Ne vous fiez pas à la fausse bonhomie de son très proche Manuel Bompard, dépêché hier soir sur TF1, pour le remplacer face à MM. Attal et Bardella. Ne vous fiez pas aux pleurnicheries de cette « tortue sagace » qui affirme que ses partenaires politiques aiment le « torturer » et l’ « humilier ». Mélenchon les méprise, et les trouve médiocres. Si la baroque alliance du Nouveau Front Populaire dominée par LFI remportait les législatives, le leader de l’extrême gauche entend bien aller à Matignon.
Lundi soir, dans « l’Évènement, l’interview » – Législatives 2024, sur France 2, Jean-Luc Mélenchon a répondu en direct aux questions de Caroline Roux. Le vieux loup gris est apparu tel qu’en lui-même, sans même prendre la peine de se travestir dans le déshabillé de la Mère-grand. On l’a entendu éructer, babines mousseuses et retroussées sur des canines encore tranchantes. L’histrion aussi patelin que goguenard et menaçant, sans nous épargner ses habituelles rodomontades, s’est répandu en imprécations et autres anathèmes pour nous donner l’un de ses meilleurs numéros. À l’issue de la prestation du bateleur, et c’est toujours ça de pris, ni les ralliés à LFI qui se sont compromis dans le Nouveau Front Populaire ni leur électorat ne douteront plus de l’aspiration farouche du Lider minimo à accaparer un pouvoir qu’il prétend, sans convaincre personne, ne pas désirer pour lui mais qu’il accepterait, bien sûr, s’il se trouvait dans l’obligation de faire don de sa personne à la France.
Il est très show, Méluche !
Le show aura aussi eu le mérite d’édifier sur les joyeux projets pour la France de notre saltimbanque et de ses affidés. Le drille m’a rappelé le Marat des Mémoires d’outre-tombe, (Livre neuvième- Chapitre 3) décrit par mon cher Chateaubriand : « (…) l’embryon suisse Marat, les pieds nus dans des sabots ou des souliers ferrés, pérorait le premier en vertu de ses incontestables droits. Nanti de l’office de fou à la cour du peuple, il s’écriait avec une physionomie plate et ce demi-sourire d’une banalité de politesse que l’ancienne éducation mettait sur toutes les faces : « Peuple, il te faut couper deux cent soixante-dix mille têtes ! », « Caligula de carrefour ».
Recension de l’épisode savoureux.
Caroline Roux, pour chauffer le briscard madré, a d’abord évoqué la déclaration faite par ce bateleur sans vergogne lors d’un récent meeting : « J’ai l’intention de gouverner ce pays » et le peu d’enthousiasme suscité par celle-ci chez les coalisés contre « l’essstrêssme droite » et leurs soutiens dont François Hollande, Lionel Jospin, Fabien Roussel, Marine Tondelier, Raphaël Glucksmann. Notre birbe encore gaillard s’est alors insurgé avec véhémence contre les attaques que lui infligent les médiocres et les évincés du Nouveau Front Populaire qui « cherchent à le torturer, l’humilier le plus possible » au lieu de s’aplatir, comme il se doit, devant son auguste personne qui garantit le vote musulman : « Mélenchon, c’est un nom qui fait ouvrir les portes quand on est dans les quartiers populaires », assure-t-il. Il poursuit, cherchant à intimider ses partenaires achetés : « Je dis à Olivier Faure : attention, si les électeurs insoumis ne viennent pas voter pour toi, tu ne seras pas élu. » Un seul mot d’ordre pour Mélenchon qui se considère, sans vanité, précise-t-il, comme « l’atout » indispensable à la victoire de la gauche : soumettez-vous aux Insoumis. Il ajoute ensuite qu’en raison de son « expérience » corrélée à son « caractère », lui seul est susceptible de faire plier ces salauds de riches pour les forcer à accepter le nouvel impôt sur la fortune et l’impôt universel sur les sociétés étrangères. Que les blaireaux besogneux des classes moyennes qui se sont fourvoyés au RN se rassurent : « en dessous de 4000 euros, personne ne paiera plus. » Il n’est question, en fait, que de faire raquer les autres: « on rentrera plus d’argent en mettant moins à contribution les classes moyennes » ; avec 8% des plus riches, on financera le programme. Et que ceux qui « ne veulent pas donner un rond » et qui ne connaissent « pas plus le prix du malheur que celui du bonheur » aillent se faire lanlaire !
Il pense pouvoir arrêter Poutine en une nuit
Quand il sera question, plus tard, du tropisme antisémite de notre homme, on ne pourra qu’apprécier sa défense, convaincante, indubitablement : « Pour d’innombrables raisons je ne peux rien avoir avec l’antisémitisme et d’ailleurs je ne vois pas pourquoi je serais antisémite. » Et puis, rappelle ensuite le drôle, montant dans les tours et vociférant pour dissimuler sa diversion, les considérations de boutiquiers sordides, ennemis de genre humain, de la fraternité universelle, de la féminitude et des minorités intégrées dans un pays désintégré, demeurent dérisoires au regard de la guerre qui menace sur tous les fronts et dont tout le monde est responsable, excepté, on s’en doute, LFI et ses sbires. « Nous avons 2000 militaires sur le front de l’est, nous sommes exposés parce que nous avons 700 militaires au Liban, ensuite parce que les territoires de Polynésie et compagnie dans l’océan Pacifique nous exposent en première ligne. » « Tout ce qu’on raconte peut s’arrêter en une nuit si on va trop loin dans l’escalade. », conclut le démagogue, lapidaire. À la dernière question posée par Caroline Roux : « Si le RN arrive aux responsabilités et obtient la majorité absolue, respecterez-vous le verdict des urnes ? », on frémit à réponse de notre républicain : « Par définition, oui (…) qui a peur du peuple souverain n’est pas un démocrate. » Notre « tortue sagace » (Mélenchon se qualifie ainsi) se couplant à l’anguille retorse, précise : « Ça sera à nous de bien nous assurer que le RN respecte la République et ses principes fondamentaux. » On imagine que Mélenchon et ses séides ont une manière toute subjective d’envisager la chose…
Fervente lectrice de Chateaubriand, je ne doute pas de la portée des élucubrations narcissiques du sieur Mélenchon (Qui n’aspire qu’à nous rejouer la Terreur) sur un peuple chauffé à blanc qui ne demande, par conséquent, qu’à investir la scène et m’en inquiète, sachant que : « (…) pris collectivement, le peuple est un poète, auteur et acteur ardent de la pièce qu’il joue ou qu’on lui fait jouer. Ses excès ne sont pas tant l’instinct d’une cruauté native que le délire d’une foule enivrée de spectacles (…) » Mémoires d’outre-tombe, (Livre neuvième – Chapitre 4). Peut-être en est-il de notre Cinquième République comme il en fut autrefois de la royauté. Mais, sans doute, Jean-Luc Mélenchon devrait quand même garder en mémoire, la fin de Danton, Marat, Camille Desmoulins, Fabre d’Églantine ou de Robespierre…
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !