Armé de son savoir encyclopédique et d’un humour dévastateur, Jean-François Kahn consacre un dictionnaire entier à la lettre M. De « Macron » à « mécanique » en passant par « Malraux », le fondateur de Marianne nous régale de ses marottes. Et signe un autoportrait en creux.
Ses proches le savent : Jean-François Kahn reste un enfant surdoué qui, à 80 ans, a conservé une soif d’apprendre – ou libido sciendi – tous azimuts. Pour ceux qui ne connaissent le fondateur de Marianne que par médias interposés, la lecture de M la maudite, la lettre qui permet de tout dire, sera une heureuse rencontre avec cet esprit foisonnant.
La première chose qui saute aux yeux est la prolixité – 660 pages et des centaines d’entrées –, ainsi que la diversité des sujets. Rien ne semble épuiser le désir de comprendre et le besoin d’expliquer, d’argumenter et de convaincre, qui anime JFK. D’articles lapidaires jetés en quelques mots – « Mitigé (accueil) : Hostilité totale qui se pommade », « Made in : China » – jusqu’à de longs développements d’une dizaine de pages (« Mai 68 ») en passant par des entrées moyennes de deux ou trois pages, JFK brasse des univers très divers avec espièglerie et boulimie. Ce grand admirateur de Victor Hugo a poussé la démarche littéraire de celui-ci jusqu’au bout : abandonner le roman et garder uniquement les digressions… Ce recueil de digressions, il l’appelle « contre-encyclopédie », un terme qui mérite bien un petit détour
