Avec plus de 200 000 doses administrées chaque jour, Israël vaccine à un rythme quinze fois plus élevé que la France ou l’Allemagne. Cette vaccination massive permet aujourd’hui à l’État hébreu de sortir du confinement et de revenir à une vie presque normale. Si une telle campagne de vaccination a été possible c’est grâce à une anticipation et à un système de santé particulièrement performant. Récit.
Vendredi 5 février au petit matin, au terme d’âpres négociations, le gouvernement israélien a annoncé la fin du troisième confinement et la réouverture progressive des écoles, des commerces et des lieux de loisirs. Israël pourrait être le premier pays du monde à sortir de l’épidémie de Covid-19, un an tout juste après la première vague de contaminations. Si la victoire sur le virus se confirmait, elle serait due essentiellement à une campagne de vaccination massive d’une intensité sans égale ailleurs dans le monde. Entre le 18 décembre et le 4 février, plus de deux millions de personnes ont reçu les deux doses du vaccin Pfizer, dont 80% des plus de 70 ans. Avec plus de 200 000 doses administrées chaque jour, Israël vaccine à un rythme quinze fois plus élevé que la France ou l’Allemagne.
À bien des égards, le succès de cette campagne foudroyante en dit long sur l’éthos israélien : une audace confinant au culot, des facultés d’organisation impressionnantes et un mode de gouvernance conjuguant le libéralisme le plus offensif avec les valeurs socialistes des pionniers.
Préparer la vaccination par une anticipation
Au cours de l’été 2020, alors que plusieurs grands laboratoires pharmaceutiques annoncent des résultats encourageants, Israël prend langue avec Moderna, considéré alors comme le plus proche d’une autorisation de mise sur le marché. À l’instar d’autres pays occidentaux, Israël préempte l’achat de plusieurs millions de vaccins et consent à verser une avance conséquente : 120 millions de dollars (environ 100 millions d’euros). L’État hébreu mise parallèlement sur les travaux d’une équipe de scientifiques locaux à travers l’Institut Biologique, un organisme public basé à Nes Tsiona, près de Tel-Aviv. Mais à l’automne, il comprend qu’il n’a pas misé sur les bons chevaux : c’est Pfizer qui terminera la course en tête. Le gouvernement entame alors des négociations avec la firme américaine sans attendre le feu vert de la FDA qui n’interviendra que début décembre. Quant à l’agrément des services de santé israéliens, le ministre de la Santé Yuli Edelstein indique d’emblée qu’il suivra forcément l’avis de la FDA. Rien de surprenant à cela. De la biotech au cannabis médical, les industries pharmaceutiques américaines et israéliennes entretiennent des rapports étroits depuis de longues années. Nombre de scientifiques israéliens travaillent aux États-Unis. À titre d’exemple, le directeur médical de Moderna, le docteur Tal Zaks, est un Israélien formé à l’université Ben Gourion de Beer-Sheva, dans le sud d’Israël. Ce détail en dit long sur la façon israélienne de faire, car la France en particulier et l’UE en général n’ont pas tiré avantage du fait que des Français (le patron de Moderna Therpeutics, Stéphane Bancal, est Français) et des Européens tiennent des postes clés dans les entreprises pharmaceutiques qui dominent aujourd’hui le marché de vaccins contre le Covid19.
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Face à Pfizer, le Premier ministre Nétanyahou en personne prend la tête de l’équipe de négociateurs. Il sollicite un entretien téléphonique avec Albert Bourla, le PDG du géant pharmaceutique. Au cours de la conversation, Nétanyahou n’hésite pas à jouer sur la fibre identitaire : « J’ai demandé à lui parler et il a répondu immédiatement. Il semble qu’Albert Bourla soit très fier de son héritage grec et juif de Thessalonique. Et il m’a dit qu’il…
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