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Islam : je sais que je ne sais pas


Islam : je sais que je ne sais pas

Oui Cyril, les chrétiens en Irak ont raison d’avoir peur et de se casser. Ils sont 1% de la population, on les massacre à l’église, on leur promet d’en finir avec eux rapidement. Tu vois la même chose en France ? Non Cyril, je n’ai jamais traité personne de raciste, j’ai dit juste le contraire. Je sais que les Français sont un exemple de tolérance à l’autre. Oui, la Grande Mosquée est vide, celle de la rue Myrha déborde. L’imam (radical) de l’une est préféré à l’imam (modéré) de l’autre. Ainsi sont les prieurs, ici comme à Alger et ailleurs.

Nous sommes pas mal à ferrailler contre l’islamisme depuis toujours sans succès. La vague déferle encore. On espère qu’elle retombera un jour. Tu as un médicament ? Cours le prescrire, vingt Etats arabes t’attendent. En t’attendant, les polices, surtout la nôtre, gèrent. De plus, la rue Myrha est plus proche de ses clients que l’autre. La République perd des territoires, dis-tu. Au profit des dealers, c’est vrai. Tu saurais comment nettoyer l’Archipel des Cités ? Téléphone vite aux cent préfets (et à Sarkozy), sûr, tu seras le prochain ministre de l’Intérieur.

L’islam, c’est ethnique ou culturel ?

Tu m’envoies qu’ils n’ont pas besoin d’écoles arabes, la communale est déjà coranique. Tu crois pas que tu pousses un peu ? Tu brandis Madame Badinter : « Multiethnique, oui. Multiculturel, non. » Du charabia mal traduit de l’universitaire américain où on ne pense qu’aux Noirs. Quelle différence entre ethnique et culturel chez nous ? L’islam c’est ethnique ou culturel ? Le couscous, la langue c’est quoi ? J’ai bien démoli tous tes arguments ? Il en reste un.

Tu es plus sérieux quand tu ressuscites le regretté marquis de Clermont-Tonnerre, président de notre première Assemblée Nationale, massacré par des casseurs en août 1792. En offrant la nationalité française aux juifs, il a tapé sur son pupitre : « Il faut tout refuser aux juifs comme nation, il faut tout accorder aux juifs comme individus« . Deux siècles écoulés où tu en es ? Le Musée juif, c’est la nation ou l’individu ? Les 30% d’enfants juifs dans leurs écoles hébraïques, qu’est-ce tu en penses ? Leurs 10 journaux ? Le CRIF ? Encore ou on arrête là l’intermède antisémite ? Et les Arabes, qu’est-ce qu’ils ont ? Walou ! On les a tirés par la culotte pour les obliger à se rassembler dans un Conseil à la noix, ça a été la foire d’empoigne et les Frères musulmans, fissa, se sont mis le CFCM dans la poche. Tu veux abolir l’islamisme ? Moi aussi. Il se fout de nous, il est là.

Alain, Henri, Samira et les autres

C’est pas d’hier que les gens, ils se recroquevillent dans leur coquille. Les Croates, les Serbes et compagnie. Moi, ça me désole, j’aurais préféré une Yougoslavie démocratique. Eux, ils sont dans l’air du temps, chacun chez soi et Dieu pour moi. Dans notre douce France, même tropisme. Des intellos perçoivent un ras-le-bol. L’islam, stop. Mon ami Alain Medam, écrivain franco-québécois, m’explique : « La peur bien sûr, surtout l’exaspération. L’hospitalité est un acte libre. Les Français reçoivent et on leur crache à la gueule. Ils sentent que leur culture propre se défait, qu’ils vont à la débandade, qu’ils débandent et ils cherchent à se ressaisir. Ils voudraient passer un contrat avec l’islam : ok, vous êtes là, mais il faut des règles, un socle de valeurs non négociables. La femme, la séparation du religieux et du politique, la tolérance, la loi et l’ordre, etc. Si on n’y parvient pas, les exaspérations vont monter, la démocratie devra s’adapter à la situation nouvelle. Nous lisons le XXIème siècle avec les idées de Montesquieu, les lunettes du XVIIIème siècle. Al Qaïda déclare la guerre à la France et nous savons que quelques soldats de son armée vivent sur notre sol. C’est peut-être les symptômes d’une guerre. C’est en tout cas le sentiment de beaucoup d’Européens. »

J’ai parlé avec mon ami Henri, commerçant, 40 ans, desouche pur sang. « Non, c’est pas si grave. Il y a un problème avec les jeunes Maghrébins et Africains des cités. Les autres, ça va. »
Samira, algérienne, 30 ans, employée, mariée, un enfant : « Les Français qui ont peur de nous ne nous connaissent pas. On a toujours peur de ce qu’on ne connaît pas. Je n’ai jamais rencontré un raciste. On a eu du mal à louer un appart, mais on l’a trouvé. Ma cousine a pensé s’installer ici, elle est vite rentrée à Oran. Elle dit que les gens, ici, sont grossiers. (rires) »

Objet Politique Non Identifié

Autant d’interlocuteurs, autant de visions différentes. Nous nous trouvons devant un OPNI (objet politique non identifié). Transfert de population massif du sud au nord. Colonies musulmanes en terres jadis dites chrétiennes. Difficultés sérieuses à contrôler les frontières. Principes démocratiques à toute épreuve. Phénomène totalement imprévisible, imprévu, devenu visible après son accomplissement. L’OPNI est-il nuisible, bienfaisant ? On n’en sait rien. Que faire face à lui ? On n’en sait rien. On n’en sait rien parce qu’il est totalement nouveau, sans précédent. De même qu’on ne l’a pas vu venir, on ne sait pas où il nous mène. Sarkozy a tout fait pour réduire l’immigration, elle est restée à un niveau identique sous son règne. Il se serait coupé un bras pour présenter un bilan au karcher. Il n’a rien pu faire. L’OPNI est out of control. J’ai une réponse à toutes ces questions ? Aucune, bien sûr. Pas plus que les gouvernements européens qui les cherchent, croyez-moi, même s’ils sont parfois tentés de jouer d’une « mauvaise conseillère ».

Mon intervention de l’autre jour, c’était juste, sous ces nuages de peur, un coucou nostalgique à un mot du siècle dernier : Touche pas à mon pote. Il y a si longtemps / Il y a si longtemps…



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Guy Sitbon, ex-journaliste au Nouvel Obs, est chroniqueur à Marianne.

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