L’étudiant Victor était infiltré à une formation d’une heure trente instaurée suite à l’affaire Olivier Duhamel. À la manœuvre, à en croire les diapositives de la formation, la CPED (Conférence permanente égalité diversité, dont Sandrine Rousseau est la vice-présidente), l’ANEF (Association Nationale des Études Féministes), JuriSup et VSS Formation. Témoignage.
Étudiant à Sciences Po, j’assistais le samedi 28 août à une formation d’une heure trente : « Stop aux violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur et la recherche ». Instaurée suite à l’affaire Duhamel et rendue obligatoire par notre direction – qui a certainement jugé que le crime d’un pédophile sur son beau-fils trente ans plus tôt allait déteindre sur ses étudiants – cette sensibilisation aux violences sexistes a fait de moi un mâle plus responsable.
Distanciel et écriture inclusive
La formation est animée en distanciel, dans un climat d’écriture inclusive ; à ce propos, il me faut saluer la prouesse de la formatrice, qui n’a pas employé une seule fois le masculin générique même à l’oral. Après une petite introduction sur ce que sont les violences sexistes et sexuelles (ou VSS, pour les intimes), j’apprends ce que signifie le terme de « sexisme ». Il s’agit d’une « idéologie reposant sur l’infériorité des femmes par rapport aux hommes ». Messieurs, soyez rassurés, car on ne peut pas être sexiste envers les hommes.
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Coup dur, la formation n’est pas finie et on me révèle alors que je vis dans une société « à fondement patriarcal ». Je découvre, avec consternation, l’existence d’un « système sexiste », que nous aurions tous intégré, et qui, reposant sur les blagues, les pubs et les stéréotypes sexistes, entretiendrait le climat de violences (sexistes). J’ai un peu honte, car j’avoue avoir déjà échangé des blagues sexistes avec mon meilleur ami. J’espère ne pas être amené à commettre des violences envers les femmes.
Je me fais peur à moi-même
Je suis toutefois soulagé lorsqu’on me dévoile que « le sexisme, ce n’est pas la même chose que la drague ». Ouf, j’ai donc bien l’autorisation de séduire les filles, je ne vais pas être obligé d’attendre qu’une fille me séduise, ce qui aurait été très long j’en conviens. Cependant, l’enthousiasme est de courte durée. Moi qui voyais l’amour comme quelque chose d’innocent et de gai, on m’explique toutes les démarches qui garantiront la sécurité des personnes. Car le crime n’est jamais loin. Il me faudra donc, à chaque fois, recueillir un consentement clair et éclairé, un « oui » qui ne laisse pas la place au doute. Mince ! Je dois demander une permission, pour savoir si mon romantisme ne cacherait pas des intentions de viol.
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Mais qu’on se rassure : bien que ces demoiselles soient les proies des désirs masculins, la loi s’occupera heureusement de condamner ces messieurs. On nous dresse la liste des peines en vigueur, de l’amende à la prison, pour des crimes qui vont de l’injure au harcèlement. Les choses sont claires : mâles, soyez prévenus ; l’État est là, derrière vous ; alors, maîtrisez vos élans, rationalisez votre spontanéité. Pour la première fois, je réalise ce que je peux inspirer aux femmes, et j’ai peur de moi-même ; mes prochaines soirées risquent d’être très calmes.
C’est le pire, les vieux hommes blancs
On nous montre d’ailleurs quelques flyers de boîtes de nuit. Certains représentent des jeunes filles sexy, pour des fêtes très hot. Je suis touché : que de jolis corps ! Malheureusement, cela n’est pas bien. « Les filles objets de désir, c’est ce qui cultive la culture du viol et les VSS ». Pour faire une pub éthique, il vaut mieux montrer des néons, des boules à facettes, ce genre de choses.
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En attendant que la formatrice finisse de nous formater, je jette un coup d’œil au fil des commentaires des participants à la formation. Une petite vingtaine d’étudiants (sur les 400) partagent leurs pensées, visiblement très sûrs de défendre le bien et d’avoir raison. Il faut dire qu’il n’y a pas grand-monde en face pour les contredire sans craindre la stigmatisation. Qu’importe. Une étudiante, en quelques lignes, demande comment l’on doit réagir dans le cas typique où quelqu’un, « généralement homme de plus de 50 ans, blanc, cadre supérieur », interpelle une jeune femme avec un « mademoiselle », « ma petite », « mon petit ». Une autre écrit cette remarque : « C’est le pire les vieux hommes blancs ». Oui, sans doute ont-elles raison, après tout. Sans doute n’y a-t-il pas pire que ces vieux hommes blancs-là, avec leurs airs supérieurs et leurs manières, sans doute devons-nous les châtier. Et le type, ni vieux, ni blanc là, qui brûla vive son ex-conjointe à Mérignac en mai, ne mérite sans doute pas d’être évoqué dans une telle formation. C’est bien connu, s’il a assassiné sa femme avec sauvagerie, c’est sans doute à cause du « système sexiste » occidental, à cause des pubs sexistes et compagnie, bref, un cas comme les autres, oui, sans doute…
Enfin moi, en tant que mâle, je renonce à l’amour : beaucoup trop sinistre. Merci Sciences Po de m’avoir rendu meilleur.
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