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« Into the night », les Belges assurent

Une série belge de SF, ce n’était pas gagné. Et pourtant…


« Into the night », les Belges assurent
"Into the night" Photo: Netflix

Une série belge de SF, ce n’était pas gagné. Et pourtant…


La plateforme Netflix, les plus anciens verront peut-être de quoi je veux parler, me fait penser aux premiers vidéoclubs et à la sensation qu’on avait éprouvée alors : un vague égarement heureux devant la profusion de titres soudain disponibles. On louait deux ou trois cassettes pour le week-end, parfois plus, et on savait très bien qu’on n’aurait probablement pas le temps de tout voir, mais quelle importance, on savait que c’était désormais à notre disposition.

Je me promenais donc dans les rayons virtuels après avoir terminé la saison 3 d’Ozark qui m’avait un peu déçu alors que j’avais adoré les deux premières qui renouaient avec la vraie force des grands romans noirs : plonger des gens normaux dans un cauchemar. J’évitais la profusion des séries sur la sexualité des ados, même si elles sont parfois vives et drôles comme Sex Education. J’aurais bien choisi une bonne série de SF mais il faut reconnaître que là aussi, elles sont très majoritairement faites pour nos chers lycéens qui en sont les héros.

Une série surprenante

C’est alors que je suis tombé sur Into the night. C’est une série de SF belge. Dit comme ça, cela peut prêter à sourire. On aurait tort surtout que les séries françaises sur Netflix ne sont pas franchement convaincantes, et c’est un euphémisme, quand on songe à Marseille ou à Marianne.

Into the night est ce que j’ai vu de meilleur en matière de fictions post-apocalyptiques depuis un bon bout de temps. En six épisodes de 40 minutes, on retient son souffle difficilement. L’argument est simple : le soleil est devenu mortel. Ne me demandez pas comment, les explications ont l’air très convaincantes, mais je n’y ai rien compris et de toute manière, ce n’est pas très important.

Le soleil est devenu mortel, mais par cette nuit à l’aéroport de Zaventem, personne ne le sait encore. Des passagers s’apprêtent à prendre un vol Bruxelles-Moscou quand un soldat italien de l’Otan arrive paniqué, un fusil d’assaut dans les mains, force les premiers passagers à embarquer et le pilote à décoller après l’avoir blessé à la main.

À bord, on trouve une autre ancienne militaire en Afghanistan qui vient de perdre l’homme qu’elle aimait, une femme russe avec son enfant atteint de la mucoviscidose, un agent de sécurité vieillissant, catholique et célibataire qui partait en Russie pour chercher sa future épouse trouvée sur Internet, un mafieux turc même si on ne le sait pas tout de suite, un Musulman qui n’est pas islamiste mais qui est regardé avec circonspection (encore un euphémisme) par l’agent de sécurité, deux jeunes hommes sympathiques et une influenceuse sur Instagram qu’on a envie de gifler ainsi que le pilote avec des problèmes de couple.

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J’attends la saison 2

Le soldat de l’Otan qu’on prend pour un dingue explique qu’il faut voler vers l’Ouest et ne jamais retrouver le jour. Les quelques passagers sont assez vite convaincus quand les premières infos tombent sur les téléphones portables.

À partir de ce moment, les scénaristes s’en donnent à cœur joie. Un huis-clos à dix mille mètre d’altitude, la mort aux trousses, les inévitables tensions. Ce qui étonne le plus, c’est que sans forcer la note, et avec des dialogues plutôt bien écrits, il n’y a pas une longueur ou un moment où on n’y croit pas.

Les personnages prennent de plus en plus d’épaisseur et de complexité et, avec un sadisme consommé, les scénaristes n’hésitent pas à en sacrifier quelques-uns dont on pensait pourtant qu’ils joueraient un rôle essentiel. C’est toujours la même chose, comme dans Ozark : des gens qui nous ressemblent confrontés à un danger mortel et on se sent forcément concernés. Effet renforcé par une distribution où l’absence de stars donne à tous une égale importance.

On parle déjà d’une éventuelle saison 2 qu’une fin ouverte laisse possible. Parce que tout de même, tout ce petit monde-là ne va pas pouvoir passer sa vie dans un cockpit, même dans l’espace réservé aux premières classes où la distanciation sociale ne fait pas problème.

Il est vrai que le Covid n’est plus un souci quand le moindre rayon de soleil a sur vous les effets d’un four à micro onde et vous cuit de l’intérieur.

Sans brûler l’emballage.

«Into the Night», série belge de Jason George, avec Pauline Etienne, Laurent Capulleto, Stefano Cassetti… (6 épisodes d’environ 40 mn). Sur Netflix



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