François Hollande a un don. Tout au long de son quinquennat chaotique, nous avons pu constater à quel point Pépère était à côté de la plaque. On a beaucoup reproché à Nicolas Sarkozy d’avoir insuffisamment occupé la fonction de Président de la République. Le problème avec François Hollande, c’est qu’il en a occupé une autre. Et qu’il est aujourd’hui impossible de savoir laquelle. Dernier exemple en date, la soudaine grâce totale de Jacqueline Sauvage. Était-il possible de faire pire ? Malheureusement non.
Jacqueline Sauvage, simple victime?
Rappelons que Jacqueline Sauvage a été condamnée à deux reprises successives par deux cours d’assises différentes à dix ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son mari. Une défense fantaisiste, militante et judiciairement contre-productive a construit pour les médias une story telling aux antipodes de la réalité du dossier. Non, Madame Sauvage n’a pas tué son mari parce qu’il la violentait et s’était permis des agressions sexuelles sur ses enfants. Cette présentation n’est absolument pas conforme à la réalité qui apparaît à ceux qui ont pu connaître du dossier et en particulier aux magistrats et jurés qui l’ont jugée. Cela explique la peine prononcée à son encontre par deux fois.
Saisi une première fois après une campagne furieuse du lobby féministe victimaire, François Hollande avait accordé dans l’urgence une grâce partielle. C’était passablement louvoyant, méthode habituelle de ce Président comme on avait pu le voir dans la ridicule affaire Leonarda. Mais c’était déjà un camouflet pour tous ceux qui avaient eu à connaître judiciairement de ce dossier et pris les décisions, magistrats du siège, procureurs et jurés, que cette grâce chèvre-chou présentait déjà comme des brutes sans cœur ayant failli à leur mission.
Le lobby féministe en embuscade
À deux reprises par la suite, la juridiction de l’application des peines a rejeté, sur la base des dossiers qui lui étaient soumis, une demande de libération conditionnelle anticipée. Les lobbies féministes ont à nouveau embouché les trompes pour insulter les magistrats qui avaient fait leur boulot.
Nouvelle campagne au moment des fêtes, on nous a prévenus à grands cris que Jacqueline Sauvage n’aurait pas d’autorisation de sortie pour les passer en famille. En omettant de dire que c’était pour une bonne raison : elle n’en avait pas fait la demande !
Et voilà que François Hollande, virtuose du contresens, tout à son besoin compulsif de laisser dans l’Histoire la trace d’un ahuri, vient d’accorder à Jacqueline Sauvage une grâce, cette fois-ci totale. Pourquoi cette décision, et à ce moment ? La seule motivation ne peut être que la volonté de bafouer ce qu’ont décidé les juges de l’application des peines, seuls événements intervenus depuis la grâce précédente.
Bras d’honneur présidentiel
Soyons clair, tant mieux pour celle qui a retrouvé la liberté. Mais à quel prix ? Tant pis pour la justice et ceux qui la rendent, magistrats et jurés, juges de l’application des peines qui ont accompli leur mission, celle que la République leur a confiée, en conscience et avec mesure. Ils se débrouilleront avec ce bras d’honneur présidentiel.
Tant pis pour la dignité de l’institution, à croire que celle-ci ne pèse pour rien dès lors qu’il s’agit de satisfaire de petits lobbies parisiens. Parce que sinon, quel intérêt pour François Hollande que d’essayer d’améliorer sa popularité alors qu’il n’en a plus besoin ? Ayant décidé de sauter par-dessus bord du navire qu’il a conduit vers l’iceberg. Simplement par inconséquence, lui et ses amis auront ainsi passé cinq ans à nous abîmer les institutions.
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