Notre confrère quitte Le Figaro.
Le Figaro perd l’une de ses plus belles plumes : Ivan Rioufol prend sa retraite du journal dans lequel il publia ses chroniques durant vingt ans.
Fidèle aux mêmes convictions depuis toujours, Ivan Rioufol est tout ce que l’on devrait attendre d’un intellectuel. Trop d’entre eux placent les concepts et les idéologies au-dessus d’une lecture pertinente de leur époque. Rioufol s’est toujours efforcé d’être à la fois soucieux des besoins du peuple et de l’exigence quasi aristocratique de notre culture. Comme tous les hommes d’une grande classe, il est à l’aise avec toutes.
Plus libéral que les prétendus défenseurs du libéralisme, son attachement à l’héritage de Montesquieu et à aux libertés économiques et sociales font de lui un intellectuel des Lumières perdu au siècle du communautarisme. Il ne détourne pas, comme d’autres le font, la définition de l’universalisme pour justifier les ravages du mondialisme. Il sait qu’on peut être universaliste et humaniste tout en défendant la nation, car ce n’est pas incompatible.
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Lucide, il est l’une des rares voix à nous inviter à la méfiance quand on nous parle de progrès, quitte à prendre le risque de nous choquer en affirmant qu’il y a “urgence à être réactionnaire”. Conservateur donc, mais au sens anglais du terme, c’est-à-dire celui qui souhaite préserver la culture d’un pays ou d’une civilisation.
Sensible, le journaliste est allé à la rencontre des gilets jaunes dès le début du mouvement, refusant de tomber dans le mépris de classe et soucieux de comprendre la détresse de ce peuple oublié n’arrivant pas à boucler ses fins de mois.
Subversif, il sait que tout intellectuel qui se respecte doit prendre le risque de l’être quand son époque devient folle. Ses prises de position courageuses durant la crise du coronavirus le vouèrent aux gémonies quand toute entorse à la doxa du moment était perçue comme radicale.
Son insolence calme s’inscrit dans la grande tradition de l’esprit voltairien, qui n’est autre que l’esprit français ; celui qui ne saurait défendre la vérité sans audace. On espère que sa plume ira s’aiguiser sur de prochains livres et on souhaite au Figaro de retrouver de sitôt pareil bretteur du journalisme.
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