L’islamophobie est un mot employé à tort et à travers par ceux qui ne se posent pas une question importante: vaut-il mieux être musulman en France, ou mécréant en terre d’islam ?
Lieu commun parmi les lieux communs, pour nombre d’adeptes de la bien-pensance, de l’extrême-gauche à l’association CoeXisTer en passant par tout ce que notre pays compte de tenants du politiquement correct, la cause est entendue: la France serait structurellement, monstrueusement, désespérément I-SLA-MO-PHO-BE ! Et bien sûr, le fait même que, parfois, certains se demandent pourquoi tant de crimes atroces de par le monde sont commis au nom de la religion de paix et de tolérance (dont les adeptes sont évidemment tous sans exception les incarnations d’une diversité qui, rappelons-le, est une chance pour la France) ne fait que prouver cette insoutenable islamophobie.
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Eh bien soit ! Cessons de lutter, et admettons-le comme un postulat: la France est islamophobe. Et l’islam est évidemment une religion de paix et de tolérance, et même la religion de paix et de tolérance par excellence. Imaginer le contraire serait déjà islamophobe, une très vilaine pensée.
Nous, Français, confrontés à nos insuffisances et en l’occurrence à notre manque d’ouverture à l’autre – pardon, à l’Autre – à notre manque de tolérance, devrions dès lors prendre exemple sur cette diversité qui nous enrichit tant, et apprendre. Traitons donc les musulmans de la manière dont la charia enseigne qu’il faut traiter les non-musulmans ! Non ? Attention, refuser cette proposition serait sous-entendre que l’attitude de l’islam serait problématique : alerte islamophobie, vilaine pensée.
Réjouissons-nous de vivre en France !
Quelle source d’inspiration allons-nous prendre ? La manière pacifique et tolérante dont les sunnites traitent les chiites, ou celle dont les chiites traitent les sunnites ? Allons-nous donner à l’islam la place que l’Arabie Saoudite donne aux autres religions ? Peut-être proposer à nos concitoyens musulmans un statut inspiré de celui donné aux non-musulmans par la « Constitution de Médine » – en fait le pacte de Yathrib, qui fit d’une confédération de tribus une proto-nation théocratique ? Ou revenir aux sources, et leur appliquer ce que le Coran enseigne qu’il faut appliquer aux polythéistes ?
Comment ça, non ? Comment ça, ce serait contraire à nos valeurs fondamentales de respect de la dignité humaine et de l’Etat de droit ? Mais enfin ! Voudriez-vous dire que l’islam, les préceptes islamiques définis par le Coran, n’inspireraient pas un comportement respectueux de la dignité humaine et de l’état de droit ? Voilà qui me semble terriblement islamophobe, vilaine pensée.
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Et puis, pourquoi croire que nos principes seraient supérieurs à ceux de l’islam ? Pourquoi ne pas réserver aux musulmans de France les aides sociales que les pays musulmans versent aux non-musulmans ? Et le même régime d’accès aux soins, aux postes de la fonction publique, aux mandats électifs ? Pourquoi refuser de couper la main de tout voleur dès lors qu’il est musulman ? Pourquoi ne pas vouloir traiter les non-musulmans convertis à l’islam de la manière dont les quatre madhabs du sunnisme appellent à traiter les apostats de l’islam ? Ce refus de suivre l’exemple de l’islam n’a-t-il pas des relents d’arrogance ethnocentrée, de néo-colonialisme, de manque d’ouverture et de tolérance, et bien sûr d’islamophobie, vilaine pensée ?
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Allons. Pour ma part, je me réjouis de vivre dans ce terrible pays islamophobe qui garantit à mes concitoyens musulmans des droits que l’islam n’a jamais reconnus aux non-musulmans. Et à toute personne qui fait à la France le procès d’être islamophobe, je demande simplement : vaut-il mieux être musulman en France, ou mécréant en terre d’islam ?
Comme qui dirait, je crois que la question elle est vite répondue…
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