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Iran: à quoi joue Trump?


Iran: à quoi joue Trump?
Donald Trump et Mike Pence annoncent des sanctions contre l'Iran, juin 2019. Auteurs : Sipa USA/SIPA. Numéro de reportage : SIPAUSA30172902_000014

Une grande partie des commentaires actuels dépeint Donald Trump comme la source de presque tous les maux dans le monde d’aujourd’hui. Et, en ce qui concerne l’Iran, tend à le dépeindre comme la cause de l’hostilité de l’Iran envers les États-Unis et une grande partie du monde extérieur. Son retrait de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien) est présenté comme un exemple supplémentaire présumé d’un Trump sapant l’ordre international que les États-Unis ont formé et dirigé depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est pourtant faux.


Depuis la Révolution islamique, l’Iran est le principal commanditaire du terrorisme dans le monde et, bien que l’instabilité et diverse forme de malignité sévissent depuis longtemps au Moyen-Orient, l’Iran a clairement été l’un des principaux contributeurs à la dynamique négative dans la région au cours des quarante dernières années. En outre, il faut reconnaître que l’initiative de l’administration Obama qui a conduit à la signature de l’accord nucléaire (JCPOA) a été une rupture brutale par rapport à plusieurs décennies de politique américaine bipartisane cohérente en matière de non-prolifération ; une politique à laquelle l’administration Trump est revenue.

Pourquoi Trump a rejeté l’accord sur le nucléaire

Les raisons pour lesquelles Donald Trump s’est retiré du JCPOA de Barack Obama étaient légion, et reflètent le flot de critiques dirigées contre l’accord au moment où il a été négocié, critiques dont Trump a fait écho. William Tobey, de l’Université de Harvard, a qualifié l’accord de simple « dos d’âne » sur la route de l’Iran pour la possession de l’arme nucléaire, faisant valoir qu’il concédait beaucoup trop en échange de beaucoup trop peu, ne ralentissant finalement que légèrement la volonté de Téhéran de se doter de l’arme nucléaire, et non de l’arrêter.  De même, deux éminents experts du Center for Strategic and Budgetary Assessments, rédigeant en 2015, ont noté que l’accord « concède une capacité d’enrichissement trop importante, des clauses d’extinction trop courtes, un régime de vérification trop perméable et des mécanismes d’application trop suspects », et qu’il permettrait à l’Iran de « se précipiter facilement vers la bombe sans craindre une détection rapide ».  L’un de ces auteurs a ensuite témoigné devant le Sénat américain du fait que « cet accord mettra l’imprimatur de la communauté internationale et des États-Unis d’Amérique sur un programme d’enrichissement à l’échelle industrielle qui fera de l’Iran – même si les limites négociées de l’enrichissement sont scrupuleusement respectées – un État nucléaire seuil lorsque les différentes dispositions expireront », notant, avec les anciens Secrétaires d’État américains Henry Kissinger et George Schultz, ainsi que plusieurs autres que « cet accord inverse presque 50 ans de politique américaine de non-prolifération ».

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est docteur en relations internationales, research professor à The Institute of World Politics, et professeur associé à Saint-Cyr.

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