Une tribune de Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate.
Par lâcheté ou par ignorance, à moins que ce ne soit les deux, la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a validé le principe de l’application de la charia en marge du droit commun grec, par sa décision du 19 décembre 2018 Molla Sali contre Grèce. Les juges de Strasbourg ont ainsi une fois de plus pris le parti de la destruction de notre culture et de nos institutions plutôt que celui de leur défense. Cet arrêt va dans le sens du communautarisme puisqu’il permet aux Etats européens de prévoir, s’ils le souhaitent, l’application d’un droit coutumier dérogatoire. Or, un tel droit des minorités ne devrait avoir aucun statut juridique dans les pays européens.
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Par ailleurs, et ça n’est pas moins grave, cette même décision sonne le glas de toute volonté politique d’intégration ou d’assimilation des populations immigrées dans les pays de l’Union européenne. En effet, dans la mesure où ces populations conservent le droit de pratiquer leur langue et leurs coutumes, la dernière possibilité de participer à l’effort politique commun passe par le partage des principes juridiques de nos sociétés. Ce n’est même plus le cas.
Enfin, quel meilleur encouragement que cette décision à pratiquer une forme de justice « parallèle », indépendante de nos systèmes judiciaires ? Qu’est-ce qui pourrait empêcher les communautés musulmanes de faire appel à des juges islamiques qui viendront prononcer leurs sentences au nom de l’Islam avec des chances réelles de voir leurs décisions acceptées par la justice des pays hôtes ? Nous ne sommes même plus ici dans une logique communautariste, mais bel et bien dans une démarche de séparation pure et simple.
Cette distorsion croissante entre, d’une part, le modèle politique porté par les décisions de la CEDH, et, d’autre part, l’organisation et les principes de nos sociétés, est de plus en plus problématique. Elle justifie à elle seule que la France quitte cette organisation, comme je l’ai demandé en particulier comme candidat à l’occasion de la primaire de la droite et du centre en 2016.
Mais il y a plus grave : ce mouvement communautariste et même séparatiste, refusant les politiques d’intégration, correspond exactement au plan de conquête de l’Occident par la charia, élaboré il y a presque 20 ans par les Etats musulmans membres de l’organisation de la coopération islamique. Cette stratégie, présentée dans un document public intitulé « Stratégie d’action culturelle islamique à l’extérieur du monde islamique » exhorte les communautés musulmanes occidentales à agir exactement dans le sens que prône la CEDH : refus de l’intégration, inscription dans une logique communautariste et revendicative, instauration d’institutions parallèles (voir sur ce sujet mon livre : L’Islam à la conquête de l’Occident, Ed. du Rocher). C’est du « pain bénit » (si l’on ose dire…) pour les Etats musulmans que de trouver au plus haut sommet des institutions européennes des alliés objectifs de leur plan de conquête ! De la part des institutions en question, de la CEDH en l’occurrence, ce n’est ni plus ni moins qu’un acte de collaboration objective avec l’adversaire.
Devant ce qui relève donc d’une véritable trahison institutionnelle et civilisationnelle, j’en appelle à ce que les débats des prochaines élections européennes soient alimentés par l’insupportable dérive de ces organisations qui ont perdu le sens de leur vocation, impriment à notre continent et aux Etats membres de l’Union une trajectoire politique dont les peuples ne veulent pas. S’il y a une réforme à faire en priorité pour faire fonctionner l’Union européenne et la rendre respectueuse de l’Europe, ce sera bien celle-là : quitter la Cour européenne des Droits de l’Homme.
Dernière modification: 28/12/2018, 17h37.
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