L’art a toujours porté la promesse de nous libérer du temps et de la mort. Devenu « contemporain », il s’est soumis au présent et à l’argent. Désacralisé par la modernité, l’art n’honore plus la vie. Ce qui signifie qu’il se meurt.
Ce que nous appelons « art » est cet objet inutile qui se laissait autrefois entrevoir dans les temples, puis dans les églises du MoyenÂge, à demi caché et relégué dans les hauteurs, déployé enfin dans les palais des puissants, et aujourd’hui ce fourbi sans destinataire et sans but qui s’étale dans les musées.
Soumission au temps
L’art « contemporain », par son étymologie, est l’art de son temps, né de son temps. Concubinage chaque fois renouvelé de la création avec la poussée des heures, il fait parfois apparaître des monstres, des êtres dont on supporte à peine la vue.
Curieusement, depuis que le mot « art » lui-même s’est imposé pour désigner la capacité de fabriquer des œuvres qui ne seraient plus d’ordre utilitaire, pratique ou consumériste, il ne prétend plus se délivrer du temps. « Contemporain », l’art est au contraire celui de la soumission au temps. Et, version militante, quasi guerrière, il y a l’art d’« avant-garde », pratiqué par des milices héroïques,
