La presse iranienne d’aujourd’hui brosse un hommage en demi-teinte à Hachemi Rafsandjani : ce fidèle de la révolution a connu une carrière erratique. À la gloire succéda la disgrâce puis le tardif retour de popularité. L’image de M. Rafsandjani est néanmoins instrumentalisée par le régime des mollahs pour faire passer une idée force : cet homme a incarné l’indépendance de la nation iranienne face à l’Occident (qui étouffe l’Iran par ses sanctions) mais également face à l’Orient (le marché iranien, ouvert à la Chine, a été envahi par ses biens de consommation bon marché).
Au-delà de ces signes politiques, cette mort permet à l’Iran de se replonger dans les fondements de sa spiritualité : le chiisme est en effet marqué par le double sceau de l’amour et du deuil. Sceau de l’amour, dans la mesure où les fidèles, pour attirer la bienveillance des imams, doivent faire montre de leur propre dévotion. Cette dévotion profonde naît de l’amour dont elles-mêmes ont fait montre en sacrifiant leur vie pour leur communauté. Tous les Imams sont en effet considérés par les chiites comme des martyrs et tous ont effectivement enduré des persécutions de leur vivant, voire péri de mort violente. L’assassinat, ou ici la crise cardiaque.
C’est pourquoi le culte qui leur est dédié est également placé sous le signe du deuil : aux souffrances des Imams pour leurs fidèles doit répondre la douleur de ces derniers. Dans la culture chiite, la souffrance est bien la plus haute marque de l’amour.
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