Selon le grand homme de paix Jean-Luc Mélenchon, « l’agression de Nétanyahou contre l’Iran est inadmissible ».
LFI prend le parti de l’Iran, cela vous étonne ?
J’attends le pire de leur part, et leur dérive fascistoïde continue à me sidérer et m’inquiéter.
Je pensais que les Insoumis éviteraient prudemment de défendre un régime vomi par sa jeunesse. Et non !
Ils affirment que non, bien sûr, nous ne sommes pas pour ce régime. Mais déjà place de la République à Paris, des militants viennent bien proclamer leur soutien au pauvre petit Etat agressé par les sionistes-fascistes.
L’antisionisme, unique boussole politique de Mélenchon ?
Les Insoumis éructent contre Macron qui reconnaît le droit d’Israël à se défendre, braillent que c’est Israël qui a attaqué le premier, en oubliant que depuis 40 ans, l’Iran attaque continuellement des villes israéliennes par proxys interposés (cela s’appelle même l’axe de la résistance, et cela n’a qu’une raison sociale : la destruction d’Israël !) et qu’il est proche de la bombe nucléaire – l’AIEA l’a déclaré il y a quelques jours.
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L’unique boussole de Mélenchon, c’est sa haine de l’Etat juif. Il prétend qu’il n’est pas antisémite, chacun jugera à la liste de ses saillies facile à retrouver. Mais son « antisionisme » ressuscite les mêmes fantasmes de complot et stéréotypes que l’antisémitisme ancien. Quiconque défend Israël est ainsi le valet du Mossad ou du CRIF. C’est le Protocole de sages de Sion revisité. Le leader de l’extrême gauche s’intéresse aux victimes seulement quand les agresseurs sont juifs. Les Palestiniens tués par Assad ou les musulmans tués par toutes sortes d’autres régimes, il s’en fiche. Les Insoumis ont tambouriné sur la flottille pour Gaza, cette pantalonnade navale relookée en haut fait d’armes, mais concernant la flottille terrestre accueillie sans petits pains ni bouteilles d’eau à coups de pierres en Egypte – et parfois de fouet -, silence.
Résultat, sympathisants ou responsables LFI pleurnichent pour un régime qui pend les homosexuels, voile les femmes et tue ses opposants. Elle a bonne mine la convergence des luttes.
Tout ce qui est excessif est insignifiant, non ?
Pas toujours, en politique. L’histoire est faite par des minorités déterminées. Les Insoumis et la jeunesse militante qu’ils agrègent ne sont pas seulement des révolutionnaires de salon. S’ils peuvent semer le chaos dans la rue et dans les esprits, le Grand soir n’est cependant pas pour demain. Mais ils embobinent la jeunesse des quartiers et celle des campus de sciences humaines. Et ils menacent physiquement leurs contradicteurs (M. Delogu vient de publier un tweet menaçant en direction de Jérôme Guedj), et mobilisent des foules certes petites mais fanatisées et effrayantes. Et il ne faut pas oublier ce mélenchonisme d’atmosphère dans nombre de rédactions de nos médias. Samedi matin sur France Inter, on nous expliquait que Netanyahou torpille la détente en cours. J’ai cru que c’était l’heure du comique.
Que la gauche fanatique adore des dictatures islamistes, c’est raccord avec son histoire. Mais jusqu’à ce que le PS baise la bague de Don Mélenchon, il existait une gauche de la liberté. C’est terminé.
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Après avoir juré que Mélenchon, plus jamais, Olivier Faure envisage un rapprochement, avec l’alibi éternel de l’extrême droite dangereuse. Le Premier secrétaire du PS n’a d’ailleurs pas dit un mot sur l’Iran ce week-end. Sans doute ne veut-il pas aller jusqu’à soutenir les assassins de Mahsa Amini, mais il ne faudrait tout de même pas qu’il soit suspecté de dérive sioniste…
Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio
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