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Mon Chirac

Mon Chirac, je l’ai aimé, détesté, combattu. Il m’a impressionné, agacé, amusé


Mon Chirac
Jacques Chirac, premier ministre à la télévision, années 70 © UNIVERSAL PHOTO/SIPA Numéro de reportage : 00603937_000001

Mon Chirac, je l’ai aimé, détesté, combattu. Il m’a impressionné, agacé, amusé. Aujourd’hui, il est parti. Et avec lui, l’Ancien monde…


Mon Chirac, c’est celui qui m’a donné l’occasion de coller mes premières affiches. J’avais seize ans et certains problèmes pour préparer la colle.

Mon Chirac, c’est celui que j’ai sifflé à la Porte Maillot parce qu’il annonçait son soutien au traité de Maastricht. Il fallait pourtant s’y attendre. Mais après tout, il avait aussi prononcé l’Appel de Cochin, quatorze ans plus tôt.

A lire: Chirac, le dernier président dont je n’ai pas eu honte

Mon Chirac, c’est celui qui est seul et abandonné. Que les Guignols dépeignent en looser magnifique et attachant, et qui répond à Arlette Chabot alors qu’elle lui demande s’il va aller jusqu’au bout : « Vous plaisantez ? Vous faites de l’humour ? ».

Mon Chirac, c’est celui qui me fait cocu. Il gagne grâce à Séguin, il nomme Juppé. Il annonce la lutte contre la fracture sociale, il y renonce six mois après son entrée à l’Elysée.

Mon Chirac, c’est celui qui dissout l’Assemblée nationale après avoir écouté Villepin et Juppé. Et qui réduit le septennat à deux ans, avant d’opter pour le passage au quinquennat.

Mon Chirac c’est celui qui a un bol de cocu (alors que c’est lui qui fait plutôt cocu d’habitude) en 2002 et se retrouve élu à l’africaine (appropriation culturelle ?) par la grâce de la campagne désastreuse de Jospin, et de la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour.

Mon Chirac, c’est celui qui renoue avec une diplomatie indépendante en 2003. Tournant le dos à son attitude dans l’affaire kosovare en 1999.

A lire: Chirac, le dernier diplomate gaulliste

Mon Chirac, c’est celui qui, à poil depuis la terrasse de Brégançon, mate le yacht des Schumacher, des fois que de ravissantes créatures pas plus habillées que lui s’y prélassent.

Mon Chirac, c’est celui qui drague une conseillère générale de Corrèze sous l’œil sévère de Bernadette.

Mon Chirac, c’est celui qui remet la coupe de France au sochalien Jérémie Bréchet, assistant à sa dernière finale en tant que président. J’y étais, évidemment.

Mon Chirac, c’est celui qui a toujours mis un point d’honneur à se payer la poire de Giscard, y compris sous les ors du Conseil constitutionnel.

Mon Chirac, je l’ai aimé, détesté, combattu. Il m’a impressionné, agacé, amusé. Aujourd’hui, il est parti. Et avec lui, l’Ancien monde.

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