Ce mois-ci, Jean-Paul Lilienfeld laisse sa chronique à un retraité du bout du monde qui en sait long sur l’avenir possible de la France pour l’avoir lui-même vécu au Japon. Lettre d’un vieil anonyme japonais aux vieux (et moins vieux) anonymes français.
Je remercie beaucoup Jean-Paul de laisser sa chronique du mois de février à un vieux Japonais anonyme. J’ai appris votre belle langue en prison, dont je dois malheureusement sortir la semaine prochaine. Je suis très fier de la pratiquer maintenant suffisamment bien pour vous raconter mon histoire. Non pas qu’elle soit particulièrement intéressante. Non. C’est justement parce qu’elle est dramatiquement banale que je la crois digne d’être portée à votre connaissance.
Peu importe mon nom. Je pourrais m’appeler autrement, mon histoire serait malheureusement la même. Je suis né en 1947. Je précise cette date, car l’ironie du destin la rend… Vous dites « facétieuse », je crois ? 1947, c’est l’année ou le système du « ie » a été aboli du code civil japonais. Comme toutes les pratiques culturelles, il n’a pas disparu du jour au lendemain et je l’ai connu dans mes jeunes années. Mais aujourd’hui il serait inadmissible.
Les parents âgés vivaient chez leur fils aîné qui héritait des biens familiaux tandis que sa femme, qui à son mariage abandonnait sa famille pour intégrer celle de son époux, prenait soin de ses beaux-parents. Ce n’était pas tout à fait féministe, mais la cellule familiale était préservée et la fin de vie des aînés était
