Ce qui inquiète Patrick Buisson, ce ne sont pas les territoires perdus de la République mais les valeurs perdues de la France chrétienne. Quand il affirme avoir « plus de respect pour une femme voilée que pour une lolita en string », l’essayiste réactionnaire aurait-il, avec la société libérale, un problème d’assimilation?
J’ai bien failli emporter le livre de Patrick Buisson en vacances et puis je me suis ravisé. Pour ne pas contrarier mes érections estivales, je lui ai préféré Sexus d’Henry Miller et Le Démon d’Hubert Selby, car les aventures de ces foutus baiseurs sont mieux assorties à ma libido par 28 degrés à l’ombre que les analyses du réactionnaire catholique sur les causes du déclin français.
C’est un monde, quand même!
Ce n’est donc pas dans l’essai du nostalgique de la messe en latin que j’ai trouvé matière à contestation mais dans les petites phrases de sa promo, dont certaines rappellent un peu les formules les plus limites de Philippe Muray quand celui-ci écrivait une lettre ouverte à « ses chers djihadistes ». Comme celles-ci : « J’ai plus de respect pour une femme voilée que pour une lolita en string de treize ans. J’ai plus de respect pour un musulman qui fait sa prière cinq fois par jour que pour le bobo écolo en trottinette. » Ça sonne comme du Soral, mais c’est du Buisson. Le théoricien du « c’était mieux avant Vatican 2 » a fait son choix. Il trouve le mahométan rigoriste et ennemi héréditaire depuis Poitiers plus respectable que son compatriote hédoniste et mécréant. En 40, certains Français se réjouissaient du retour du maréchal flanqué d’évêques revanchards et s’inclinaient au passage des Allemands en attribuant la défaite au laxisme de la sociale, au relâchement des mœurs et au recul du catholicisme. Aujourd’hui, d’autres (ou les mêmes) se régalent avec La Fin d’un monde de Patrick Buisson.
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