En un mot comme en cent, je suis islamophobe. Je n’aime pas beaucoup cette étiquette, mais c’est le terme qui s’impose aujourd’hui pour désigner ceux qui critiquent l’islam ou se méfient de lui : alors, je l’accepte. Même si je trouve étrange que la clairvoyance et la vigilance passent pour des maladies mentales, je préfère passer pour dingue et paranoïaque que pour aveugle et sourd, et muet en plus. Ma crainte de l’islam n’est pas une peur panique mais une méfiance raisonnée et je ne crois pas souffrir de phobies. Ce n’est pas moi qui ai une trouille bleue de la critique ou du blasphème, du porc ou de l’alcool, des homosexuels, d’un verre d’eau au mois d’août, de la liberté, des femmes ou du bon Dieu.
Si je me méfie raisonnablement de l’islam comme de la peste, je vais tâcher de donner mes raisons.[access capability= »lire_inedits »]
L’islam n’est pas seulement, comme l’écrit Houellebecq, « la religion la plus con du monde », c’est aussi un système social et politique qui a toujours entraîné dans la régression et la barbarie les sociétés où il s’est imposé. Si on peut discuter des bienfaits de la colonisation qui restent à démontrer, on ne discute pas des bienfaits de l’islam, on les cherche car ils restent à être montrés. Je ne dresserai pas l’inventaire, jamais exhaustif, des coutumes arriérées, des crimes barbares et des lois stupides qui caractérisent le monde musulman. La liste interminable des dogmes et des faits plus idiots et plus monstrueux les uns que les autres nous plongerait dans un ennui et un dégoût proches de ceux que peuvent ressentir les jeunes filles nées en Syrie ou les hommes d’esprit vivant au Caire.
« Il ne faut pas confondre les crimes commis au nom de l’islam avec l’islam lui-même ! » : voilà la berceuse très entendue censée endormir les plus inquiets. On nous a longtemps fait le coup avec le communisme, et puis même les dictateurs les plus gâteux et les intellectuels les plus longs à la détente ont fini par jeter le bébé avec l’eau du bain quand ils se sont aperçus qu’il était mort-né dans un bain de sang. La terreur n’est pas une dérive ou une mauvaise traduction du coran ou du marxisme-léninisme, elle est inscrite dans les gènes de ces deux totalitarismes. Dictature du prolétariat ou suprématie de l’oumma, ces deux messianismes écrasent tous ceux qui leur résistent. Là ou l’islam est le plus fort, les autres religions, les autres cultures se soumettent ou s’enfuient. Les chrétiens et les juifs d’Orient en savent quelque chose.
La France sera bientôt sommée de s’intégrer à l’« oumma » ou de disparaître. Ce qui revient au même
Mais laissons l’histoire et la géographie pour nous pencher sur l’ici et maintenant.
L’islam ne fait envie nulle part dans le monde et dans l’histoire, mais nous devrions accueillir avec confiance et bienveillance celui qui se répand en Europe. Plus absurde encore, les musulmans s’affirment en Europe et à l’abri des droits de l’homme en abusant de notre hospitalité et, au nom du respect dû à la différence, imposent des pratiques contraires aux valeurs de notre civilisation. Dans toutes les zones où ils font masse, leurs lois deviennent la norme, des tribunaux islamiques anglais à nos « cités du mâle ». Et notre pays serait épargné par cette forme de colonisation ? Après quelques décennies d’offensive contre les cultures d’accueil européennes, les Anglais limitent leur très britannique liberté d’expression, les Hollandais reviennent sur leur légendaire tolérance, les Allemands voient leur culture de la pensée submergée par la bêtise et les Suédois enterrent leur système social. Et notre confiance devrait rester inébranlable ? Certains croient encore qu’un islam de France, Arlésienne qui sait se faire désirer, montrera la voie et nous protégera des séditions, sécessions, ségrégations et colonisations en marche partout ailleurs.
Cela me semble bien présomptueux : je crains que notre génie français et notre fameux système d’intégration ne fassent pas le poids et que la démographie en n’inverse bientôt le rapport de forces. Quand il y aura une majorité de musulmans en France, qui intègrera qui ? À moins de renoncer à la démocratie qui laisse la nation historique, la civilisation et les minorités à la merci de la majorité du jour, si les choses se passent comme toujours et comme partout, l’islam sommera bientôt la France de s’intégrer à l’oumma ou de disparaître, ce qui, à mon avis, est la même chose.
Les Français musulmans ne deviennent pas de plus en plus français mais de plus en plus musulmans : le succès croissant du ramadan en est un signe. À la question « Qu’est-ce qu’être français ? », beaucoup donnent une réponse lapidaire : « Posséder une carte d’identité et des droits. » Pour le reste, chacun sa culture et les moutons seront bien égorgés, tournés vers la Mecque. L’enfer est pavé de bonnes intentions et, en tolérant le multiculturalisme, on finit par accepter que battre sa femme, séquestrer sa sœur et marier sa fille avec son cousin puissent devenir des coutumes françaises quand le blasphème, lui, ne serait plus français. Pourrait-on dire « J’encule le Prophète » comme on le dit du président, du pape, du dalaï-lama, d’Ariel Sharon ou de qui on veut sans déchaîner des flots de violence ? J’en doute. En refusant d’admettre que notre culture libérale et égalitaire vaut mieux pour nous qu’un texte qui interdit toute critique et donc tout progrès, nous ouvrons un boulevard à la régression et à la disparition de ce que nous sommes après cinq mille ans d’évolution. Si on ne peut discuter une loi divine, il faut la rejeter fermement comme nous l’avons fait avec les nôtres. On ne s’est pas débarrassés de nos religions pour se faire envahir par la plus attardée de toutes.
Si les musulmans ne peuvent pas manger halal à la table d’un amateur d’andouillette, qu’ils changent de cantine ! Or, aujourd’hui, c’est la cantine qu’on change. Si les musulmans ne peuvent vivre dans la foi et dans la France telle qu’elle est, faut-il changer la France et la voir régresser ? Notre pays est-il condamné à devenir un jour une terre d’islam pour avoir accueilli des musulmans ?
J’ai une autre idée et une autre envie pour sauver la nation. Acceptons les individus mais pas les exigences de leur religion : les plus dévots iront prier ailleurs, les plus envahissants convoiteront d’autres terres et nous garderons les mieux intentionnés. Une laïcité intransigeante qui prenne au besoin des allures de persécution religieuse, je ne vois plus que ça pour préserver ce qui nous a faits et ce que nous aimons.
Avant de regretter Charles Martel, rappelons Jules Ferry tant qu’il en est temps. Au pays de Théo Van Gogh, le parti de Geert Wilders a obtenu l’interdiction de la burqa et envisage de bannir le Coran. Il faudrait vraiment qu’on les ait énervés, ces Bataves qui ont accueilli Spinoza, pour qu’ils en arrivent à interdire un livre. Ce renoncement amer à notre liberté d’expression est peut-être le prix à payer pour protéger notre monde.
Quel prix l’islam est-il prêt à payer pour devenir occidental sans soumettre les Occidentaux et dénaturer l’Occident ? La question se pose mais je ne donne pas cher de la réponse.
En attendant, qu’on me permette d’être islamo-méfiant, islamo-résistant, et même islamophobe.[/access]
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