaine, qui a du caractère, des convictions et de la constance. Mais vous dites également que les Français attendent d’un présidentiable qu’il maitrise bien les questions économiques. Je retrouve dans cette affirmation une critique régulièrement faite à la patronne de la droite nationale. Avec son positionnement ni droite ni gauche, elle n’est pas parvenue à casser le « plafond de verre ». Une candidate de droite plus assumée, libérale économiquement, inflexible sur les valeurs chrétiennes / familiales ou l’identité de la France serait-elle de nature à emporter davantage l’adhésion de nos compatriotes ? 

C’est une question complexe. 

Je ne crois pas qu’il y ait une appétence majoritaire pour une idéologie de droite. Il y a une aspiration au bon sens. Est-ce que réduire la fraude et les gaspillages qui minent la dépense publique et sociale est une idée de gauche, de droite ou tout simplement de bon sens? Est-ce qu’arrêter des immigrations dont les caractéristiques identitaires rendent leur assimilation à notre société difficile voire impossible relève d’une idéologie ou de la simple intelligence ? Est-ce que constater une parfaite corrélation entre l’inexorable montée du coût du travail par les charges, l’impossibilité de dévaluer après l’euro et notre désindustrialisation dramatique ressort d’un choix idéologique ou d’une réflexion rationnelle?

Est-ce que vouloir financer un modèle social protecteur auquel tout le monde tient par la croissance et la justice fiscale constitue une dangereuse utopie ou une aspiration légitime?    

Par ailleurs, je ne crois pas non plus que le choix identitaire d’un nombre croissant de Français reflète une volonté de rechristianisation des valeurs. Il y a un attachement à notre passé majoritairement chrétien et minoritairement juif, mais il n’y a pas d’appétence pour un retour à une forme d’ordre moral.

Je constate par exemple que le « mariage pour tous » est approuvé par une très franche majorité de nos concitoyens, que la PMA étendue aux couples lesbiens recueille également le soutien de 60% des Français, etc. Toutes ces évolutions sociétales que l’on peut apprécier ou regretter selon ses convictions sont des marqueurs identitaires de notre pays, un pays européen. C’est ce dernier qualificatif qui compte en fait. Ce que veut à mon avis une majorité de Français c’est que la France métropolitaine reste un pays européen et ne devienne pas un bazar multi-ethnique 1/3 « black », 1/3 « blanc » et 1/3 « beur » et un islam devenu première religion de France, auquel nous condamne à long terme les politiques migratoires actuelles. Il n’y a là aucun manque de respect pour ces peuples, mais chacun sa terre. Cela n’exclut ni l’amitié, ni la coopération, ni l’aide de « riches » à « pauvres » si elle va dans les bonnes mains, ni les échanges commerciaux, culturels, scientifiques, touristiques, etc. Mais cela exclut la colonisation de peuplement de la France européenne par le Maghreb, l’Afrique sub-saharienne et le Moyen-Orient. Pour les « progressistes », l’invasion est un progrès mais seulement quand elle frappe les peuples européens, ils dénoncent par contre les colonisations de peuplement qui touchent les terres des peuples indigènes en Amazonie, en Inde, en Indonésie, au Tibet, etc.  Eh bien il faut leur répondre très tranquillement qu’il y a un peuple indigène en France et que sa capacité d’accueil est dépassée, largement.

Le droit à l’IVG est irréversible, ce qui est contesté et à raison c’est sa banalisation totale et l’extension continue de la période d’exercice de ce droit jusqu’à l’âge ou un fœtus deviendrait presque un prématuré viable voulue par les féministes « progressistes”.



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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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