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Et l’Italie eut son Cologne

Le 31 à Milan, la place Duomo avait des airs de Place Tahrir


Et l’Italie eut son Cologne
Piazza Del Duomo, Milan, Italie Image d'archive / Unsplash

Les « violences sexistes et sexuelles » dont les médias ne vous parlent pas…


Lors de la nuit de la Saint-Sylvestre à Milan, des jeunes femmes ont été harcelées dans la rue. Des scènes de cauchemar qui rappellent tristement celles de Cologne, il y a six ans. Il faut ne pas avoir de cœur pour ne pas compatir au sort de ces deux jeunes femmes filmées sur une Place Duomo en ébullution à Milan le soir du Nouvel An (vidéo plus bas). Il faut vraiment ne pas avoir de cœur, pour ne pas être remué par la vue de ces deux jeunes femmes piégées. 

Derrière des barrières de sécurité, des dizaines de jeunes hommes s’amusent à garder leurs deux proies sous leurs griffes et à créer des mouvements de foule. Les âmes délicates peuvent fermer les yeux sur ce qui va suivre : tous les jeunes hommes sont basanés. 

À ce niveau, ce n’est plus seulement de l’insécurité culturelle!

La vidéo est un peu floue, certes, et les jeunes gens ne sont ni en train de déshabiller les jeunes femmes, ni de les violer. Il n’en reste pas moins qu’elles sont bel et bien prisonnières, et qu’il y a de quoi être effrayé. Quand un mouvement secoue la meute et les deux proies vers leur gauche, un mâle en profite clairement pour les agripper. Et les jeunes femmes de se frayer un chemin en courant et en criant. Pas des cris d’hystérie, bien que ça y ressemble fort. Des cris de jeunes femmes en détresse qui ont eu tout le temps d’imaginer ce qui aurait pu leur arriver. À une vingtaine de mètres de la scène, près d’une dizaine d’agents de la Guardia de Finanza. Casqués et dotés de boucliers, aucun n’a levé le petit doigt. 

« Nous avons pleuré et crié, mais personne ne nous a aidées », ont déploré les deux jeunes Allemandes. L’une d’elles a confié à la presse se réveiller la nuit en tremblant depuis ce Nouvel An. Pour se défendre, elle aurait frappé l’un des jeunes hommes au visage, lequel lui aurait répondu par un rire. Un mépris ouvertement assumé du beau sexe. Pour susciter un peu de respect, peut-être auraient-elles dû sortir voilées, qui sait ? « J’avais 15 mains sur moi […] la vidéo n’est que la dernière partie d’une attaque qui a duré dix minutes », ont tenu à souligner les deux jeunes femmes interrogées par la Repubblica. Difficile de ne pas y voir un signal adressé à ceux qui, en Europe de l’Ouest comme de l’autre côté de l’Atlantique, ont la fâcheuse tendance à se précipiter pour relativiser l’infâme du seul motif qu’il émane de l’Autre. On a vu lors d’incidents similaires survenus à Cologne en 2016 qu’ils sont nombreux.

À ce jour, six jeunes femmes auraient subi ce traitement ce soir-là sur la même place. La Voce de Italia évoque pour sa part des femmes contraintes à se déshabiller et à « subir des violences physiques » dans les rues de Milan. Doit-on entendre par là que certaines auraient été forcées, pardonnez-moi l’expression, de servir de « vide couilles » dans la rue ? Le scénario ne semble pas saugrenu. « Ce sont des faits très graves sur lesquels le parquet a immédiatement ouvert des enquêtes pour identifier les responsables du harcèlement et des violences qui, je l’espère, seront traduits en justice dans les plus brefs délais », a assuré la ministre de l’Intérieur Luciana Lamorgese, qui a succédé à Matteo Salvini en 2019. Et d’ajouter que « les forces de police s’engagent chaque jour à garantir la sécurité de nos villes ». Pas sûr que le sort des deux jeunes Allemandes corrobore ces dires. 

Les vidéos passées au crible par la police italienne

Deux procureures, Alessia Menegazzo et Letizia Mannella, s’attellent à tirer les choses au clair. L’hypothèse de groupes de dizaines de prédateurs se déplaçant de proie en proie dans Milan cette nuit-là, tel qu’à Cologne six ans auparavant, pourrait bien s’être reproduit. Pour le moment, une autre vidéo amateur est aussi sortie. Si l’on n’y voit pas de jeune femme, on y voit des jeunes hommes en pleine force de l’âge se déplaçant en groupe, aimantés tel un troupeau de moutons ayant renoncé à tout esprit critique. On y entend répéter le mot « ragazza ». Les vidéos de vidéosurveillance et d’autres vidéos amateur sont actuellement passées au crible par la police milanaise. En attendant qu’elles soient publiées, les deux vidéos disponibles ne sont pas sans évoquer les harcèlements collectifs ayant eu lieu sur la Place Tahrir au Caire, lors du Printemps Arabe. 

À défaut d’attendre des néoféministes qu’ils désignent les agresseurs pour ce qu’ils sont, des jeunes hommes souvent d’origine maghrébine obsédés et frustrés qui ne voient dans la femme qu’un moyen d’assouvir leurs pulsions, il serait salutaire qu’ils aient un peu de compassion pour les victimes. Un vœu pieux sans doute et c’est fort dommage : quand la démocratie n’est plus capable d’assurer la tranquillité, la tentation autoritaire peut vite poindre le bout de son nez. 




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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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