Déportations, exécutions de masse, famines… Malgré l’horreur de l’expérience communiste, le mirage égalitaire continue d’éblouir une jeunesse bernée par sa propre inculture. C’est pour elle que James Bartholomew a fondé le Musée de la terreur communiste, dont les témoignages vidéo, documents et objets sont propres à dessiller les rêveurs les plus naïfs.
Avec gourmandise, James Bartholomew, journaliste et essayiste londonien reconverti en directeur de musée, démaillote de son papier bulle sa dernière acquisition, puis extrait d’une boîte capitonnée de satin une figurine de 30 centimètres de haut en parfait état représentant l’un des épisodes les plus abjects du maoïsme. Un garde rouge en porcelaine peinte parade, le pied posé sur le dos d’un intellectuel à genoux. Le héros de la Révolution culturelle brandit d’une main le Petit Livre rouge, et de l’autre désigne du doigt l’ennemi du peuple. L’objet, glaçant, dûment légendé, devrait marquer les esprits et ouvrir les yeux d’une génération peu au fait de l’histoire du communisme. Un sondage de 2015 publié par le think tank anglais New Culture Forum révélait que 70 % des 16-24 ans ignorent qui est Mao Zedong.

Longue est la route par le précepte, courte et facile par l’exemple… « Mon ambition n’est pas de changer le monde, mais de nous protéger du désastre. Il faut informer le public de la réalité du communisme », dit Bartholomew en dépliant le prototype d’un fascicule intitulé « Communisme : un recueil des faits », rédigé par ses soins et maquetté par un graphiste bulgare et bénévole. L’ouvrage, bourré de repères historiques et de données chiffrées, est destiné à être distribué dans les écoles. Un nouveau Petit Livre rouge ? « Plus court et nettement plus fiable », rigole Bartholomew.
94.35 millions de morts
Khieu Samphan, numéro 2 du régime khmer rouge, donna un jour à de jeunes révolutionnaires sa définition du communisme : « Zéro pour toi, zéro pour moi, la vraie égalité. » C’est cette calamité que Bartholomew voudrait éviter
