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#Je Suis Paul: Anne Hidalgo à la récupération?

Le non-respect du Code de la route par les vélos attendra...


#Je Suis Paul: Anne Hidalgo à la récupération?
Rassemblement en hommage au cycliste tué Paul Varry, Paris, 19 octobre 2024 © Alfonso Jimenez/Shutterstock/SIPA

La maire socialiste de Paris a décidé de renommer un lieu de la capitale en hommage à Paul Varry, tué par un automobiliste mardi.


Le meurtre du cycliste Paul Varry par un automobiliste à Paris continue de susciter beaucoup d’émotion. Un meurtre présumé, car l’enquête devra établir s’il y a bien eu intention homicide. L’émotion est légitime : une vie est fauchée, une famille est endeuillée, une autre détruite. Une mort si absurde. Faut-il pour autant donner son nom à un lieu parisien, comme veut le faire Anne Hidalgo, qui sait mettre du kitsch dans toutes les tragédies ? Cela signifierait que Paul Varry n’est pas la victime d’un crime odieux, mais le héros d’une cause plus grande que lui.

Un fait divers ?

Question inévitable : sommes-nous en présence d’un fait divers ou d’un fait de société ? Il y a des tragédies de droite et des tragédies de gauche. Mme Hidalgo ne proposerait évidemment pas de baptiser une rue Philippine. Pour la gauche, la mort de Paul Varry, quoiqu’exceptionnelle, n’est pas un événement isolé. D’où les rassemblements et revendications du week-end – que font les pouvoirs publics ? Le Monde dénonce le déni de la violence routière[1]. Pour tous ces gens, c’est une nouvelle occasion de prêcher la bonne parole: la voiture c’est mal, et le vélo c’est bien. La voiture tue ! Surtout les SUV… Il faut interdire les grosses voitures, clame le conseiller municipal communiste Ian Brossat. En plus, c’est macho. Ceux qui veulent que Mazan soit le procès de la masculinité sont les mêmes que ceux qui nous disent que la voiture tue et que ce sont évidemment les hommes qui les conduisent. En somme, interdisons les hommes et les voitures et tout ira bien.

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Je ne plaisante pas sur la mort d’un jeune homme. J’ai même beaucoup de compassion pour sa famille. Mais je me moque de ces raisonnements suscités par sa mort. Ce n’est pas un camion qui a tué à Nice le 14 juillet 2016. Ce n’est pas un SUV qui a tué Paul Varry. Ni une idéologie. C’est un homme. Cependant, je ne crois pas non plus que ce soit complètement un fait divers. Cela nous dit quelque chose sur notre société, et raconte une autre histoire que celle des gentils vélos contre les méchantes autos.

Cohabitation des « mobilités »

L’intolérance à la frustration semble manifeste dans cette affaire. Tout m’est dû, l’autre n’existe pas. Cela n’est pas propre à la voiture. Je frappe mon prof, j’insulte la police. Certes, ce phénomène est aggravé par le fait que chez certains, la voiture est un prolongement érotique. Si ça se trouve, le vélo aussi… La violence existe chez l’homme, même en vélo. La question qui se pose est celle de la répression des instincts, c’est-à-dire celle de la civilisation qui ne se porte pas très bien.

La cohabitation des «mobilités» (comme on dit dans la novlangue parisienne) est de plus en plus tendue. Parlez à un taxi ou à cycliste: vous entendrez des récits irréconciliables. La terreur des taxis ou des chauffeurs de bus, c’est de renverser un cycliste. Les vélos ne respectent pas les règles du Code de la route même si, à Paris, ça s’améliore un peu. Ce n’est pas leur faute. Le problème n’est pas qu’on demande aux automobilistes de partager la ville avec les vélos, mais qu’on a expliqué aux cyclistes qu’ils étaient moralement supérieurs. Et ces nigauds ont fini par le croire.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

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[1] https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/19/sortir-du-deni-de-la-violence-routiere_6355650_3232.html



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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