Islamoterrorisme: la thérapie de choc de Malek Boutih


Islamoterrorisme: la thérapie de choc de Malek Boutih

Malek Boutih banlieues islamOn n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. On ne combat pas les djihadistes en les lapidant avec des fraises Tagada.

J’ai entendu, comme vous, beaucoup de choses, ces derniers jours. Les « Je suis Charlie » couvrent tout le spectre de la pensée humaine – y compris le crétinisme avéré. Du vrai, du beau, du fort. Je like ! Mais aussi du gluant, du désolant, du révoltant. Ces deux options étant parfois entremêlées, je n’ose pas dire amalgamées, hihihi.

Ainsi, j’ai été enthousiasmé d’entendre le discours digne et viril de Manuel Valls à l’Assemblée après les attentats de Paris. Puis j’ai été douché froid par sa très malheureuse référence à l’apartheid, porte ouverte à toutes les dérives victimistes, y compris les pires.

J’ai été enchanté d’apprendre que l’hémorragie du budget de la défense serait stoppée. Le président a bien raison d’aller faire entendre la voix de la France à grands coups de missiles sur les bases de Daesh. Mais sans vouloir faire offense à mon chef de l’État, il me semble au vu de certains événements récents que l’islamoterrorisme ne soit pas circonscrit au Proche-Orient. Et je ne crois pas qu’on puisse envoyer le porte-avions Charles-de-Gaulle à Gennevilliers ou à Grigny. D’abord parce qu’il n’y a pas la mer. Et quid du danger de stigmatisation ?

Certes, on pourra, toujours, à la prochaine tuerie, déployer l’armée dans les cités de non-droit, comme l’avait proposé en 2012 la députée socialiste des quartiers Nord de Marseille Samia Ghali (aussitôt recadrée par le président : « L’armée n’a pas sa place pour contrôler les quartiers. »). Et comme l’avait suggéré avant elle Élisabeth Lévy (après les émeutes de Grenoble en 2010), ce qui lui avait valu une cathédrale de crachats (Verdi) en provenance des camps islamiste et islamistophile.

À ceci près que l’armée au bas des tours, c’est trop chouette, mais ni Samia, ni Élisabeth, ni moi, ni personne ne le conçoit comme une solution globale. Ce n’est, au mieux, qu’une partie de la solution. Et là, divine surprise, ne voilà-t-il pas qu’un élu de la République esquisse un embryon de solution globale. Et un élu de gauche, avec ça… Champagne ![access capability= »lire_inedits »]

Le moins qu’on puisse dire est que Malek Boutih n’y va pas avec des pincettes. En la circonstance, c’est une preuve de sérieux. Pour dire certaines urgences, il ne faut surtout pas les noyer dans cinquante nuances de vert. Ainsi son interview au Point du 13 janvier dernier est-elle titrée : « Des élus locaux corrompus ont pactisé avec les gangsters et les islamonazis ». Et d’enfoncer le clou en précisant que ce phénomène touche aussi bien des banlieues socialistes « où il faut faire le ménage » que des villes gérées par la droite ou l’UDI dont les maires « pactisent avec les dieudonnistes »

Et le pire, explique Malek une semaine plus tard sur France Inter, c’est que, dans certaines villes, les élus locaux n’ont le choix qu’entre la compromission ou la défaite aux élections : « Il y a un certain nombre de zones où, si vous êtes un candidat républicain – de droite ou de gauche – vous avez perdu les élections. » Donc, si les élus ont les mains liées, pas de solution ? Eh bien si, suggère le représentant des coins les plus pourris de l’Essonne : la mise sous tutelle de ces communes par l’État ! Elle seule permettrait le retour de la République dans les territoires perdus, où non seulement les élus sont paralysés par le poids électoral des islamistes, mais où de plus les caisses vides de chez vide interdisent de mettre en place une quelconque contre-offensive.

On me dira que cette idée de mise sous tutelle est radicale. C’est indubitable, mais il n’y a pas que les Grecs à avoir droit au radicalisme. C’est aussi un déni de démocratie. Je suis d’accord. Mais si ce coup de boule juridique permet de rétablir la démocratie, alors va pour le déni. On pourra m’objecter aussi que ce genre de solution n’a jamais été expérimenté. Raison de plus pour oser, puisque tout le reste a déjà été essayé, et a lamentablement échoué.

En résumé, non seulement Malek esquisse une solution pour sa banlieue, mais il trace aussi un chemin pour une nouvelle gauche. Populiste et constructive, laïcarde et radicale. Une gauche qui veut vivre debout. J’adore.

Ne l’ayant jamais entendu parler de religion, je ne sais pas si Malek est musulman. Mais s’il l’est, alors oui, je voterai volontiers en 2022 pour ce président musulman.[/access]

*Photo : IBO/SIPA/1402100959

Février 2015 #21

Article extrait du Magazine Causeur



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