Après Mila, de nouveaux jeunes « blasphémateurs » sont pris pour cible et menacés de mort. Mais la faute est rejetée sur l’usage des réseaux sociaux…
En janvier, des collégiens nantais âgés de 14 ans se filment au cours d’une soirée entre amis : sur la vidéo, on les voit mimer des prières musulmanes et se prosterner devant celui dont ils fêtent l’anniversaire, pour rigoler. Un extrait de dix-sept secondes, partagé initialement dans un cercle restreint, est rendu public sur Twitter et TikTok le 11 octobre, à l’insu des participants. Non seulement la vidéo est cette fois partagée de nombreuses fois, mais les noms et les comptes Instagram et Snapchat des adolescents, maintenant en seconde au lycée Guist’hau, sont publiés, leur attirant un flot d’injures haineuses et de menaces de mort.
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Le lendemain, une bande d’une quinzaine d’individus encagoulés débarque devant l’établissement pour chercher les auteurs du blasphème. Les parents d’élèves portant plainte, le procureur de Nantes, Renaud Gaudeul, est obligé d’ouvrir une enquête pour association de malfaiteurs en vue de commettre un crime ou un délit. Et la police met en place des patrouilles autour du lycée et sécurise les entrées et sorties. C’est ainsi qu’une blague privée est devenue une affaire publique.
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Est-ce une nouvelle affaire Mila ? L’école et les autorités font tout pour décourager cette conclusion, mettant l’accent sur les réseaux sociaux et l’usage qu’en fait la jeune génération. Selon le procureur, on observe « une hausse significative » des dossiers de harcèlement liés aux réseaux sociaux. Les associations de parents et le lycée entendent créer des formations au bon usage d’internet. Les coupables, on l’aura compris, ne sont nullement les encagoulés. Sans doute s’étaient-ils présentés devant l’établissement pour prodiguer des conseils sur la bonne manière d’utiliser Twitter.