L’Observatoire de la laïcité, le « machin » dirigé par Jean-Louis Bianco, après une pleine année d’auditions diverses de responsables bien-pensants et de syndicats ejusdem farinae, a rendu son avis sur les menaces pesant sur la laïcité à l’université.
Je résume : il n’y a pas de menace. Ni réelle, ni fantôme.
Après un long rappel historique de la loi de 1905, le rapport conclut :
« La plupart des auditionnés ont rappelé le caractère « isolé », « marginal » et « sporadique » des incidents impliquant la question plus globale du fait religieux au sein de l’enseignement supérieur public. Il est apparu que, dans chacun des cas mentionnés, une issue a pu être trouvée par le dialogue ou en faisant référence au règlement intérieur (…) Les auditions et les réponses aux questionnaires ont ainsi révélé une situation globale respectueuse de la laïcité (…) La plupart des auditionnés ont, en revanche, souligné et critiqué le traitement médiatique des rares incidents existants : « Cette question a surgi dans la sphère publique à l’occasion d’incidents sporadiques mais fortement médiatisés dans un registre du fait divers à sensation et avec une iconographie qui présente les évènements de façon stéréotypée. » »
Dégagez, il n’y a rien à voir.
Ça valait le coup de s’interroger. Vraiment.
L’Observatoire a ainsi demandé son avis qualifié au Président de la Conférence des Présidents — Jean-Loup Salzmann, le type qui essaie depuis deux ans de dégommer Samuel Mayol à Paris-XIII et traite de billevesées l’emprise constatée par une commission indépendante des intégristes sur cette fac. Il fera un super-recteur de super-région tout à fait convenable.
Le Comité Laïcité République, par la plume de Jean Glavany (député PS des Hautes-Pyrénées), Patrick Kessel (ex-Grand Maître du Grand Orient) et Françoise Laborde (sénatrice PRG de Haute-Garonne), a réagi immédiatement à cette coulée de lubrifiant.
« Nous devons constater que, si l’avis de l’Observatoire prétend le contraire, ce dernier a consulté le Président des Universités mais en aucune sorte les professeurs et ceux qui auraient pu témoigner de situations dégradées dans les établissements où ils travaillent. C’est le cas en particulier de Samuel Mayol, président de l’IUT de St Denis. Il en résulte que les difficultés rencontrées sont minimisées. »
Et de se référer au constat beaucoup plus alarmant réalisé dès 2013 par le Haut Conseil à l’Intégration (dissous depuis par Jean-Marc Ayrault dans une splendide illustration de la vieille technique de la poussière sous le tapis). Il aurait aussi bien pu citer un (bon) article du Monde sur le sujet, où un simple journaliste, sans les énormes moyens du « machin » gouvernemental, dressait en mars dernier un constat tout aussi accablant — et accablé.
Et de conclure :
« Le déni n’est pas la réponse appropriée face à la nouvelle poussée de l’extrême droite qui se nourrit des dégâts occasionnés par les communautarismes, dégâts que ressentent les citoyens sur le terrain avec le sentiment d’être abandonnés. »
Mais, chers amis du Comité, le déni est la parade universelle de ce gouvernement. Que conclut Cambadélis de Régionales marquées par la montée du vote FN et le rejet de la politique gouvernementale ? Un tweet enthousiaste le résume :
C’est comme dans le Malade imaginaire : « Le déni, le déni, vous dis-je… » La politique de « refondation de l’école » a valu au PS des centaines de milliers de votes nuls — ou franchement hostiles — de la part de centaines de milliers d’enseignants, y compris dans des régions stratégiques comme l’Ile-de-France. La politique macronienne lui a valu des millions de voix déplacées sur la droite la plus extrême. Quant aux régions, ma foi, ils ont payé pour voir. Mais rue de Solférino, tout va très bien, madame la marquise.
Soyons sérieux. La loi de 1905 prononçait la séparation de l’Eglise (catholique, essentiellement) et de l’Etat. De l’islam, à l’époque, pas de nouvelles.
Mais face à une religion expansionniste, colonisatrice, impérialiste, sûre d’elle et dominatrice, et génératrice d’horreurs, face à un extrémisme qui en a fait une machine de guerre, peut-être faudrait-il toiletter la loi, répondre par la guerre à la guerre, et cesser de… se voiler la face. Je me fiche pas mal de ce que les gens pensent ou de ce à quoi ils croient — en leur for intérieur, et chez eux. Il en est de la religion comme des pratiques sexuelles — ça ne devrait jamais intervenir dans l’espace public. Ou alors, c’est que l’on tient à faire du prosélytisme — et ça, c’est interdit, ou ça devrait l’être.
*Photo : Pixabay.com.
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