Rendons aux Césars de la diaspora ce qui leur appartient. Nouvelles d’Arménie Magazine nous apprend ainsi que le plus grand constructeur de mosquées en Turquie s’appelle… Stepan Aratan. Arménien de son état, l’architecte a reçu la médaille d’argent de l’association de protection des monuments de Turquie il y a vingt ans de cela, a même révélé le journal turc Hürriyet, ensuite repris par des médias arméniens. Cerise sur le gâteau ottoman, l’ambitieux concepteur a même reçu un certificat le désignant comme le constructeur du plus grand nombre de bâtiments islamiques dans le pays. Ironie du sort, Aratan est né en 1929 à Istanbul, une petite décennie après le génocide arménien, puis a accompli une carrière de prof de maths au sein du système scolaire privé arménien en Turquie.
Par un drôle de paradoxe, ce n’est donc pas l’émir du Qatar mais le rejeton octogénaire du premier peuple à avoir institué une Eglise chrétienne nationale qui s’avère le plus grand contributeur à l’islamisation de la Turquie, en plein boom depuis plusieurs décennies, à mesure que la nation d’Atatürk tourne le dos à son modèle laïque autoritaire. Ce que le journaliste Krikor Amirzayan traduit avec un mélange d’optimisme et d’esprit grinçant : « L’immense apport des Arméniens à la société turque dans l’Empire ottoman et à la Turquie moderne -née en partie du génocide arménien – se poursuit ! ».
De là à en déduire que la poussée de minarets un peu partout en Europe est un complot ourdi par le lobby arménien, il y a un pas que certains conspirationnistes ne seront pas les derniers à franchir…
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