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Comment nos gouvernants ont ouvert la voie à l’islam en France

L’islam a désormais un « coup d’avance »


Malgré les avertissements, l’islamisation de la France semble irrésistible. Les civilisations ne sont pas assassinées, elles se suicident. Et les dirigeants politiques français, qui se sont succédé au pouvoir après la décolonisation, portent une responsabilité historique. Une analyse de Claude Sicard


Avec l’arrivée, depuis la fin de la période coloniale, de flux migratoires importants en provenance des pays du Sud, la société française est devenue hétérogène au plan ethnoculturel. Ces migrants sont généralement des musulmans, c’est-à-dire des personnes issues d’une autre civilisation que la nôtre. Jérôme Fourquet nous dit dans L’archipel français « En quelques décennies tout a changé. Depuis 50 ans les principaux ciments qui assuraient la cohésion de la société française se sont désintégrés ». Il explique que le soubassement philosophique constitué par le christianisme s’est effondré et que le pays est, désormais, « un archipel constitué de groupes ayant leur propre mode de vie, leurs propres mœurs, et leur propre vision du monde ». Et ce phénomène de fragmentation de la société s’est doublé d’un accroissement de la violence.

Intégration, mais plus jamais assimilation

Phénomène nouveau pour la France : ces nouveaux arrivants ne s’assimilent pas. La plupart, s’intègrent, c’est-à-dire s’adaptent à notre mode de vie, mais ils conservent leur identité, et beaucoup ne font que s’inclure, c’est-à-dire conservent à la fois leur identité et les modes de vie de leur pays d’origine. L’assimilation suppose que le nouvel arrivant abandonne son identité pour adopter la nôtre et c’est, là, une démarche extrêmement difficile pour un musulman compte tenu de l’opposition séculaire existant entre sa civilisation et la nôtre : on a d’un côté une civilisation fondée sur l’islam et de l’autre une civilisation fondée sur le judéo-christianisme, et ces deux civilisation sont en conflit depuis des siècles.

L’islam, une religion qui est apparue quelques siècles après le christianisme, est une idéologie qui incite ses croyants à lutter activement pour soumettre toute l’humanité à la loi de dieu, et il place les chrétiens et les juifs, dénommés dans le Coran « les gens du Livre », dans une position subordonnée par rapport aux musulmans (le statut de dhimmi). Les reproches faits aux chrétiens sont multiples et variés : leur concept de « trinité » fait d’eux aux yeux des musulmans des polythéistes, et l’islam combat farouchement les polythéistes. Par ailleurs, les musulmans les accusent d’avoir caché au monde que Jésus a annoncé la venue d’un nouveau prophète, Mahomet, du moins est-ce le sens que l’islam donne au mot « paraclet », terme dans lequel les chrétiens ont vu, de leur côté, l’annonce de l’envoi au monde, par Dieu, de l’esprit-saint (la Pentecôte). Pour les musulmans les chrétiens sont donc à combattre, et s’ils ne veulent pas adhérer au nouveau message, on les soumettra.

Ressentiment

Et, élément aggravant : le fait que depuis des siècles notre civilisation ait pris le dessus sur la civilisation musulmane qui a eu, dans le passé, son heure de gloire, la dominant à la fois aux plans intellectuel, matériel et économique. Et cela est d’autant plus insupportable pour les musulmans que Dieu leur a révélé qu’ils sont la meilleure des communautés : il est dit, en effet, dans le Coran, en 3,110-12 : « Vous êtes la meilleure communauté qui soit jamais apparue parmi les hommes ». Et ces deux civilisations, par ailleurs, n’ont pas cessé de se faire la guerre pour des territoires. Beaucoup de raisons donc qui s’accumulent pour nourrir dans l’inconscient des gens issus du monde musulman des sentiments qui ne sont pas positifs à l’égard des Occidentaux, et de la France en particulier.

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Il faut avoir conscience qu’un phénomène s’est produit dans la seconde moitié du vingtième siècle qui a sorti le monde musulman de la léthargie dans laquelle il se trouvait : l’islam s’est réveillé. Les pays musulmans qui avaient été colonisés au XVIIIe siècle par différents pays européens ont réalisé qu’ils allaient pouvoir s’appuyer sur l’islam pour mener des luttes contre les pays occidentaux qui les dominaient. Il y eut, en 1928, la naissance au Caire des Frères musulmans. Hassan el Bana le fondateur du mouvement et Sayyed Qutb, son théoricien, s’appuyant sur l’islam pour lutter contre les Anglais qui avaient envahi l’Egypte. Le mouvement se développa très rapidement, et Sayyed Qutb qui avait fait un séjour de deux ans aux Etats-Unis en revint complétement retourné : il appela alors tous les musulmans à se mobiliser pour combattre les Occidentaux et leur civilisation. Il alerta les musulmans sur le côté complétement décadent de la civilisation occidentale, une civilisation décrétée « primitive » (jâhiliyya), méprisable car sans dieu, profondément matérialiste et où les mœurs sont complètement dépravées. Un peu plus tard, on vit le Premier ministre iranien Mossadegh nationaliser, en 1951, l’AIOC, la compagnie qui exploitait les pétroles iraniens et qui appartenait aux Anglais. Puis, en 1956, à la surprise générale, le colonel Nasser qui venait de prendre le pouvoir s’empara du canal de Suez sans que les Français et les Anglais puissent intervenir, les dirigeants soviétiques et américains s’entendant pour stopper les commandos envoyés sur place pour rétablir la situation. Il s’en suivit, dans tous les territoires qui étaient sous domination des Occidentaux, le déclenchement de luttes pour l’accession à l’indépendance, et les nations occidentales cédèrent les unes après les autres. La fin de cet épisode a été marquée par l’accession de l’Algérie, en 1962, à l’indépendance après une guerre qui dura près de huit ans. Et, ces événements eurent pour fond de tableau cet avantage extraordinaire, pour le monde musulman, de posséder d’immenses ressources pétrolières, « un don d’Allah » disent les musulmans, ce qui leur permit de disposer d’une arme importante pour se faire entendre et damer le pion aux Occidentaux. 

Une thèse officielle contredite par une vague d’attentats

Il faut voir, donc, comment les autorités de notre pays ont réagi face à cette arrivée massive de migrants musulmans venant s’installer en France. Contrairement au général de Gaulle qui avait renoncé à conserver l’Algérie afin que « Colombey-les-Deux-Églises ne devienne pas Colombey-les-Deux-Mosquées » (citation d’Alain Peyrefitte), nos dirigeants ont largement ouvert la voie à l’islam. Nous allons voir comment.

Dans un premier temps, ils ont pris le parti, pour rassurer la population, de présenter l’islam comme une religion de paix, une religion parfaitement compatible avec nos valeurs et nos principes démocratiques, en sorte qu’il n’y avait nullement lieu de s’inquiéter. Ils ont caché que l’islam est une idéologie conquérante qui vise à placer l’ensemble de notre humanité sous la loi de dieu et que la façon dont il organise la société est incompatible avec nos valeurs et nos principes démocratiques. Il y a dans le Coran, on ne peut le nier, de multiples incitations à combattre pour le service de Dieu, à l’adresse des croyants. Un verset dit, par exemple : « Que ceux qui veulent échanger la vie présente contre celle de l’au-delà combattent dans le chemin de Dieu » (4,74) ; et un autre : « Dieu a assigné un rang plus élevé à ceux qui luttent dans le chemin de Dieu :il préfère les combattants aux autres » (4,95 ;96) . Nos dirigeants ont systématiquement développé des thèses erronées sur l’islam, combattant avec la plus grande vigueur les rares lanceurs d’alertes qui osaient s’exprimer. Ce fut par exemple Marc Ayrault, alors Premier ministre, en visite à la mosquée de Paris à l’occasion de l’Aïd, déclarant : « L’islam de paix et de concorde est partie prenante de notre pays et ses valeurs qui le fondent ». Et l’on se souvient tout particulièrement de l’ineffable Jack Lang, qui a été ministre non seulement de l’Education mais aussi de la Culture, proclamant urbi et orbi, avec la fougue qu’on lui connait : « L’islam est une religion de paix et de lumière ». Telle a été pendant des années la thèse officielle.

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Puis, les attentats islamiques se multipliant, nos dirigeants durent changer de discours, l’odieux attentat du Bataclan à Paris, en 2015, qui fit 131 morts et 350 blessés marquant un tournant. On entreprit donc d’expliquer aux Français que tous ces attentats étaient dus à des musulmans qui déforment leur religion : ce sont, expliqua- t-on, des « islamistes » qui veulent faire jouer à leur religion un rôle qui n’est pas le sien, on présenta l’islamisme comme une déformation de l’islam et l’on demanda aux Français de ne pas faire d’amalgame. On mit au ban de la nation les salafistes et les wahhabites qui pratiquent un islam radical, en prétendant que leur islam n’est pas le bon. Pourtant « salaf », dans l’islam, désigne les compagnons des premiers temps du Prophète Mahomet : leur islam était-il déjà déviationniste ?

Une islamisation totale de la société française nous semble aujourd’hui peu vraisemblable

Quel est le résultat de cette politique d’ouverture ? La réponse nous est donnée par un sondage IFOP de septembre 2020 qui indiquait que 57% des jeunes musulmans français considèrent la charia, c’est-à-dire la loi islamique, comme supérieure aux lois de la République, soit 10 points de plus que dans le précédent sondage. On en est donc là, actuellement : l’islam gagne sans cesse du terrain, et de plus en plus de jeunes filles portent le voile islamique dans nos rues pour marquer leur identité.

Construction de la grande mosquée Eyyub Sultan à Strasbourg, affiliée à la Confédération islamique Millî Görüs © Frederick FLORIN/AFP

Partout des mosquées s’édifient, les boutiques halal se multiplient, et dans notre pays, aujourd’hui, 50% des animaux sont abattus selon la méthode islamique. Et l’on voit de plus en plus de musulmans occuper des postes importants dans notre société : le poste de ministre de l’Education nationale, par exemple, a été confié sous François Hollande à une personne d’origine marocaine, élevée dans la foi musulmane, Madame Najat Vallaud-Belkacem.

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Le pays s’est donc fractionné, comme l’a fort bien expliqué Jérôme Fourquet. Tous les musulmans qui s’installent dans notre pays revendiquent le droit de conserver leur identité, et ils y sont encouragés par le Conseil de l’Europe auquel la France a adhéré en 1974. Cet organisme veille à la bonne application de la Convention européenne des droits de l’homme. Dans une de ses résolutions, la résolution 1743 datant de 2010, il est dit, à l’article 11 : « Les musulmans sont chez eux en Europe » ; et une autre n’avait pas manqué, précédemment, de souligner les aspects tout à fait positifs des migrations pour les pays d’accueil.

Avec le développement de l’islam, allons-nous tomber, un jour, sous le coup des lois islamiques ? C’est une hypothèse, mais elle nous parait peu vraisemblable. Par contre, ce qui est certain, c’est que notre civilisation va muter. Claude Levi- Strauss, qui fut un très grand anthropologue au siècle dernier, explique dans Race et histoire que lorsque deux civilisations en viennent à se trouver en concurrence sur un même territoire il y a conflit. Il nous dit qu’il se passe alors l’une des deux éventualités suivantes :

– soit désorganisation et effondrement du pattern de l’une des deux civilisations ;

– soit apparition d’une synthèse originale qui, alors, consiste en l’émergence d’un troisième pattern, lequel devient irréductible par rapport aux deux autres. 

Notre civilisation occidentale, vieille de 20 siècles en Europe, ne va vraisemblablement pas disparaitre, mais confrontée à une montée de l’islam elle va progressivement connaitre une mutation vers un nouveau « pattern », et c’est ainsi que meurent les civilisations.

Nos hommes politiques, qui ont aussi largement ouvert la voie à l’islam, ont une lourde responsabilité. Notre échec face à l’islam en Algérie, pays que nous avons dû quitter après 130 années de présence et dont nous avions tenté de faire une terre française avec trois départements aurait pu donner lieu à réflexion ; et la façon dont nous devions opérer face à ces nouvelles vagues migratoires aurait dû faire l’objet de longs débats au Parlement, ce qui n’a pas été fait. Il faut garder en mémoire la conclusion à laquelle était parvenu dans son ouvrage en douze volumes A study of History cet immense historien des civilisations qu’a été Arnold Toynbee, mort en 1975, qui avait consacré son existence à l’étude des civilisations : « Les civilisations ne sont pas assassinées, elles se suicident ». Et l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal qui voit l’islam à l’œuvre dans son pays nous dit, bien à regret de l’islam: « Il a un coup d’avance ».

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Claude Sicard est l'auteur de « Le face à face islam chrétienté : quel destin pour l’Europe ? », et « L’islam au risque de la démocratie », préface de Malek Chebel (Ed. François Xavier de Guibert).

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