Accueil Édition Abonné Avril 2020 Giono, le provençal universel

Giono, le provençal universel

Notre Homère c'est lui


Giono, le provençal universel
Portrait de Jean Giono, (1937) par Eugène Martel © Jean Bernard/ Leemage

Originaire de Manosque, Jean Giono (1895-1970) demeure le seul écrivain païen de langue française. Un volume de « La Pléiade » permet d’explorer différentes facettes de son oeuvre lumineuse dont la nature est le cœur vivant.


« Il y aura eu d’abord pour nous comme une fraîcheur d’eau au creux de la main. » C’est ainsi que Philippe Jaccottet termine la préface à sa traduction de l’Odyssée, la plus belle sans doute. C’est aussi la sensation que laisse la lecture de l’œuvre de Jean Giono dont on célèbre cette année le cinquantenaire de la mort. Est-ce tout à fait un hasard ? Giono écrit un de ses premiers livres, Naissance de l’Odyssée, qui paraît en 1930, sous les auspices d’Homère, le grand aveugle qui voyait tout. Il s’agit d’une relecture presque bouffonne du mythe d’Ulysse : le héros de la guerre de Troie n’a pas vécu toutes les aventures qu’on lui connaît, il a simplement pris son temps, ce franc buveur qui parle bien, pour rentrer à Ithaque, peu pressé de retrouver Pénélope. Alors, pour expliquer son retard de dix ans, il ment et il invente. Mais il le fait avec un tel art qu’on préfère le croire. « Si la légende est plus belle que la réalité, alors imprime la légende », dit une réplique célèbre de L’homme qui tua Liberty Valence de John Ford.

Giono hors du temps

On peut y voir une clef de l’art poétique de Giono. Il ne sera pas un auteur réaliste, ce qui ne veut pas dire, au contraire, qu’il ne nous donnera pas à voir une autre réalité, peut-être plus vraie, plus essentielle. C’est Homère qui permet cette transfiguration émerveillée pour Giono, et cela dès l’enfance. Dans Jean le Bleu (1932), son seul livre réellement autobiographique, il se décrit enfant au milieu des moissons. Un ouvrier agricole, « l’homme noir », lui donne l’Iliade : « Je lus l’Iliade au milieu des blés mûrs. On fauchait sur tout le territoire. Les champs lourds se froissaient comme des cuirasses. Les chemins étaient pleins d’hommes portant des faux. […] Cette bataille, ce corps à corps danseur qui faisait balancer les gros poings comme des floquets de fouets,


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Avril 2020 - Causeur #78

Article extrait du Magazine Causeur




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