En mettant à l’honneur la figure du colonel Picquart, Roman Polanski a fait un choix judicieux. Le Français moyen se reconnaît dans cet officier aux préjugés antisémites devenu le défenseur du capitaine juif persécuté.
Aussi étrange que cela puisse paraître, J’accuse de Roman Polanski est presque le premier film français sur l’affaire Dreyfus. Presque, car en 1899, Georges Méliès a consacré un « docudrame » de 11 minutes à l’Affaire, à l’occasion du procès de Dreyfus devant le conseil de guerre à Rennes. Depuis, il y a eu un certain nombre de films américains ou anglais – et même un allemand – ainsi que quelques téléfilms français, mais le cinéma hexagonal ne s’est plus saisi de l’Affaire, comme si celle-ci était toujours un sujet brûlant. Cela rend le choix de Roman Polanski encore plus intéressant.
Ce choix repose sur une série de partis pris dont le résultat, si ce n’était l’intention, inverse la logique de l’événement historique. Si l’affaire Dreyfus divisait la France
