En Calabre, Riace était devenu « le village des migrants » accueillant près d’un tiers de clandestins. Soupçonné d’avoir organisé des mariages blancs, son maire déchu en répond devant la justice. Et ses anciens administrés plébiscitent Salvini.
Jusqu’à ces derniers mois, deux chiffres enchantaient les militants « no border » italiens : Riace, 1 800 âmes, 600 migrants. Par la volonté de son ancien maire Domenico Lucano, cette bourgade de Calabre était en effet devenue « le village des migrants », vitrine de l’accueil et de l’intégration des immigrés clandestins. Patatras, l’ex-édile a comparu au mois de juin au côté de 25 complices présumés pour abus de pouvoir et aide à l’immigration illégale. Un coup dur dans la résistible ascension de cet homme politique érigé en symbole vivant de l’ouverture à l’Autre.
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Le Cédric Herrou transalpin est accusé d’avoir organisé des mariages blancs pour accélérer la régularisation des nouveaux venus. Coqueluche de la gauche morale, Lucano fait désormais figure de martyr et peut toujours compter sur le soutien des ennemis de Matteo Salvini, à commencer par l’écrivain antimafia Roberto Saviano. Il faut dire que le ministre de l’Intérieur italien boit du petit lait depuis l’inculpation du maire de Riace. La Rai a dû déprogrammer la diffusion d’un documentaire à la gloire de Lucano. Et Salvini a d’autres raisons de se réjouir : son parti (Ligue) est arrivé en tête des élections européennes à Riace avec 30 % des voix. Cerise sur le ghetto, alors que les migrants désertent désormais ce village privé de subventions, ses habitants ont plébiscité un maire pro-Salvini tandis que l’ancien édile, interdit de séjour dans la commune, n’a pu faire élire un seul membre de la liste qu’il soutenait. Du jamais-vu dans cet extrême Sud italien hier encore victime du racisme antiméridional de feu la Ligue du Nord. Il faut croire que les électeurs de Riace ont rendu leur verdict avant la justice.