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Castex: 66 millions de procureurs échappent à un nouveau confinement…

... jusqu’à une prochaine allocution


Castex: 66 millions de procureurs échappent à un nouveau confinement…
Le Premier ministre Jean Castex accompagné du ministre de la Santé, Olivier Veran, au siège de l'ARS, (Agence régionale de santé) Ile-de-France, mobilisée dans la lutte contre la Covid-19. 25 janvier 2021 © Stephane Lemouton-POOL/SIPA Numéro de reportage : 01001468_000014

À la surprise générale, le Premier Ministre Castex n’a pas annoncé hier soir le reconfinement qui nous semblait promis. Toutefois, le couvre-feu va être durci, et les frontières fermées à partir de dimanche… alors qu’on nous disait il y a un an que le virus n’avait pas de passeport. Masques, tests, vaccins, communication gouvernementale: faut-il voir de l’amateurisme ou de l’incompétence?


Ce n’est pas parce que je ne me considère pas comme l’un des multiples médecins que l’épidémie a engendrés, que je n’écoute pas ce qui se dit autour de moi, de la part de spécialistes comme du commun des citoyens.

66 millions de procureurs

Ce n’est pas parce que je n’ai jamais été sur la ligne facile du « il n’y a qu’à » et du « il suffit de », que l’appréciation d’Emmanuel Macron sur les Français qui seraient tous « des procureurs » ne m’apparaît pas sujette à caution: il y aurait de quoi requérir contre le gouvernement sur le plan sanitaire depuis le début de l’année 2020…

Ce n’est pas parce que j’en ai assez de ces débats médiatiques tournant avec une régularité lancinante autour de la Covid-19, des modalités de la lutte, du confinement ou non, des personnes vulnérables ou non, que je ne mesure pas le degré d’insatisfaction d’une large part de la France qui travaille et qui est condamnée à être à l’arrêt, pour l’essentiel comme pour ce qui l’est aussi mais autrement, comme la culture.

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J’évoque la fronde qui à bas bruit puis plus intensément depuis quelques mois, altère le climat national au point que le président de la République hésite à proposer, malgré des statistiques inquiétantes, un régime plus dur. Il craint que l’acceptabilité sociale ait atteint déjà son comble. Sans mauvais esprit, il faut admettre qu’il y a des erreurs, des carences, des abstentions et des dysfonctionnements qui n’ont pas manqué et que cette protestation, sur certains points n’est pas illégitime. Comme nous n’avons pas de masques, on nous dit initialement qu’ils ne sont pas nécessaires. La méthode proclamée – tester, tracer, isoler – a été un fiasco.

Les vaccins dont on savait depuis plusieurs semaines qu’ils allaient heureusement survenir n’ont pas fait l’objet de la logistique et de l’organisation qui aurait dû leur correspondre, avec notamment une latitude laissée aux maires qui n’ont pas cessé de piaffer parce qu’ils mettaient des lieux à disposition mais n’avaient pas les doses. Malgré la pauvreté hospitalière qui a fait l’objet d’un constat consensuel au début de l’année 2020 et en dépit des promesses présidentielles et ministérielles, rien n’a été accompli pour combler le gouffre entre ce qui existait hier et ce qui aurait dû exister aujourd’hui.

Ces mesures réclamées qui arrivent bien tard

La communication du gouvernement, d’Edouard Philippe à Jean Castex, n’a cessé de se dégrader. On a entendu beaucoup, voire trop, de responsables politiques sur le plan sanitaire et leur parole profuse, loin d’aider à la compréhension des autorités médicales et scientifiques elles-mêmes divisées, a ajouté à l’incertitude. Je conçois qu’une forme de pragmatisme et une adaptation au réel imprévisible et fluctuant étaient obligatoires mais elles n’interdisaient pas d’avoir un dessein clair et cohérent. Ce dernier n’est jamais venu nous rassurer.

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L’intervention du Premier ministre, le 29 janvier, n’a pas apporté véritablement d’éléments nouveaux. Le pays a échappé au reconfinement mais les autres mesures, notamment celles concernant la fermeture des frontières dans l’Union européenne et avec le reste du monde auraient dû être prises depuis longtemps. Pourquoi faut-il que ce qui est nécessaire soit toujours si tardif et que ce qui pourrait nous sauver soit mis à disposition avec tant de parcimonie ? 

Je crains fort que de « revoyure » en « revoyure », nous finissions par devoir supporter un jour une mise sous cloche encore plus drastique de la France, qui nous sera cette fois communiquée solennellement par le président. Je relève qu’on ne s’est pas orienté vers un partage opératoire et précautionneux entre les personnes âgées et vulnérables d’une part et de l’autre le pays actif, jeune, en pleine force, résistant, qui n’en peut plus de mourir économiquement et psychologiquement à petit feu.

Les conseils de défense se succèdent alors que 2022 se rapproche

Amateurisme ou incompétence ? Bonne volonté ou défaillance structurelle ? Comportements imparfaits, pas assez professionnels, ou bureaucratie étouffante ? Trop de Conseils de défense, avec une solitude régalienne, ou trop peu de débats parlementaires ?

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J’accepterais l’hypothèse de l’amateurisme et de la bonne volonté, pas gratifiante en elle-même sans être déshonorante, si face aux accusations, le pouvoir n’avait pas réagi trop souvent avec arrogance – ce qui était la pire des attitudes alors qu’on aurait espéré une industrieuse et efficace modestie – et en affirmant que notre pays était bien classé par rapport à d’autres nations : argument discutable dont Jean Castex a encore usé ! Nous n’étions pourtant pas loin de la queue, en tout cas pour les vaccins. Avec, en plus, dorénavant, les « primo-injections reportées » selon Olivier Véran.

En 2022, l’enjeu sanitaire et la politique mise en œuvre depuis le début de l’année 2020 ne seront pas loin de constituer le débat central.



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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