Sans vachette, c’est non ! Plusieurs villes annoncent qu’elles boycotteront « Intervilles » dans sa version modernisée par Nagui. Beaucoup de Français sont nostalgiques de la France d’avant: cette petite polémique vient nous le rappeler.
La guerre de la vachette aura bien lieu et j’entends y prendre ma part. Comme vous le savez, Nagui sera aux commandes de la version relookée d’Intervilles, jeu créé par Guy Lux en 1962, qui sera diffusée sur France Télévisions en 2025. Mi-novembre, Nagui a annoncé la fin des vachettes : « Nous n’avons pas besoin de cela. Il n’y a plus d’animaux dans les émissions de télévision. Car on connaît leur sensibilité au bruit et à la foule, leur inconfort… Sans parler du risque de blessures pour les humains ». Révolte des villes taurines. Les maires de Dax, Bayonne ou Mont-de-Marsan annoncent qu’ils ne participeront pas à cet ersatz d’Intervilles. Une pétition circule. Le DJ Philippe Corti, qui a participé à l’émission comme animateur musical, refuse de reprendre du service sur ce plateau aseptisé.
Nagui n’en démord pas. Il compte apporter de la « modernité à cette grande kermesse avec diversité, parité et respect de tous les êtres ». Il y aura donc des bovins de mousse avec quelqu’un à l’intérieur. On ne maltraitera pas d’animaux mais des intermittents du spectacle. On respire.
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On dira que toute cette agitation pour un jeu télévisé est un peu excessive. Je ne crois pas. Derrière cette histoire de vachettes, il y a le mépris du bobo parisien, sûr de sa supériorité morale, qui vient expliquer aux « bouseux » qu’ils n’aiment pas leurs bêtes. C’est une totale méconnaissance des traditions locales. La course de vaches landaises, c’est une identité collective dans le Sud-Ouest, un fil qui relie les générations. Les grands esprits parisiens trouvent ça trop populaire, s’énerve Corti. « La vache landaise, elle est sauvage, joueuse, elle s’amuse et c’est typique d’une région, ces espèces vont disparaître à force de normes ! », s’agace-t-il.
L’affaire est aussi typique d’une écologie pour citadins peine-à-jouir. Tout divertissement collectif doit désormais satisfaire aux normes du politiquement correct. Le Tour de France est par exemple trop polluant, et les illuminations de Noël sont trop catholiques (souvenez-vous de la polémique à Nantes, avec Johanna Rolland). Les maires se sont fait une spécialité d’interdire ce qui fait plaisir au populo, en particulier quand ils sont écolos.
Quant à la télévision publique, on dirait vraiment qu’elle s’emploie à nous rééduquer. Au-delà des vachettes, Intervilles c’était bien sûr aussi la télévision d’une époque où des minorités wokisées n’imposaient pas leurs lubies à tout le monde. Alors, rendez-nous Guy Lux, rendez-nous cette France où l’on pouvait faire une blague sur les blondes sans être sanctionné par l’Arcom, et vive la vachette !
Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio
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