Les massacres de 1988 en Iran restent dans de nombreuses mémoires. Ils montrent que le régime actuel tient sa population dans la peur et dans la répression. Retour sur les massacres de 1988, qui ont fait près de 30 000 morts et qui ont permis à Khomeiny de maintenir son pouvoir.
Massacrer pour oublier la contestation…
Les monafeghines, l’ayatollah Khomeiny les aura pourchassés, jusqu’à la mort. Lassé de voir encore la contestation monter, le guide suprême d’alors lança la plus génocidaire des fatwas à l’été 1988 : éliminer tous les prisonniers de d’Iran (OMPI), le principal mouvement d’opposition au régime des mollahs. Le plan, écrit de sa main et exécuté avec zèle par les juges islamistes et les responsables du ministère du Renseignement (VEVAK), permit d’assassiner plus de 30 000 opposants politiques. Et il aura fallu près de trente ans, des centaines de témoignages et des dizaines de preuves, directes et indirectes, pour qu’une partie de la communauté internationale reconnaisse enfin ce crime.
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L’imagination débordante de certains défenseurs aveugles du régime des mollahs avait permis l’invention de théories fantaisistes, semblant découvrir un complot visant à déstabiliser le régime iranien. Mais désormais que les principaux coupables de l’été 1988 ont tous reconnus les faits, et avec fierté s’il vous plaît, pendant la dernière élection présidentielle de mai 2017, il devient difficile pour ces pourfendeurs de calomnies internationales de continuer à assumer les leurs.
« Une plaie qui reste ouverte »
Un mouvement pour la justice s’est levé en Iran en faveur des victimes de ce massacre. Et le régime n’a pas été épargné. Un rapport d’Amnesty International révèle, preuves à l’appui, la profanation délibérée et la destruction de plusieurs fosses communes iraniennes, où sont enterrées des victimes du terrible massacre de 1988. De nombreux documents, au titre desquels quelques photos satellites viennent étayer les preuves de tentative de démolition des charniers. De nouveaux bâtiments sans utilité réelle, des nouvelles routes, des dalles de béton coulées aux portes du désert. Autant de bizarreries destinées avant tout à camoufler l’horreur plus qu’à embellir les villes où elles sont construites.
Des villes importantes comme Machhad disposent de plusieurs fosses communes. Et étrangement, les travaux ont débuté sur chacun des emplacements. Les images satellites montrent parfois une progression très rapide des travaux en cours. Le rapport estime que plus de 120 endroits dans tout le pays contiennent les restes des victimes du massacre de 1988 et identifie sept sites où des destructions ont été confirmées ou suspectées entre 2003 et 2017.
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Rappelons qu’en 1988 les familles des victimes ont été informées par les autorités que leurs proches avaient été exécutés, sans aucune information supplémentaire concernant les circonstances de leur mort et leur lieu de sépulture. En outre, il a été interdit aux familles d’organiser des rassemblements commémoratifs ou de décorer les tombes avec des fleurs et des messages à la mémoire des défunts. Certains proches des victimes ont également été poursuivis, emprisonnés et torturés à leur tour, pour avoir simplement recherché la vérité et la justice.
« Les atrocités du massacre de 1988 en Iran sont une plaie qui reste ouverte trois décennies plus tard. En détruisant cette preuve médico-légale vitale, les autorités iraniennes renforcent délibérément un environnement d’impunité », a déclaré Philip Luther, directeur pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International…
La terrible fatwa
Le but de la manœuvre, bien sûr, c’est d’éradiquer toutes les preuves physiques du massacre de l’été 1988. Rappelons que la plupart des victimes étaient…
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