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Jean-Marc Obama et Jean-François Romney


Jean-Marc Obama et Jean-François Romney

Romney Obama USA

Au moment où j’écris ces lignes, nous sommes mardi 6 novembre, il est 21h05 et je ne sais pas qui est le nouveau président des Etats-Unis.
J’écoute Please, mister Postman, extrait d’une compilation des Marvelettes, un girl group américain des sixties et, une fois ce délicieux morceau terminé, j’aurai le choix entre commencer la lecture d’un roman noir américain, Heureux veinard de S.G Brown (Série Noire, 22 euros 50), celle d’une étude très sérieuse de Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer sur une série américaine – 24 heures chrono. Le choix du mal, (PUF, 12 euros), revoir Outrages de Brian de Palma (sur TCM à la demande) qui est le film le plus intimiste donc le plus poignant sur la guerre du Vietnam ou de regarder toute la nuit les chaines infos sur le déroulement des élections américaines.
Et après, on dira que je suis anti-américain…

Je crois que je vais choisir les chaînes infos. Parce que je suis camé aux soirées électorales, même celles des autres. Une soirée électorale vaut tous les polars. Si le résultat est connu d’avance, c’est une tragédie comme dans le roman noir et les protagonistes n’ont plus qu’à accepter leur destin. Si au contraire l’issue est incertaine, on est dans un thriller où tous les retournements de situations sont possibles.
Cela semble bien être le cas cette fois-ci entre Obama et Romney.

Même si les Etats-Unis, ce n’est plus ce que c’était, question leadership planétaire, on est quand même tous plus ou moins concernés. Par exemple, si c’est Mitt Romney qui est élu, je ne serai pas étonné que l’Iran soit bombardé avant Noël. Et on sait depuis l’Irak et l’Afghanistan qu’à chaque fois que les USA entrent en guerre contre un Empire du Mal, primo ils perdent et secundo la situation des pays en question est pire après qu’avant. On avait un Iran terriblement agressif, on aura un Iran terriblement agressif ET terriblement irradié.
Et puis sérieusement, élire un Mormon… Une religion révélée par des cow-boys à d’autres cow-boys, façon, « Il était une fois Dieu dans l’Ouest », une religion où l’on ne boit pas d’alcool (les chefs d’Etats abstèmes sont souvent hargneux, c’est historiquement prouvé), où l’on a reconnu que les Noirs avaient une âme à la fin des années 70 et où le seul côté positif, une polygamie bien comprise, a été supprimé beaucoup trop vite. Une religion qui baptise les morts, pour couronner le tout. Ça aide peut-être les généalogistes mais c’est métaphysiquement discutable.

Bon, Obama, ce n’est pas le rêve non plus. Quand on écoute certains médias, on a l’impression que c’est Che Guevara, Robin des Bois, Martin Luther King et Kennedy dans la même personne. En fait, d’un point de vue politique, Obama c’est plutôt Jean-Marc Ayrault en Noir. Un type légèrement de gauche et qui se croit obligé de faire une politique social-libérale. On espérait qu’il allait mettre Wall Street au pas, la jouer Roosevelt et ramener la paix au Proche-Orient, il a surtout été dans la demi-mesure et la prudence. Il a réussi à créer quelque chose qui ressemble à la Sécu, il a tué Ben Laden mais il n’a pas fermé Guantanamo, cet endroit où, dirait Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer quand il parle de l’Amérique de Jack Bauer, on a fait « le choix du mal » au nom du bien, dans l’espoir de sauver des milliers de vies par ailleurs.
Du coup, Obama, à force d’être trop à gauche pour la droite et trop à droite pour la gauche, se retrouve avec un vrai réac en face de lui, un type décomplexé persuadé que plus les riches sont riches, mieux ça va aller pour tout le monde, même pour les pauvres qui souvent, s’ils sont pauvres, l’ont bien cherché car ce ne sont que des assistés et souvent des assistés étrangers, en plus. Bref, Obama se retrouve face à Jean-François Romney.

Alors, il me semblerait assez juste, étant donné que la mondialisation a fait des problèmes américains les problèmes du monde entier, que l’humanité entière puisse voter pour le président des USA. Les élections américaines, depuis Bush junior, posent des questions qui intéressent toute l’humanité. Le rôle de l’Etat : providence ou pas ? De la finance : régulée ou pas ? De la politique internationale : choc des civilisations ou pas ?
Comme disait jadis un célèbre éditorialiste atlantiste et néoconservateur : « Nous sommes tous américains. »
Finalement, il avait raison.

Allez, je vous laisse. Je vais aller zapper entre BFM et I Télé, moi, à défaut d’avoir pu voter. C’est aussi pour ça que je suis pour le vote des étrangers, d’ailleurs.

*Photo : Stijn Vogels.



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